Les empreintes des Coupes du monde ou l’inégalité de traitement

Football

La Coupe du monde est déjà partout. Novembre 2022 semble être très proche pour la planète foot. Tous les joueurs des différentes catégories espèrent jouer un jour un Mondial. Un rêve d’enfant pour certains, mais la chose n’est pas aussi facile. Cette fois-ci, elle aura lieu au cœur de ce que l’on qualifie «le minuscule, mais très riche émirat gazier du Golfe» qui se prépare à accueillir un peu plus d’un million de supporters. Un chiffre qui s’ouvre à toutes concurrences des grandes compétitions mondiales en passant du football au tennis et à la Formule 1. Ce sont généralement ces sports qui drainent le fort taux de présence de supporters. Cette fois-ci la balle sera chez les Qataris qui auront à jouer plusieurs cartes dont l’une est la Coupe du monde, l’autre tout aussi importante est le tourisme. Deux destinations à l’occasion d’une compétition planétaire. Le Qatar est dans toutes les langues des milliards de supporters, les nations s’y préparent et en Afrique, c’est le nombre d’équipes qui sera engagé qui dérange.

L’incomparable comparaison
Avec environ un milliard d’habitants et 54 nations, l’Afrique n’a droit qu’à cinq représentants au Mondial de football. Un chiffre à comparer avec les 13 équipes qui représentent quelque 750 millions d’habitants et une cinquantaine d’Etats du continent européen. Qui impose une telle inégalité de traitement ? Mais, «organiser ce gigantesque rassemblement, avec ses centaines de milliers de fans, est de loin le plus grand défi de cette péninsule désertique de 2,7 millions d’habitants où ferveur et esprit de fête populaire sont rarement au rendez-vous», estime un confrère d’une presse étrangère. Toute l’Afrique condamne cette criante injustice, même si la CAF est née en 1957, en cette période plusieurs nations africaines qui n’étaient pas encore libérées du joug colonial, ce n’est que dans les années 60 que s’affichent les premières nations libres. Il a ensuite fallu monter les structures et les équipements sportifs avant de penser aux rencontres internationales. Mais aujourd’hui, qu’est-ce qui peut justifier cette différence de traitement ?

Qui fait la politique du foot mondial ?
«C’est un rapport de force au sein de la FIFA», explique Loïc Ravanel, universitaire et chercheur au CIES (Centre international de recherche sur le sport de l’Université de Neuchâtel en Suisse. «Au départ, les participations au Mondial se font sur invitation. Ensuite, il y a toujours eu un débat entre le désir de maintenir un certain niveau de jeu et une représentation territoriale plus équilibrée». Tout le monde sait que ce conflit est tranché par les puissantes fédérations européennes et sud-américaines qui font la politique du football mondial.

Une seule place pour un tiers
des équipes engagées
Rappelons à cet effet, et surtout pour l’histoire, que c’est en 1934, lors de la deuxième compétition mondiale, (la première a eu lieu en 1930 en Uruguay) que l’Afrique est représentée par l’Egypte. A l’époque, les participations se font sur invitation. Et entre 1934 et 1970 pas une seule équipe africaine n’a participé à une Coupe du monde. En 1958, «le Soudan a préféré déclarer forfait par solidarité aux pays arabes que d’aller battre Israël. En 1962, le Maroc a trébuché sur la dernière marche, battu par l’Espagne (0-1, 2-3). En 1966, la CAF boycotte l’épreuve afin de protester contre la suffisance de la FIFA : une seule place pour l’Angleterre à répartir entre l’Afrique, l’Asie et l’Océanie… soit une seule place pour un tiers des équipes engagées dans les éliminatoires», raconte Afrik-foot.

Les pays africains s’estiment
brimés par la FIFA
Effectivement, «fait sans précédent, on assiste au seul boycott continental dont les causes ne sont pas politiques mais sportives. Les pays africains s’estiment brimés par la FIFA qui ne leur concède qu’un seul qualifié, et encore, puisqu’il doit affronter dans un ultime éliminatoire un pays issu d’un autre groupe continental», avant la compétition de 1966, racontent Pascal Gillon et Loïc Ravenel. Il a fallu attendre 1966, où eu lieu la grosse polémique en Angleterre (lors de la finale). 1970, les nations africaines font surface, et ce, grâce à l’impulsion du président Ghanéen où l’on accorde, de 70 à 82, une place en phase finale pour l’Afrique, et les Africains n’avaient droit qu’à un seul représentant (sur les 16 finalistes). «Les équipes africaines n’ont jamais dépassé les quarts de finale», note Loïc Ravanel. Pourtant, «le football africain a su enthousiasmer la compétition à plusieurs reprises avec des équipes comme l’Algérie en 1982 (éliminée par un accord entre les équipes allemande et autrichienne) ou des personnalités comme Roger Milla (qui a enchanté le Cameroun en 1990)».

Synthèse de H. Hichem (à suivre)