«La réforme du professionnalisme vise à élever le niveau du football algérien»

Dr Yacine Benhamza :

La réforme du professionnalisme, décidée par la Fédération algérienne de football (FAF), a pour objectif notamment de hisser le football algérien, à quelques mois de la mise en application du cahier des charges, élaboré par la Confédération africaine (CAF), pour l’octroi de la licence professionnelle, a indiqué le vice-président de l’instance fédérale Dr Yacine Benhamza.

«L’objectif principal de la réforme du professionnalisme est d’élever le niveau du football algérien et surtout de réduire l’écart important entre les prestations de l’équipe nationale et le Championnat local. Ce n’est pas normal d’avoir une sélection de haut rang et un Championnat qui n’est pas au niveau souhaité», a déclaré à l’APS Benhmaza, également président de la commission du football professionnel.
Onze ans après l’instauration du professionnalisme en Algérie, dont le bilan est loin d’être reluisant, le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS) et la FAF ont créé une Commission mixte, chargée de l’évaluation de la situation du professionnalisme et des voies et moyens de sa réforme.
«L’objectif de cette commission est l’évaluation du professionnalisme en Algérie, onze ans après son lancement. Nous nous sommes aperçus qu’il était impossible de poursuivre sur la même voie, en décidant de réformer le professionnalisme et revenir à une vraie Ligue professionnelle.»
Croyant dur comme fer à cette réforme, tant souhaitée par l’ensemble de la famille du football national, le N.2 de la FAF estime que l’autre objectif vise à pourvoir la sélection nationale par des joueurs de cru.
«Plus on avance et on améliore les choses, plus on aura un bon Championnat qui donnera des joueurs à l’équipe nationale, c’est ça l’objectif fondamental. On ne peut pas former pour former seulement. Cette réforme est pour les clubs et avec les clubs, nous devons tous avancer pour le même but».

Une réforme en trois axes
Dr Yacine Benhamza est revenu sur l’adoption d’une Ligue 1 professionnelle à 16 clubs au lieu de 18, à partir de la saison 2022-2023, approuvée dimanche dernier à l’unanimité, lors de l’assemblée générale extraordinaire (AGEX), tenue à Alger.
«Nous avons hérité d’un système à 18 clubs, qui nous a poussé à le revoir, au vu de tout ce qui s’est passé la saison dernière, pour opter finalement pour une Ligue 1 à 16 clubs. Il ne s’agit nullement d’un changement radical, mais plutôt un retour à la normale. Jouer avec 20 ou 18 formations, est pratiquement ingérable, le calendrier était trop chargé. Ce n’était pas possible de continuer avec ce système, d’autant que cela mobilisait beaucoup d’argent et de logistiques, alors que les clubs sont confrontés, dans leur majorité, à une crise financière sans précédent».
Appelé à expliquer les principaux axes de cette réforme du professionnalisme, Benhamza a relevé l’importance primordiale d’assainir les dettes fiscales et parafiscales des clubs, condition sine qua non pour réussir cette réforme.
«Le gros problème que nous rencontrons actuellement est l’assainissement des dettes fiscales et parafiscales, car les montants sont énormes, les clubs sont dans l’impossibilité de les honorer. Nous avons besoin d’une décision politique. Il faut juste prendre l’exemple du DRB Tadjenanet, qui n’a pu payer ses dettes, et a fini par être rétrogradé de deux paliers, en raison de l’interdiction de recrutement infligée par la Fédération internationale (Fifa)».
Et d’enchaîner : «L’axe le plus important est le financement du professionnalisme, au-delà de ça, la gestion financière est comptable des clubs professionnels. Le temps où le club demande l’argent pour son fonctionnement est révolu. Quand nous parlons du professionnalisme, normalement cela sous-entend que chaque club doit se prendre charge, il ne doit pas attendre le budget de l’Etat. Il faut mettre en place les mécanismes adéquats. Dans cet esprit-là, il y a de nouvelles exigences, relatives au niveau de qualification, par exemple, du directeur général et du directeur financier, il faut que ceux qui gèrent les clubs aillent des qualifications requises, qui leur permettent d’exercer leur métier, sur tous les plans. Aujourd’hui, n’importe qui, fait n’importe quoi».
L’ancien président du MC Saïda (Ligue 2) a évoqué également l’axe relatif à la juridiction, englobant les textes, règlements, et décrets, dont l’objectif est «d’asseoir une nouvelle base juridique».
«Il faudra réadapter le mode du fonctionnement des clubs professionnels, avec un nouveau cahier des charges, une nouvelle réorganisation et structuration des clubs, pour asseoir une nouvelle base juridique, meilleure et plus performante. Ladite base existait déjà, mais son application laissait à désirer, en l’absence d’un vrai contrôle, ce qui a conduit à un pourrissement de la situation du professionnalisme en Algérie. Nous devons mettre en place des règles strictes, applicables pour tout le monde, afin de repartir sur des bases saines. Il y a une réflexion en faveur de la création d’un fonds unique, même si rien n’a encore été acté».
Le troisième axe évoqué par Dr Yacine Benhamza est celui des infrastructures : «La commission mixte a inspecté les stades des clubs engagés dans les compétitions africaine interclubs (Béchar, Tizi-Ouzou, Alger – 20-Août 1955 -, et Sétif). Il y a un programme qui consiste à visiter une douzaine d’enceintes, dans l’objectif de les homologuer. Il s’agit d’un volet algéro-algérien».

«L’équipe nationale
ne risque rien»
La création de cette commission mixte MJS – FAF «est un acte concret pour accompagner les clubs professionnels», en vue de la saison 2022-2023, «et la nécessité absolue de respecter le cahier des charges, élaboré par la Confédération africaine (CAF)».
«Il s’agit d’un véritable défi, d’autant que la licence professionnelle sera délivrée uniquement aux clubs qui remplissent toutes les conditions requises. La CAF sera intransigeante dans l’application de ce cahier des charges, dont la nécessité notamment est de n’avoir aucun centime de dette fiscale et parafiscale», a prévenu Benhamza.
Répondant aux spéculations, le vice-président de la FAF a tenu à préciser que l’équipe nationale ne risquait aucune sanction par l’instance continentale, dans le cas où la FAF se montrait passive dans l’octroi de la licence professionnelle
«Je tiens à préciser, qu’en cas de sanctions de la part de la CAF, pour passivité dans l’octroi de la licence professionnelle, l’équipe nationale ne risque rien. Les sanctions concerneraient uniquement la FAF, seront sous forme d’amendes ou de restrictions. La CAF a engagé un cabinet d’audit externe, qui aura la mission de vérifier à la loupe tous les documents nécessaires ayant trait à l’obtention de cette licence».
Avant de conclure : «La commission mixte est en train de travailler continuellement pour accompagner les clubs. J’espère que nos équipes puissent se soumettre à ce cahier des charges, en accomplissant des efforts dans ce sens. Certes, ce sera difficile pour nos clubs, mais nous espérons avoir le maximum de formations en Ligue 1 la saison prochaine. Avec l’apport de l’Etat, je pense que nous avons les moyens pour atteindre nos objectifs. Si on ne pourra pas avoir 16 clubs et on aura 14 grandes formations professionnelles, ce serait parfait. Si un club est recalé, ce ne sera ni la faute de la FAF ni celle du MJS, on fera tout pour aider et accompagner les clubs dans ce processus».

R. S.