Le nombre de biens culturels algériens porté à huit

Liste du patrimoine immatériel de l’Unesco

Le comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a approuvé mardi plusieurs demandes d’inscription sur la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité, a annoncé l’Unesco.

Avec l’inscription au nom de seize pays arabes de la calligraphie arabe et les connaissances compétences et pratiques qui y sont liées sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l`humanité par l’Unesco, l’Algérie porte à huit le nombre de biens culturels classés sur cette liste prestigieuse.
Le premier bien culturel inscrit par l’Algérie est l’Ahellil du Gourara, une poésie chantée et dansée pratiqué lors des cérémonies collectives et fêtes religieuses dans cette région du nord d’Adrar, proposé par le chercheur Rachid Bellil en 2008. En 2012, l’Algérie propose les rites et les savoir-faire artisanaux associés à la tradition du costume nuptial de Tlemcen qui sera suivi en 2013 par l’inscription du pèlerinage annuel au mausolée de Sidi Abd El Kader Ben Mohamed dit «Sidi Cheikh» par le chercheur Ahmed Ben Naoum. Cette même année l’Algérie a pris part à son premier dossier multinational pour inscrire les pratiques et savoirs liés à l’Imzad vielle monocorde ancestrale jouée et fabriquée exclusivement par les femmes touarègues en Algérie, au Mali et au Niger. Ce dossier a été coordonné par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (Cnrpah) et l’anthropologue Badi Dida. En 2014 c’est au tour de la cérémonie de la Sebeïba, qui se déroule chaque année dans l’oasis de Djanet, d’intégrer la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l`humanité avant que le chercheur Rachid Bellil reviennent à l’institution onusienne avec le classement du Sbouâ, pèlerinage annuel à la zaouïa de Sidi El Hadj Belkacem dans le Gourara en célébration du Mawlid Ennabaoui. Le ministère de la Culture avait également soumis le dossier de classement des savoirs et savoir-faire des mesureurs d’eau des foggaras du Touat-Tidikelt (région d’Adrar) et qui a été classé sur la liste du patrimoine immatériel nécessitant une sauvegarde urgente. En 2020, le couscous, les savoirs, savoir-faire et pratiques liés à sa production a également été inscrit au patrimoine immatériel de l’humanité au nom de l’Algérie, de la Tunisie, du Maroc et de la Mauritanie.

La calligraphie arabe patrimoine immatériel de l’humanité au nom de 16 pays
L’Unesco a intégré mardi «la calligraphie arabe et les connaissances compétences et pratiques» qui y sont liés à sa liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, un statut défendu par seize pays dont l’Algérie, permettant de préserver cette très ancienne pratique artistique largement répandue dans le monde arabo-musulman, annonce l’agence onusienne. La candidature multinationale a été présentée à l’Organisation de l’ONU pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), au nom de, outre l’Algérie, l’Arabie Saoudite, Bahreïn, Egypte, Iraq, Jordanie, Koweït, Liban, Mauritanie, Maroc, Oman, Palestine, Soudan, Tunisie, Emirats Arabes Unis et Yémen.
«La calligraphie arabe est la pratique artistique qui consiste à écrire à la main l’écriture arabe de manière fluide afin d’exprimer l’harmonie, la grâce et la beauté», a décrit l’agence onusienne. Dans la proposition de classement, le dossier comporte la multitude de styles de calligraphie dont les plus courants sont le Koufi, le Reqaa, le Naskhi, le Thukluth, le Diwani et le Maghrébi, et évoque également le «Calligrafitti» une expression artistique apparue récemment et introduisant la calligraphie dans des oeuvres artistiques. Abordant les efforts de préservation de cet élément, les pays soumissionnaires citent les différents musées dédiés à la calligraphie à l’instar du Musée de l’enluminure, de la miniature et de la calligraphie Mustapha-Pacha à Alger, le musée égyptien de la calligraphie arabe, ou encore le Musée d’art islamique de Kairouan en Tunisie. Le dossier de classement propose également des mesures de transmission comme l’intégration de la calligraphie arabe aux programmes scolaires et universitaire, l’élargissement des possibilités d’apprentissage, et l’organisation d’événements spécialisés. Les mesures de promotion prises par le passé sont également mises en avant à l’instar des aides financières de certains pays comme l’Algérie à la promotion locale et régionale de cet art, de l’effort de numérisation des manuscrits entrepris en Tunisie, ou encore le soutien de la calligraphie comme artisanat de développement durable en Palestine. Le comité a également inscrit la rumba congolaise, dossier présenté par le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville, les valeurs, connaissances, coutumes et pratiques du peuple Awajun (Pérou) liées à la poterie et l’art en plus de la pratique traditionnelle et de vol de faucons. La candidature de cette dernière, pratiquée depuis plus de 4.000 ans, est soumise au nom de plusieurs pays dont les Emirats arabes unis, l’Autriche et l’Arabie Saoudite.
Le Pasillo, un type de musique et de danse qui a émergé en Equateur au 19ème siècle pendant les guerres d’indépendance de l’Amérique du Sud, a également intégré la Liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité.
Le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel examinera 45 nouvelles demandes d’inscription sur la Liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité et 5 sur la Liste du patrimoine nécessitant une sauvegarde urgente.
Lae comité examinera également 5 propositions d’inscription au Registre de bonnes pratiques de sauvegarde. Le patrimoine culturel immatériel, ou «patrimoine vivant», est «un héritage de nos ancêtres que nous transmettons à nos descendants», définit l’Unesco. Il comprend «les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, les rituels et les événements festifs».
«Pour être définie comme un patrimoine culturel immatériel, une pratique culturelle doit être dynamique… Elle doit avoir un sens dans la vie des gens», selon Tim Curtis, le secrétaire de la convention de l’Unesco sur le sujet, adoptée en 2003.
R.C.