Témoins d’un patrimoine culturel et social

Exposition de photos de bijoux traditionnels à Constantine

Des photos, reproduction des célèbres toiles de Nasreddine Dinet, immortalisant les bijoux de la femme naili, et de M’hamed Issiakhem, captant l’orfèvrerie exceptionnelle des ornements dont se parent la femme algérienne, font l’objet d’une exposition ouverte au musée public national des arts et des expressions culturelles traditionnelles palais Ahmed-Bey de Constantine, témoin d’un patrimoine culturel et social qui remonte à la nuit des temps.
Ouverte depuis le 27 février dernier dans le cadre la célébration de la Journée arabe du patrimoine culturel et devant se poursuivre pendant une semaine, les photos regroupent une collection de parures représentatives de différentes régions d’Algérie et des livres rehaussés de belles illustrations retraçant l’histoire des bijoux traditionnels. Pour Ouafia Derouaz, directrice de la bibliothèque principale publique Mustapha Nettour qui participe à cette exposition avec un stand dédié aux livres évoquant les bijoux traditionnels, la photo demeure «un élément clé pour raconter les bijoux, relater l’histoire de leur évolution et leurs valeurs socio-culturelles et identitaires», citant la reproduction des toiles de Nasredine Dinet peignant la femme naili et les bijoux qu’elle porte. «Ces parures sont riches en enseignement, elles racontent une époque, une société, révèlent les métaux utilisés dans la fabrication des bijoux et authentifient le patrimoine culturel matériel de la région», a confié à l’APS Mme Derouaz. Et de poursuivre: «Ce genre d’exposition est une opportunité pour dépoussiérer l’histoire des bijoux traditionnels et créer autour de ces trésors une dynamique économique et culturelle et permet de se réapproprier notre histoire». Mme Derouaz a, dans ce sens, souligné que plusieurs livres et magazines, édités à l’occasion de grandes manifestations culturelles abritées par l’Algérie, ont retracé et illustré avec des photos ce patrimoine de bijoux qui reflète la profondeur de l’identité nationale et l’art de la fabrication de ces parures. Elle a également appelé à la numérisation de ce patrimoine comme «un moyen pour le préserver du vol, le pérenniser et le valoriser».

Sortir les bijoux des vitrines
des musées
L’histoire fantastique des parures et des bijoux des femmes d’Algérie est aussi racontée à travers les tableaux signés par les étudiants de l’Ecole régionale des beaux-arts qui participent en force à cette exposition. Se déclinant tantôt en noir et blanc, tantôt en couleurs, les toiles représentent une femme portant une boucle d’oreilles en louis, une autre portant gracieusement un khelkhal (anneau de cheville) à tête de serpent ou encore une troisième exhibant fièrement un skhab (un sautoir), perçant le secret de fabrication de ces bijoux et convoquant la mémoire collective dans un voyage passionnant tout en raffinement. «C’est important pour le musée public national des arts et des expressions culturelles traditionnelles de faire associer à chaque occasion l’Ecole régionale des beaux-arts pour faire ressortir nos expressions culturelles traditionnelles, de relier le passé au présent et d’attiser la curiosité du public pour venir découvrir toute manifestation organisée au sein du palais», a indiqué à l’APS, Meriem Guebailia, la directrice du musée.
Elle a également ajouté qu’à l’occasion, la salle du musée public national des arts et des expressions culturelles traditionnelles dédiée aux collections de bijoux remontant à différentes époques a été ouverte au public, appuyée par une vidéo sur la fabrication des bijoux, conçue par les cadres du musée.
«Ces pièces ethnographiques importantes entre bagues, colliers, bracelets et autres ornements en argent des périodes berbère et ottomane sont un livre ouvert sur un patrimoine culturel ancestral qui constitue un gisement d’idées et de détails qu’historiens, étudiants et artistes peuvent y puiser pour mettre en avant, chacun selon son inspiration, des chefs d’œuvres dans leurs spécialités», a-t-elle soutenu. La célébration de la Journée arabe du patrimoine culturel, placée cette année sous le thème «Les bijoux dans le patrimoine arabe», se poursuit au musée national des arts et des expressions culturelles traditionnelles palais Ahmed Bey avec au programme un atelier sur les bijoux traditionnels animé par les étudiants de la faculté de la culture et des arts de l’université Constantine-3. Des communications sont également au programme et portent sur l’histoire des bijoux et la sémiologie des habits, présentées respectivement par les universitaires Abdelkader Belarbi et Islam Ghedar de la faculté des sciences de l’information et de la communication de l’université Constantine-3.
R.C.