À son Excellence, le ministre de l’Agriculture

lettre ouverte

Votre Excellence, je suis un fellah, propriétaire d’une terre agricole qui m’est été attribuée dans le cadre de l’exploitation individuelle EAI, d’une superficie de 1,5 hectare à la commune de Boukhanefis wilaya de Sidi Bel Abbès depuis 1987. J’avais à cette époque 28 ans, moi qui suis né en 1959. Aujourd’hui je dépasse 62 ans. Ce qui donne 34 ans de souffrance, de lutte contre l’injustice et les supplices que cela induit, pour juste m’attribuer un passage qui existait avant quand la terre était la propriété du domaine agricole, et qui me permet de faire entrer des tracteurs ou tout autre engin pour labourer la terre, faire vivre ma famille et contribuer à la production de fruits et légumes et me rendre actif à la relance économique du pays.
Depuis le ministère, en passant par la direction de l’agriculture, l’office national des terres agricoles (ONTA), la direction du cadastre, jusqu’aux autorités locales (wali, chef de daïra de Sidi Ali Ben Youb, président de l’APC, mes requêtes ont franchit toutes les considérations, tout entendement. Des centaines de lettres sans qu’aucune suite ne m’était réservée. Un véritable handicape à toute forme de développement. Une bureaucratie chronique ancrée, qui va à l’encontre de la volonté du gouvernement qui incite et insiste sur la disposition d’être à l’écoute du citoyen afin de régler ses problèmes.
Les instructions arrivent du ministère de l’Agriculture, mais les enquêtes de la direction de l’Agriculture et celles de l’ONTA sont toujours mystérieusement faussées et détournées, me pénalisant de la sorte depuis une durée de plus de 34 longues années. Je suis étonné. Normalement, c’est deux entités sont censées protéger les biens du ministère dont-ils dépendent. La terre est la propriété du ministère de l’Agriculture. Moi, je ne suis qu’un exploitant dans le cadre de l’EAI. Je dois être normalement protégé par ce même ministère dans un but de m’encourager à bien exploiter la terre et la protéger de toutes formes d’agressions. L’accès que j’utilise depuis tout ce long temps pour exploiter ma terre est très dangereux. Il comporte une pente très raide, que les propriétaires de tracteurs craignent fortement, surtout en période de pluie, ou le sol devient glissant. Certains tracteurs ont failli se renverser. Pour les minimes fois où j’arrive quand même à dissuader un propriétaire de tracteur à venir labourer la terre, ça serait contre le double de ce que payent les autres. Monsieur le ministre, cette parcelle est mon seul moyen de vivre avec ma famille, ce qui m’a d’ailleurs obligé à ne jamais cessé de lutter et d’y croire malgré tout. Ce mois de janvier 2022, vos services au niveau du ministère de l’Agriculture ont instruit les services de l’ONTA de Sidi Bel Abbès, à la suite d’une énième requête, à enquêter et établir un rapport détaillé sur mon problème.
Et comme à chaque fois, l’enquête démarre mystérieusement de chez le chargé de l’urbanisme au niveau de la mairie. Je me demande ce que vient faire la mairie dans des biens agricoles ? Possible, parce que l’accès est mitoyen à une autre propriété de l’agriculture, annexe à celle de la mienne, qui fut détournée par la loi 15/08 au profit d’un « usager », et que l’agent de la mairie veut par tous les moyens cacher aux enquêteurs, pour des raisons, que seule une enquête sérieuse peut déterminer. D’ailleurs, votre Excellence, comment la parcelle a été régularisée par l’application de la loi 15/08 sans l’aval des services agricoles ?

Ce qui est étrange, légitime de ma part de le trouver ainsi après tout ce temps, c’est que ni la direction de l’agriculture ni l’ONTA ne défendent les biens du ministère dont-ils dépendent. Par défaut criard de plans dans ces services, l’agent chargé de l’urbanisme au niveau de l’APC arrive à leur dicter ce qu’il veut et oriente ainsi leurs enquêtes à son profit et pour ses intérêts personnels sournois.
Votre excellence, en vérité, le problème, ne devrait même pas existé. Demeurer tout ce long temps, alors c’est une calamité. La terre était la propriété du domaine agricole Rafih Miloud, ou je travaillais à plein temps. Initialement, la parcelle avait bien une entrée pour être exploité par le domaine dans des conditions des plus normaux, soudainement, elle devient inexistante et source de conflit entre moi et des voisins. L’absence de plans au cadastre, à la direction de l’agriculture et à l’ONTA est souvent source de conflit «gratuit» entre usagers devant les tribunaux. J’en fais partie. Votre excellence, je vous prie de prendre connaissance de ma dernière requête qui vous expose un chagrin qui dure depuis plus de 34 années. J’ai vieilli. Je n’ai plus la force ni le moral de continuer avec la même cadence cette lutte «légitime» qui dure et devient dure.
Mr : Toumi Sohbi
Rue de Bouchentouf Belhadj Boukghanefis