L’enfant chéri de Rouiba !

Hacène Chabri :

Hacène Chabri est un footballeur algérien qui a vu le jour dans la ville de Rouiba le 25 avril 1931, il est connu en France pour avoir porté les couleurs du Sporting de Toulon Var et de l’AS Monaco avant de fuguer pour rejoindre l’équipe du Front de libération nationale avec laquelle il a joué plus de 44 matchs. Il a actuellement 91 ans, il a porté les couleurs du WA Rouiba de 1953-1955 alors qu’il n’était âgé que de vingt-deux ans, il quitte le pays pour rejoindre le SC Toulon de 1955 à 1956, puis il rejoint l’ASM où il reste deux saisons de 1956-1957. Il fut contacté par le Front de libération nationale pour la composante de l’équipe de la liberté de 1958 à 1962 où il porte le maillot national de la noble cause avec à son actif 44 matchs dans les jambes, il n’a pas hésité un seul instant pour répondre présent à l’appel du devoir.
Hacène Chabri, une fois l’indépendance acquise, il prend la direction de Tunis, pays voisin et lieu de regroupement et du ralliement des joueurs professionnels en 1958, manière pour lui de se ressourcer et se rappeler les bons souvenirs du premier lieu qui avait réuni les professionnels footballeurs algériens pour la noble cause de l’Algérie libre et indépendante et où en fin de compte il signe une licence avec la formation du CS Hammam Lif en 1963 et restera jusqu’à 1966, Hacène Chabri jouera plus de 63 rencontres et marquera la bagatelle de onze buts. Hacène Chabri fait partie de la glorieuse formation de l’indépendance, celle que l’on surnomme l’équipe de la liberté et avec ses compatriotes footballeurs professionnels, il rentre dans l’histoire des hommes dignes de ce pays où figurent d’autres joueurs à l’image des Maouche Mohamed, des Abderahmanne Boubekeur, des frères Bouchache, des frères Soukhane, des frères Ibrir, Kermali Abdelhamid, Zouba Abdelhamid, Doudou et autres qui se sont joint à cette aventure nationale et patriotique en répondant présent à l’appel solonnel du Front de libération nationale afin que toutes les forces de l’Algérie se mobilisent pour libérer l’Algérie du joug colonial, et c’est en 1957 que le Front de libération nationale décide de mettre en place une formation de footballeurs composée strictement de joueurs professionnels et à l’automne 1957 après la bataille d’Alger, les dirigeants de l’époque sous la direction de Mohamed Boumezrag et Mohamed Allam décident de mettre en place, une équipe nationale algérienne de football afin de médiatiser la lutte de la libération de l’Algérie dans le monde. Ils ont compris que le sport pouvait être exploité pour contribuer, lui aussi, à jouer un rôle très important dans le cadre de la lutte pour l’indépendance totale de l’Algérie notamment via le football considéré comme un phénomène social et qui est le sport le plus populaire au monde et par conséquent, mobilisateur des masses. Cette idée des plus intelligentes était judicieuse à plus d’un titre du fait notamment que de nombreux joueurs algériens considérés comme de purs talents évoluaient à cette époque-là dans de grands clubs en France. Une idée unique en son genre pour un combat nationaliste. Hacène Chabri, l’enfant terrible du tout Rouiba a commencé à taper sur un ballon très jeune, il a signé une licence au WA Rouiba et sa présence était indispensable au sein de cette formation, c’était un joueur qui savait diriger à bon escient et donner l’exemple quand il le fallait dans le compartiment offensif que celui de la défensif avec laquelle, il se montrait très adroit ; ses tribulations ont fait de lui la coqueluche du tout Rouiba malgré la présence de talentueux footballeurs car balle au pied, Hacène Chabri était un véritable feu follet qui savait tout faire avec un ballon. Hacène Chabri est le plus méconnu de tous avec les Khaldi Hammadi du stade Tunisien, c’est un footballeur qui a eu des difficultés pour passer la frontière, il a été inculpé d’atteinte à la Sûreté extérieure de l’Etat, il avait été appréhendé à la frontière franco-italienne à Menton et puis avait été transféré à Marseille pour y être inculpé d’atteinte à la Sûreté extérieure de l’Etat. Hacène Chabri avait été interpellé au moment de son passage en Italie par le service des renseignements «section frontière» en vertu d’un ordre qui vise les ressortissants d’Afrique du Nord se rendant à l’étranger, son arrestation survint après celle de Mohamed Maouche. Les trente-deux footballeurs de l’équipe de la liberté étaient des sportifs professionnels algériens dont quelques uns faisaient partie de la selection A, d’autres de la selection B, certains ont joué pour la France lors des Mondiaux de la Coupe du monde à l’image de Abdelaziz Bentifour, Brahimi Said, Rachid Mekhloufi sélectionné pour la Coupe du monde de 1958 et qui avait remporté le championnat du monde militaire : ils ont quitté la France pour répondre à l’appel de l’Algérie combattante. Cinq sélectionnés de France sont arrivés à Tunis, il s’agit des Bentifour (international A et B) Abderahmanne Boubekeur (international militaire et B) de l’AS Monaco, Mustapha Zitouni (international A AS Monaco) Lakhdar Bekhloufi (Monaco) et aussi Amar Rouai du SC Angers.
Au lendemain où la France faisait à leur peuple et à leur patrie une guerre sans merci, ils se refusaient d’apporter au sport français un concours dont l’importance est universellement reconnue. Comme tous les Algériens, ils ont eu à souffrir du climat raciste anti nord Africain et anti musulman qui s’est rapidement développé en France au point de s’installer dans les stades. Hacène Chabri, l’enfant chéri de Rouiba coéquipier de la formation du FLN, en patriote conséquent, plaçant l’indépendance de leur patrie au dessus de tout ont tenu à donner à la jeunesse algérienne d’Algérie et partout dans le monde une preuve de courage, de droiture et de désintéressement. Au sein de la formation de l’équipe de l’indépendance Hacène Chabri était un vrai milieu de terrain, l’un des meilleurs, un pur, on l’a qualifié de toutes les appellations qu’un footballeur artiste peut avoir, c’était le sorcier du ballon, le romantique de la ville de Rouiba et celui qui lui sied le mieux, c’est le fait que la population de Rouiba, la génération actuelle ne connaisse rien de lui, ils ne savent pas qu’ils ont l’honneur de posséder un authentique footballeur, un moudjahid de la première qui a tout abandonné, argent et carrière pour l’indépendance de l’Algérie. Les anciens qui ont eu la possibilité de le voir jouer se rappellent ses exploits techniques. Pour l’histoire Hacène Chabri demeure dans la mémoire de tous les Algériens d’avoir été un nationaliste, un patriote pour la noble cause.
Kouider Djouab