Paiement électronique en Algérie, un travail de longue haleine

Le délai de la mise en place de ce système prolongé au 31 décembre 2023

Tous les agents économiques devront accélérer leur transformation numérique et proposer à leurs clients un moyen de paiement électronique. L’Etat a prolongé le délai de la mise en place de ces instruments de paiement électronique au 31 décembre 2023, selon le texte de la loi de Finances complémentaire (LFC), publiée jeudi dernier sur le Journal officiel (JO). « Tout agent économique devra mettre à la disposition du consommateur des instruments de paiement électronique, pour lui permettre, à sa demande, de régler le montant de ses achats à travers son compte bancaire ou postal dûment domicilié au niveau d’une banque agréée ou Algérie Poste «, stipule la loi, précisant que « les agents économiques doivent se conformer aux dispositions du présent article, au plus tard, le 31 décembre 2023 «.
Tous les professionnels doivent en effet s’équiper en terminal de paiement électronique et demander une carte de domiciliation bancaire. Les autorités leurs accordent ainsi un délai supplémentaire de plus d’un an. Cette mesure devrait encourager la bancarisation des fonds de l’informel et inciterait progressivement à la formalisation de l’économie informelle dans le pays.
L’Etat vise à travers cette mesure capter l’argent de l’informel qui circule hors circuit bancaire dont la valeur ne cesse d’augmenter. Dans un rapport publié en 2020 sur l’état de la situation monétaire dans le pays, la Banque d’Algérie a révélé une hausse significative de la masse monétaire circulant en dehors du circuit bancaire, dépassant les 6.000 milliards de dinars à la fin de l’année 2020, enregistrant une hausse de 34%. Ce qui est énorme pour un pays qui souffre depuis des années d’une crise financière profonde. Toutes les tentatives des autorités pour récupérer l’argent du secteur informel étaient vaines. Il a dû solliciter des experts du Fonds monétaire international (FMI) pour étudier et examiner ce marché afin de trouver des solutions. L’information a été donnée par le média Echorouk online «, il y a plusieurs jours.
Des analystes financiers algériens et universitaires ont déjà analysé ce marché et son évolution au fil des ans et ont même formulé des propositions pour éradiquer l’informel financier et commercial. Le paiement électronique devrait aider à réduire la circulation de l’argent liquide et asseoir plus de transparence. Certains pays développés interdisent progressivement l’utilisation du cash, encourageant la numérisation totale de leur économie, allant jusqu’à la digitalisation monétaire. C’est un défi que l’Algérie doit relever pour réussir sa transformation économique et rattraper le retard pris dans le domaine des nouvelles technologies. C’est un travail de longue haleine. Concernant l’acquisition des instruments de paiement en ligne, la LFC 2022 a noté que « cette disposition ne se limite pas aux TPE et couvre tout instrument de paiement électronique, y compris le m-paiement «.
« Une mesure permettant de transformer les créances détenues par les banques sur les entreprises en titres négociables «, a aussi été introduite dans ce texte de loi.
L’obligation et la généralisation du paiement électronique protégerait aussi le consommateur de la fraude et l’escroquerie, notamment avec la prolifération du commerce informel en ligne. Ce dernier prend des proportions importantes profitant du vide juridique de cette activité pour prospérer. Un autre fléau auquel les autorités doivent s’attaquer.
D’où l’importance du suivi et du contrôle de la mise en œuvre de ces nouvelles mesures contenues dans la LFC 2022.
L’Etat a réaffirmé sa détermination « à poursuivre ses efforts pour la préservation du pouvoir d’achat des citoyens «. Les agents économiques et les citoyens doivent se familiariser avec ce mode de paiement et réapprendre à faire confiance aux établissements financiers et aux banques dans le pays. C’est aussi important.
Autre mesure prise par l’Etat pour lutter contre la spéculation et la pénurie des matières premières et produits de base, concerne la filiale des céréales sous pression depuis le début de la crise géopolitique en Europe.
En vertu de la LFC 2022, « les céréaliculteurs bénéficiant du soutien de l’Etat doivent vendre l’intégralité de leurs productions à l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) «, affirmant que « les modalités d’application de cette nouvelle disposition seront fixées par voie réglementaire, ajoute le même texte «.
Samira Takharboucht