Un fermier risque d’être expulsé d’une ferme qu’il occupe depuis 55 ans

Sidi Bel-Abbès

Lairej Aek, son frère cadet et son fils, mariés et pères de famille, occupent tous les trois une ferme qui a depuis toujours portée le nom de son propriétaire Atia « ferme de Atia ». Atia c’est le prénom de leur défunt père venu en nomade depuis bien avant l’indépendance, et qui prenait comme domicile avec sa famille une tente d’infortune jusqu’à l’indépendance. Aussitôt, les terres ont été distribuées aux domaines agricoles, la ferme s’est trouvée automatiquement au milieu de cette terre, mais aucune autorité ni autre personne n’est venue déranger «Ami» Atia, Une fois bien installé, le vieux Atia avec sa famille nombreuse, décide de s’installer définitivement, et une ferme émergea au milieu de nul part. Une demeure pour la famille, des hangars, des écuries et des enclos pour les bêtes. Elle servait et sert d’abri au milieu de nulle part, aucun voisin aux alentours, alors que la commune n’était qu’une simple bourgade d’une petite population. L’élevage d’ovins et bovins et production de lait était et sont leur unique activité et seule source de subsistance. Cette famille témoigne avec douleur, avoir enduré beaucoup d’obstacles depuis toute cette durée, à un malheur complexe indescriptible pendant toute une vie. Ceux d’avant l’indépendance et ceux d’après. Le terrorisme en faisait partie. Les terres agricoles qui les entouraient étaient encore exploitées par le domaine, pas encore attribuées dans le cadre de l’exploitation agricole collective (EAC). Jamais ils n’ont été persécutés ou dérangés. En 1987, date de reconversion des terres en une EAC, après 20, un groupe de bénéficiaire de cette procédure est venu, et encore jamais de problème, jusqu’en 2022. Un temps qui dépasse 55 années.
La famille de Lairej Aek, son frère et son fils n’ont jamais été effleuré par une quelconque idée d’être un jour dérangés, jusqu’au décès d’un membre du groupe en 2021.
Les héritiers sont venus leur apprendre après 55 longues années qu’ils sont sur leur parcelle de terre en application de la décision d’exploitation délivrée en 1987. Un coup de marteau sur la tête. « Comment est-ce arrivé ? », se demandent-ils étonné. Ils n’ont été ni avisés ni exclus pour chercher une autre vie ailleurs, ni sollicités pour un quelconque arrangement. Pourtant, c’est des citoyens algériens, des acteurs productifs, des éleveurs avérés d’ovins et bovins que l’Etat encourage et défend pour booster le développement économique du pays. Lairej Aek lance un appel au nouveau wali pour se pencher sur son cas, devenu sensible et critique, vu qu’il constitue sa source unique de subsistance en tant qu’éleveur de bétail.

Djillali Toumi