L’actrice italienne Gina Lollobrigida tire sa révérence

Cinéma

Gina Lollobrigida, icône du cinéma après-guerre à Hollywood et inoubliable Esmeralda dans Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy aux côtés d’Anthony Quinn, est morte ce lundi 16 janvier à l’âge de 95 ans. Élue actrice mondiale préférée en 1961 par le Golden Globe, elle a son Étoile sur le Walk of Fame depuis 2018 à Hollywood. Lors de l’annonce de son décès, le ministre italien de la Culture, Gennaro Sagiuliano, a tweeté : « Adieu à une diva du grand écran, protagoniste de plus d’un demi-siècle d’histoire du cinéma italien. Son charme est éternel. Ciao Lollo ». Gina Lollobrigida a joué avec les plus grands acteurs, d’Anthony Quinn à Yul Brynner, et tourné avec les plus grands réalisateurs : Jean Delannoy, René Clair, Orson Welles, John Hutson et Vittorio De Sica, Jerzy Skolimowski, jusqu’à Agnès Varda pour laquelle elle incarne la fée du cinéma dans Les Cent et Une Nuits en 1995.

Le tournant
Au début de sa carrière, elle aura tout essayé pour échapper à ses origines modestes. Née le 4 juillet 1927 à Subiaco, petit village au cœur des Abruzzes, au centre de l’Italie, sous le nom de Luigina Lollobrigida, elle est la fille d’un ouvrier, mais cherche rapidement la lumière. D’abord étudiante à Rome, à l’Académie des Beaux-Arts, elle joue aussi du théâtre et participe à des concours de beauté. À l’âge de 24 ans, elle arrive troisième au concours de Miss Italie. C’est avec un roman-photo, où elle se cachait derrière un pseudonyme, qu’elle perce pour la première fois au milieu du cinéma, mais reste d’abord cantonnée aux rôles secondaires. Son mariage avec le médecin Milko Skofic sera un tournant de sa vie privée et professionnelle. Son époux se reconvertit pour devenir l’impresario à succès de sa femme. Le premier grand rôle sera confié à Gina Lollobrigida en 1952 par un réalisateur français, Christian-Jaque. Fanfan la Tulipe, film de cape et d’épée avec Gérard Philipe en vedette et grand succès populaire, constitue sa première interprétation très remarquée. Dans la même année, elle enchaîne avec Les Belles de nuit de René Clair. Par la suite s’ouvre un véritable boulevard cinématographique devant elle. Deux ans après, elle reçoit sa première distinction en tant qu’actrice, le Ruban d’agent de la meilleure actrice principale pour Pain, Amour et Fantaisie de Luigi Comencini. Elle sera La Belle Romaine de Luigi Zampa, La Belle des belles de Robert Z. Leonard, et interprète avec une intensité incroyable Esmeralda, entre ange gardien et femme fatale, tenant tête même à Anthony Quinn dans son rôle de Quasimodo.
Devenue un sex-symbol et icône hollywoodienne, elle donne la réplique à Humphrey Bogart dans Plus fort que le diable de John Huston. Sans oublier son rôle dans Trapèze du réalisateur britannique Carol Reed, avec Burt Lancaster et Tony Curtis, ou son apparition aux côtés de Frank Sinatra et Steve McQueen dans La Proie des vautours, en 1959.

ncursion en politique
Au début des années 1960, son étoile commence à pâlir. Malgré des distributions prestigieuses, par exemple avec Rock Hudson, Jean-Paul Belmondo, Sean Connery ou Jean-Louis-Trintignant, ses films ne séduisent plus autant de spectateurs comme avant. En 1968, elle décide de changer de direction. Elle divorce et se tourne vers la photographie avant d’arrêter complètement avec le cinéma en 1973. Malgré cela, elle est toujours restée dans les cœurs des spectateurs, grâce à ses anciens films, mais aussi grâce à ses apparitions dans des téléfilms, dont plusieurs épisodes de Falcon Crest, série américaine à succès planétaire pendant les années 1980.
À la fin de sa vie, elle a même essayé d’entrer en politique. D’abord en acceptant en 1999 de devenir ambassadrice de bonne volonté pour l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, puis en tentant (en vain) de devenir députée européenne sur la liste d’Antonio Di Pietro, l’ex-magistrat anticorruption. Mais l’essentiel pour elle, c’était surtout de retourner à son premier amour, les beaux-arts. Avant de se fracturer le fémur en tombant à son domicile romain en septembre dernier, elle a pratiqué les dernières décennies assidument la photographie et la sculpture.
S.F.