Tebboune lance un ultimatum aux détenteurs de l’argent informel

Découverte de 500 Mds de centimes dissimulés dans un foyer

« Je lance un dernier appel à ceux qui ont accumulé de l’argent dans leurs foyers pour qu’ils le déposent dans les banques », a averti, jeudi dernier, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, les personnes qui refusent la bancarisation et qui dissimulent leur argent chez aux, révélant, à l’occasion, que « les autorités ont découvert chez une seule famille une somme
de 500 milliards de centimes cachés chez elle ».

C’est un crime contre l’économie nationale. Un crime puni par la loi. Et, le chef de l’Etat est déterminé à mettre un terme à de telles pratiques et n’entend pas lâcher du lest, en ordonnant, dans un dernier appel lancé lors de la rencontre Gouvernement-walis, aux « détenteurs de l’argent caché à l’injecter dans l’économie nationale et à les déposer auprès des banques ».
Après trois ans à tenter de convaincre les acteurs du secteur de l’informel à bancariser leur argent et à régulariser leur situation vis-à-vis des services fiscaux, le Président Tebboune hausse le ton et lance un ultimatum aux agents de l’informel pour régulariser et fiscaliser leurs activités et bancariser leurs argents. Il mène depuis son intonisation une grande lutte contre l’argent sale, et s’est engagé à « opérer une rupture définitive avec la dilapidation des deniers publics et la domination de l’argent sale dont certains résidus continuent à alimenter les foyers de résistance au changement », a-t-il déclaré lors d’une entrevue périodique accordées aux médias nationaux au mois de décembre 2022.

Tebboune met en garde contre toute atteinte à l’économie nationale
La lutte a apporté ses fruits a-t-il fait savoir, assurant, toutefois, que l’Etat ne ménagera aucun effort pour mettre un terme aux crimes financiers et au marché informel qui ont siphonné les caisses de l’Etat et briser l’économie nationale, depuis des décennies.
Il bataille, ces trois dernières années, pour la récupération de l’argent détournés vers l’étranger et a réussi à recouvrer « 20 milliards de dollars à l’intérieur du pays », a-t-il indiqué, expliquant que « les fonds thésaurisés feront l’objet d’une autre issue ».
« Des sommes faramineuses ont été détournées (à l’étranger) en 10 à 12 ans », a-t-il ajouté. Le processus de récupération et de rapatriement de cet argent est lent et complexe, mais l’Etat s’est donné les moyens nécessaires pour accélérer son recouvrement. Au niveau national, la lutte contre les acteurs du marché informel n’est pas si différente.
La masse monétaire qui circule hors le circuit bancaire dépasse les 90 milliards de dollars, ce qui encourage la fraude fiscale, le blanchiment d’argent et le transfert de l’argent vers l’étranger alors que cet argent devrait être injecté dans les banques et réorienté vers le développement économique, l’investissement. Pour capter l’argent informel, le Président Tebboune somme depuis des mois le Gouvernement pour accélérer la modernisation et la digitalisation du système bancaire, mais aussi l’adoption des services de la finance islamique par l’ensemble des banques nationales à travers le territoire national.
C’est de la responsabilité collective de lutter contre ce phénomène pour protéger l’économie nationale et le citoyen contre les effets de ces pratiques illégales, à savoir l’inflation galopante et la spéculation. « L’année 2023 sera celle du renforcement des acquis et de l’amélioration des conditions de vie du citoyen qui demeure en tête de nos priorités », a souligné le chef de l’Etat lors de la rencontre Gouvernement-walis, rappelant que « l’Etat a accordé de nombreuses garanties pour protéger le citoyen et l’économie nationale ».
Il a évoqué l’importance de déploiement par les banques de la finance islamique, et l’urgence d’accélérer la digitalisation du système bancaire et le processus de modernisation des systèmes de paiement.
Le secteur bancaire est en pleine révolution, le Gouvernement et la Banque d’Algérie (BA) réfléchissent à l’adoption de la monnaie numérique, ce qui signifie la fin de l’utilisation de l’argent comptant et de l’informel financier. La numérisation du système bancaire et le déploiement des paiements électroniques, plus sécurisés, signeraient aussi la réduction et même la fin de l’utilisation du cash et renforceraient la traçabilité des opérations financières.
Pour lutter contre toute forme de crime financier et l’informel, l’Etat a élaboré, avec les services compétents, un projet de loi sur la prévention et la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, débattu récemment par les députés au Parlement. La Loi relative à la monnaie et au crédit est aussi amendée et devrait « renforcer la gouvernance du système bancaire, la Banque d’Algérie en tête, et à améliorer sa transparence, tout en conférant au Conseil de la monnaie et du crédit (CMC) de nouvelles prérogatives ». « Une commission nationale de payement chargée de l’élaboration du projet de Stratégie nationale de développement des moyens de payement scripturaux et du suivi de son exécution, et ce, après approbation des pouvoirs publics, en vue de renforcer les transactions bancaires et l’inclusion financière », sera créé dans le cadre de cette loi, avait indiqué, au mois de décembre le chef du Gouvernement, Aïmene Benabderrahmane. L’Etat criminalise et pénalise les crimes financiers et promet désormais de sévir contre les acteurs de l’informel qui s’opposent, en dépit de toutes les garanties offertes par les autorités, à la bancarisation de leurs argents. Ils sont avertis.
Samira Takharboucht