La formidable épopée de l’Equipe du FLN…

Avril 1958 – avril 2020

Avril 1958 – avril 2020. L’histoire du football algérien a bien commencé un avril 1958, et on se demande souvent s’il faut remonter le lien historique ou s’il faut lire, voir ou écouter les anciens, ceux qui ont vécu ces moments historiques du football algérien. Et ce pour mieux comprendre, et surtout pour vous faire vivre les glorieuses étapes de l’équipe nationale de football  dans le développement de ce sport, nous avons cru bon de réfléchir à ce qui donnera envie de lire, de comprendre et d’écrire ensuite ce qui permettrait à la génération de découvrir, comprendre afin d’apprendre des choses sur la naissance de cette glorieuse équipe nationale, parce qu’une bonne école, c’est celle qui laisse ses empreintes toute la vie.

Le lecteur à la recherche de ce qui caractérisa l’histoire de l’EN-FLN notera qu’en 1958, à la veille de la Coupe du monde qui avait eu lieu en Suède, l’équipe de France évoluera sans les joueurs franco-algériens évoluant dans les plus grands clubs français, dont l’arrière central de Monaco, Mustapha Zitouni, et l’étoile montante du football français de l’époque, Rachid Mekhloufi. Les Bleus finirent par ramasser 5 contre 2 devant le Brésil. Les Franco-algériens ont fait défection puisqu’ils ont rejoint Tunis où ils formèrent l’équipe de football du FLN. Ils réussirent, depuis, à écrire les plus belles pages de l’histoire du football algérien.
Tout remonte au 12 avril 1958, soit deux mois avant le début du tournoi mondial, du 12 au 14 avril 1958, période à laquelle les Algériens quittèrent clandestinement la France pour former en Tunisie l’équipe du Front de libération nationale. Le 1er novembre 54, le FLN déclencha la guerre de libération. Cette équipe clandestine interdite par la FIFA, servira jusqu’en 1962 de porte-voix au Gouvernement provisoire algérien (ce n’est que lorsque l’Algérie acquiert l’indépendance, le 5 juillet 1962, au terme de huit ans de guerre sanglante, que la FIFA reconnaît l’équipe du FLN, devenant sélection nationale). Les autorités françaises obtiennent la non-reconnaissance de cette équipe par la FIFA, qui menace de sanctions ceux qui l’affrontent. Malgré cette interdiction, le Onze de l’indépendance disputera plus de 80 matches, en particulier dans le monde arabe mais aussi au Vietnam, en passant par la Yougoslavie, la Chine et la Roumanie.
«On jouait les matches, presque en cachette. L’équipe était merveilleuse et nous faisions de très bons résultats», se rappelle Rachid Mekhloufi. Le premier match contre le Maroc s’est d’ailleurs soldé par une victoire du FLN 2-0. Il faut dire que le sélectionneur Mohamed Boumezrag, directeur de la sous-division régionale algérienne de la Fédération française de football (FFF) a choisi scrupuleusement ses recrues pour toucher un public aussi large que possible. Aux côtés de Rachid Mekhloufi, les gardiens Abderrahmane Boubekeur (AS Monaco) et Abderrahman Ibrir (Olympique de Marseille), le défenseur Mustapha Zitouni (AS Monaco) ou encore l’attaquant Saïd Brahimi (FC Toulouse) faisaient partie des joueurs les plus talentueux.

«La France, c’est vous»
Après avoir remporté quatre championnats de France, Mekhloufi recevait la fameuse coupe de France, en 1968, des mains mêmes du général de Gaulle. «La France, c’est vous», a-t-il alors lancé aux joueurs, symboliquement, pour les féliciter.
A Paris, l’équipe de France affronta le 7 octobre 1954, une sélection d’Afrique du Nord. Les recettes de la rencontre versées en aides aux familles sinistrées par le séisme en Algérie. «La rencontre face aux Nord-africains était perçue par les médias français comme une séance d’entraînement. L’équipe nationale était composée de Mustapha Zitouni, Abdelaziz Benteifour, Mokhtar Aribi, Abderrahmane Boubekeur, Abderrahamane Meftah, Rachid Belaid et Saïd Haddad, les Marocains Abderrahmane Mahdjoub, Mohamed Abderrazak et Salem Benmiloud ainsi que le Tunisien Kacem Hassouna. La fin de la rencontre se termina par une victoire des Nord-africains (3-2).
Les joueurs algériens du championnat français quittèrent, comme rappelait plus haut, l’Hexagone à travers l’Italie et la Suisse pour rejoindre le siège du FLN à Tunis. Le journal L’Equipe avait relaté leur évasion spectaculaire, celle des Abderrahmane Boubekeur et Kadour Bekhloufi (Monaco), Moahamed Maouche (Reims), Ammar Rouai (Anger), Abdelhamid Bouchouk et Said Brahimi (Toulouse) et Abdelhamid Kermali (Lyon). La police est parvenue par contre à arrêter deux joueurs : Hassan Charbi et Mohamed Maouche. Ils écopent d’une année de prison chacun et n’ont donc pu rejoindre le groupe que plus tard. L’histoire est aussi celle des autres faits et victoires qui ont amplement rempli les pages de l’histoire du football algérien, ce même football qui a puisé sa force de l’expérience et du savoir-faire de ses anciennes gloires, à l’image de Rachid Makhloufi qui a conduit l’Algérie à sa première Coupe du monde en 1982 en Espagne. Il a contribué à la formation du trio Lakhdar Belloumi, Salah Assad et Rabah Madjer, auteurs d’une victoire historique contre la RFA. Abdelhamid Kermali, lui ancien de l’équipe du FLN, offre en, tant qu’entraîneur, à l’Algérie sa première Coupe d’Afrique des nations en 1990. Djamel Belmadi a expliqué que ses joueurs ont, en partie, été transcendés par les valeurs portées par l’équipe du FLN et qu’il a pris soin, avec son staff, de leur inculquer. «C’était le 8 septembre 2018, lors de la première prise de contact avec les joueurs. Après le diner, on a assisté à un reportage spécial équipe du FLN, nos libérateurs, version football.
Et évidemment on s’en est totalement mais totalement inspiré», a raconté le technicien pour le magazine Botola. «On avait décelé chez les joueurs et c’était à mes yeux un des principaux problèmes : un investissement à géométrie variable. Un point sur lequel il fallait insister à mon sens. Leurs réactions étaient multiples, mais tous découvraient la fabuleuse histoire de l’équipe du FLN» et d’ajouter «avril 1958 (date de création de l’équipe du FLN) a été notre top départ et nous avons construit autour de cette date. Pour ce qui est des similitudes entre ces deux équipes, je dirais que nous avons essayé de mettre en place les valeurs, telles que la motivation, la combativité, l’investissement de groupe, l’unité, la famille» et enfin de conclure «dire que durant la CAN nous en avons parlé, serait mentir. Tout a été fait au début avec des rappels, lorsque le besoin se faisait sentir. Les joueurs ont plus qu’assimilé, je pense qu’il fallait juste leur faire apprécier le fond, et évidement la forme de l’histoire et l’équipe du FLN». Nous reviendrons sur les principaux témoignages des anciens joueurs ayant été témoins de l’évolution du football algérien.
I. Hichem