Djamel Belmadi, le surprenant champion d’Afrique

L’EN

Le magazine «France-Football» a consacré une rétrospective de Djamel Belmadi, dans lequel on a fait parler des anciens coéquipiers et des joueurs qui ont notamment travaillé sous ses ordres depuis qu’il est le sélectionneur des Verts.

Tous ceux-là racontent sa personnalité et leurs souvenirs avec l’actuel entraîneur de l’équipe nationale. Des pages du magazine de «France Football» ont été consacrées aux joueurs algériens, champions d’Afrique 2019. Selon les avis des joueurs qui se sont exprimés, le sélectionneur des Verts, Djamel Belmadi est un Monsieur qui prend à bras le corps son équipe, qui veut se démarquer de ce qui se faisait auparavant. Changer de style de communication, développer des stratégies séduisantes à même de «construire» une grande faille engagée d’où la réussite du pari : «La Coupe d’Afrique» ce titre de champion d’Afrique est sa plus grosse surprise pour lui, ses hommes et à l’Algérie. Le premier à livrer ses sentiments est Andy Delort (attaquant algérien de Montpellier), convaincu, déclarait-il par la personnalité de Belmadi, «je connaissais peu de lui mais l’homme avant la CAN, je ne le connaissais pas. On ne m’avait dit que du bien de lui, sans plus. La première fois qu’il m’a appelé, j’avais le stress». Un stress qui collera à la peau, notamment lorsqu’il était appelé à fouler le stade égyptien avec les couleurs de l’Equipe nationale. Il a encore des frissons quant il évoque sa première mise en relation avec Belmadi «je tremblais. C’était quelque chose de nouveau pour moi. C’était très touchant. Je n’oublierai jamais cet appel. J’ai eu un discours sincère de sa part. J’ai rarement vu un entraîneur qui arrive à être, à la fois sévère et proche des joueurs». Heureux, il n’oubliera jamais cet appel, et cette écoute d’un Belmadi qui n’invente absolument rien dans sa communication. Il est tel qu’il est, et c’est certainement ce style qu’il a même avec ses proches qui fait de lui l’homme qu’il faut à cette sélection qui se remet sur les rails après plusieurs déraillements. C’est ce qui fait dire à Delort, «ce qui m’a aussi marqué, c’est qu’au dernier moment, contre la Côte d’Ivoire en quart de finale de la CAN, il me fait entrer pour les coups francs et les tirs au but. Et ça, il l’avait dit «tu verras, tu auras un rôle à jouer, et avant de me lancer il m’ajouta, vas y, c’est maintenant». Dans la même édition, c’est Brahim Hemdani, ancien international algérien et ex-coéquipier de Djamel Belmadi à l’OM qui s’est exprimé. On retrouve le même discours, la même impression et surtout la même connotation «un homme avec des principes et des valeurs. Il est entier, il déteste l’injustice». «Un mal que connaissaient beaucoup de joueurs qui n’avaient pas cette chance de porter le maillot national d’Algérie pour diverses raisons, où seule l’histoire relate lorsqu’elle est sollicitée à bien des occasions. Ce qui séduit les joueurs ? Les joueurs le disent ‘vous ne risquez pas d’être pris à défaut dans le dos’. Sa carrière n’a pas été un fleuve tranquille. Pour lui, porter le maillot national, est un honneur, c’est sacré, c’est un privilège». Enfin, il ne manquera pas de reconnaître, en toute conscience, que «les Algériens ont cette image. C’est quelqu’un qui s’est donné pour l’Equipe nationale lorsqu’il a été intronisé sélectionneur national, les joueurs ont eu ce ressenti-là». Enfin, le joueur Mehdi Jean-Tahrat, défenseur central, évoluant à l’Abha Club en Arabie Saoudite, lui ne pouvait cacher ce plaisir de jouer sous la coupe de Belmadi. Qu’il apprécie le plus, il le qualifie d’homme authentique, et aux nombreuses qualités dont ce côté «ultra- rigoureux». Il dit admirer cette façon de toucher le ballon qu’il a avant chaque séance d’entraînement, comme s’il s’agissait d’un dialogue qu’il engage avec la balle. Mais ils savent aussi, qu’avec Belmadi «tellement exigeant dans le travail qu’il ne faudrait surtout pas rigoler…» et d’ajouter «il a un vrai esprit de compétiteur, il n’aime pas perdre, il vous donne l’impression d’être un grand frère sur le plan relationnel, mais qui garde, en même temps, une certaine proximité professionnelle et une rigueur dans le travail». Tous reconnaissent qu’il n’est pas réservé au contraire, communiquer avec lui est plutôt une occasion de comprendre ce qu’est la discipline dans le football, et pourquoi faut-il se sentir responsable de ce qui peut se produire après le coup de sifflet final. «Pendant la CAN, ça ne rigole pas, c’est quelqu’un de totalement diffèrent». Il raconte «face au Nigeria en demi-finale, alors que Ryad Mahrez s’apprêtait à exécuter son coup franc victorieux, il nous disait ‘il va le mettre, c’est sûr’ et il a eu raison, c’était dans les filets. Je vous dis que c’est quelqu’un de profondément humain».

Qu’en pensent de lui Traoré et Bisevac
Dame Traoré, joueur évoluant à Al Rayyan au poste de défenseur affirme, «je l’ai connu en tant que pote quand il était joueur, et au Qatar il est devenu mon entraîneur (rires). C’était plutôt à moi de m’adapter à cette situation. Lui a toujours été le même. Il m’a aidé à m’intégrer, et je l’ai aidé aussi. Mais il a toujours eu ce petit truc pour la communication. Pour lui, le plus important, c’est l’humain. Il sait ce qu’il est capable de faire avec ce qu’il a entre les mains. Et mentalement, avec lui, on était préparé. Dès qu’il a pris l’équipe, on a gagné le championnat deux fois d’affilée. Il sait ce qu’il veut. Avant de faire quelque chose, il a déjà tout étudié, il sait comment ça va se passer. Quand il vient, il nous expose directement son projet, et il faut le suivre, c’est tout». Belmadi a surpris plus d’un et ne cessera pas de surprendre encore les Algériens. Pour sa part, Milan Bisevac un ancien coéquipier à Valencienne avouera «Belmadi est quelqu’un de très respectueux. À Valenciennes, il accueillait bien les nouveaux joueurs, donc on avait un grand respect pour lui. Dans le football moderne, la communication, c’est hyper important, mais lui a toujours été comme ça. Il était proche des joueurs. Il parlait peu, mais quand il le faisait, tout le monde l’écoutait. C’était simple, discipliné et sérieux. Il savait exactement ce qu’il devait dire, quand, pourquoi, à qui et comment. Il savait que tout se passait dans le vestiaire, qu’avec ça on pouvait avoir des résultats».
H. Hichem