Les efforts de paix freinés par la pandémie de coronavirus

Afrique

Les efforts de prévention des conflits et de médiation en Afrique sont affectés par la pandémie du nouveau coronavirus, retardant la mise en œuvre des accords de paix en République Centrafrique et les négociations de paix au Soudan et en Libye, a déclaré le Commissaire à la paix et à la sécurité (CPS) de l’Union africaine, Smail Chergui. Dans une tribune intitulée «paix et sécurité dans le contexte du Covid 19», rendue publique samedi, Chergui ne cache pas son inquiétude face aux répercussions qu’entraîne cette pandémie sur le rétablissement de la paix dans le continent. «Alors que l’épidémie du Covid-19 suit son cours en Afrique, les efforts de prévention des conflits et de médiation ont été affectés. Le nouveau coronavirus a retardé la mise en œuvre des accords de paix essentiels et entravé nos efforts de médiation au niveau local», écrit le chef du CPS de l’UA.
Les gouvernements de transition récemment établis au Soudan et au Soudan du Sud ont «besoin d’une solide médiation et d’un soutien diplomatique en plus d’un soutien économique», mais ces efforts ont été entravés par la pandémie du Covid-19, relève-t-il. Le Commissaire relève qu’au moment où le continent fait face à cette crise sanitaire sans précédent, des terroristes et des groupes armés «profitent de cette conjoncture pour multiplier leurs attaques contre les soldats de la paix et les civils». «Alors que la propagation du terrorisme et de l’extrémisme dans le continent est inquiétante, il est encore plus préoccupant de voir des groupes terroristes tirer profit de l’épidémie de coronavirus pour diffuser des informations erronées et utiliser diverses plateformes de médias sociaux pour faire propager des idéologies extrémistes et favoriser le recrutement», s’inquiète le chef du CPS. Il note que ces incursions terroristes se poursuivent dans le contexte des défis auxquels sont confrontées les opérations de maintien de la paix déployées dans le continent.
A titre préventif, des opérations essentielles ont été retardées ou annulées à mesure que des forces militaires et de police sont mises en quarantaine. Selon Chergui, ces mesures de prévention retarderont probablement les opérations offensives indispensables au moment où les forces mobiles sont contraintes de maintenir des positions défensives plus longtemps que prévu. En outre, les forces de sécurité à travers le continent sont débordées. Celles chargées de prendre des mesures antiterroristes cruciales sont désormais redéployées pour faire appliquer les mesures gouvernementales sur le confinement, le couvre-feu et la sécurité des frontières. Au nombre des défis à relever, Chergui mentionne les ressources limitées allouées à la prévention et à la lutte contre l’extrémisme violent et qui sont actuellement réorientées vers l’acquisition des fournitures médicales.

La lutte contre le terrorisme est inébranlable
Résolument déterminé, le chef du CPS estime qu’en dépit de ces défis, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme «est inébranlable», se déclarant «convaincu» que cette lutte se poursuivra. Outre le maintien du soutien apporté aux missions ainsi qu’au gouvernement et peuple somaliens pour faire face à cette épidémie, la Commission de l’UA poursuit activement la mise en œuvre de la décision de la 792e Assemblée de soutenir la lutte contre le terrorisme au Sahel par le biais de consultations pour le déploiement éventuel de 3 000 soldats dans la région. En parallèle, le CPS a adopté une nouvelle méthode de travail pour demeurer saisi des efforts continus de la Commission tout en fournissant les orientations et les cadres politiques indispensables afin de mieux répondre aux défis de sécurité et à l’impact de cette pandémie, poursuit-il.
R. I.