Il serait préférable que «le port du masque devienne obligatoire», selon Benbouzid

La cohabitation avec le Coronavirus risque de durer longtemps

«Les Algériens vont vivre encore longtemps avec ce nouveau coronavirus et la situation peut perdurer plus », a reconnu le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abderrahmane Benbouzid, lors de son intervention sur les ondes de la radio nationale, Chaîne I. Bien que la situation soit «sous contrôle», le ministre n’exclut pas une seconde vague en raison du relâchement des citoyens et la résistance du virus, tout en étant sceptique quant à la disparition de l’épidémie avec l’arrivée des grandes chaleurs.

Dans ce cas, le port du masque serait l’unique solution et pourrait devenir obligatoire, en l’absence de vaccin. « Je souhaite que le port du masque devienne aussi obligatoire que la ceinture de sécurité, avec une pénalité contre tout contrevenant », a-t-il déclaré. Pour rappel, le ministre de la Santé avait déjà prévenu sur les conséquences du relâchement des citoyens et de l’abandon ou négligence des gestes barrières contre le Covid-19. Plusieurs jours après sa mise en garde suite aux bousculades des consommateurs constatées devant les commerces autorisés à rouvrir la semaine dernière, avant que les autorités ne décident de les refermer à nouveau en raison de l’indiscipline de nombreuses personnes. En dépit de ces comportements isolés, le ministre de la Santé a estimé, toutefois qu’« après deux mois de confinement, les Algériens ont dépassé le stade de la psychose et de la peur », déplorant et dénonçant l’insouciance encore des citoyens qui « ne croient pas du tout au Coronavirus, malgré le nombre de morts et de cas positifs en Algérie et dans le monde ».
Depuis le début de l’épidémie qui a causé la contamination de plus de 4.800 personnes dont 450 décès, le Pr Benbouzid multiplie les déclarations et les sorties sur le terrain afin de tenir informé l’opinion publique de l’évolution de l’épidémie sur le territoire national. Il tente de rassurer de la « stabilité et la maîtrise » de la situation, tout en sensibilisant les citoyens sur la nécessité de se conformer aux mesures de sécurité et de prévention contre le Covid-19, étant l’unique moyen de lutte disponible actuellement. Le contrôle de la situation est dû à l’efficacité du traitement utilisé actuellement et qui a permis de réduire le nombre de décès et l’augmentation de celui des cas guéris. « Bien que la situation soit sous contrôle, elle reste néanmoins préoccupante, à cause du nombre de cas positifs qui continue d’augmenter», a-t-il souligné, expliquant cette hausse de cas de contamination par « l’existence des porteurs positifs qui s’ignorent et qui ne se rendent pas dans les structures hospitalières pour se faire dépister».
Toute personne qui suspecte l’existence d’un des symptômes du Coronavirus devra se faire dépister afin d’éviter de contaminer les autres, ce qui est faisable maintenant avec « l’ouverture de nombreux centres de dépistages dans plusieurs wilayas, contrairement aux premières semaines de la pandémie où toutes les analyses se faisaient à l’Institut Pasteur d’Alger », a-t-il indiqué, tout en réitérant la nécessité de respecter les mesures de sécurité, notamment, la distanciation physique et le port du masque. Ce dernier pourrait devenir une obligation pour les citoyens dans l’avenir, a fait savoir le ministre qui prévient qu’ « en l’absence d’un vaccin, les Algériens, comme toutes les autres populations du monde, doivent se préparer à cohabiter encore longtemps avec le Coronavirus».
Il n’exclut pas le déclenchement d’une deuxième vague de contamination en raison de l’absence de vaccin et le retour progressif à l’activité économique. « On ne sait pas s’il y aura une seconde vague », a indiqué le Pr Benbouzid qui renvoie cette incertitude au manque de données de plus en plus variable selon l’évolution de la pandémie, ce qui explique que «même les experts ne sont pas en mesure d’avancer une quelconque prévision». Réagissant à la polémique de la disparition spontanée de la pandémie avec l’apparition des grandes chaleurs, le ministre de la Santé s’est montré dubitatif, évoquant l’exemple de l’Arabie saoudite et des Emirats où le nombre de contamination est en évolution. « Quand on observe la situation en Arabie saoudite, aux Emirat où il fait déjà très chaud, avec des cas positifs de plus en plus nombreux, la corrélation entre la chaleur et la pandémie n’est pas évidente ».
Samira Takharboucht