Les sports collectifs et individuels dans les couloirs de l’optimisme ?

Incontestablement, le football fait de l’ombre aux autres disciplines. Presque personne ou très peu n’en parle ou évoque ces disciplines qui se bagarrent pour se frayer un chemin dans ce monde médiatique. Vrai ou faux, le débat peut être ouvert. Pourquoi pas ?

Une occasion d’évoquer ces sports collectifs. Pourtant, la part imprévisible du sport, la fidélité aux clubs et la présence de stars constituent un ensemble irrésistible qui permet de battre des records d’audience et de séduire les annonceurs. Aujourd’hui, explique un expert de «valeur sportif», seul le sport professionnel, les diverses disciplines sportives sont très inégalement représentées dans les médias. La seule et unique raison est que la situation du football est exceptionnelle et domine l’ensemble des espaces d’information et de communication. Des émissions de télés et même de radios n’existeraient que pour le football, la médiatisation de ces autres disciplines sportives progressent souvent dans le silence, pas toutes, bien évidemment leur tentative à séduire ne s’affiche qu’à des occasions, compétitions internationales et même nationales, ou alors lorsque leurs bilans déçoivent. Voilà, pourquoi les maigres recettes qu’elles tirent de leurs droits audiovisuels sont sans commune mesure avec celles du football. Cette analyse s’impose d’elle même au regard de ce qui est consacré à ces sports.
«Si l’on dit qu’il n’y a pas de sports sans médias, c’est parce que le média privilégié qu’est la télévision joue un rôle de promotion et de publicité en faveur du sport, attirant vers ce dernier un public très important». Voilà une parfaite image incontestée, mais est-ce le cas pour les autres disciplines ? Combien sont-ils aujourd’hui à évoquer avec exactitude ce qui fait bouger ces disciplines ? Comment évoluent-elles ? Dans quelles conditions préparent-elles leurs compétitions internationales ou encore leurs championnats nationaux ? Dans quelles conditions évoluent ces équipes, ont-elles des infrastructures, des projets sportifs ? Notre confrère d’El Moudjahid, dans son édition de décembre 2018, tirait déjà la sonnette d’alarme. «L’Algérie est un pays de sport et possède également de grands champions. Aussi loin que l’on s’en souvient, lorsque nos athlètes participaient, il y avait pratiquement le succès au bout et on montait généralement sur la plus haute marche du podium. Ce n’est pas un ‘conte’ à narrer aux enfants.
Bien au contraire, on s’est illustré aux Jeux méditerranéens, aussi bien ceux d’Alger en 1975, de Split en 1979, de Casablanca en 1987, Athènes en 1991, Bari en 1997, Tunis en 2001 et bien d’autres manifestations sportives majeures de par le monde». Il faut dire qu’à côté du football, la complémentarité joue aussi dans l’autre sens. La retransmission des manifestations sportives les plus importantes amènent beaucoup d’audience, qui à son tour attire les annonceurs publicitaires, donc des recettes vers les chaînes de télévision. Un expert fera remarquer que «face aux médias, le sportif est considéré comme une vedette, comme une star. Cette ‘starification’ pèse aussi sur le mental du sportif qui doit répondre aux attentes de son public, des sponsors ou faire des apparitions sur des plateaux de télévision». Sauf que cette pression varie selon l’enjeu économique des sports. La médiatisation entraîne des conséquences telles que le coût des salaires, le prix des transferts et le budget des clubs. Le cercle économique engendré par la médiatisation du sport connaît alors des dérives importantes liées à ce qu’on pourrait appeler le «sport business».
Sur l’ensemble de l’apport des entreprises au sport, les entreprises de médias représentent un faible pourcentage. «Ainsi pour la plupart des sports professionnels, les médias et la télévision en particulier sont devenus la première source de revenu, ceci devant les spectateurs et devant les sponsors. Une étude statistique sur les championnats de football des principaux pays européens a constaté un déséquilibre financier entre les clubs, qui se traduit ensuite par un déséquilibre compétitif. Les clubs les plus riches deviennent évidemment les plus performants, leurs capacités financières leur permettant d’attirer les meilleurs joueurs, sur un marché aujourd’hui européen. Tout cela a bien entendu des incidences. On peut ainsi craindre une perte d’intérêt pour les championnats, si les titres ne se jouent qu’entre quatre ou cinq clubs». L’ex-championne olympique du 1 500 m et chef de la délégation algérienne aux JM-2018, Hassiba Boulmerka, avait bien résumé l’état du sport national, en estimant que les résultats obtenus par les athlètes en 2018 reflètent «la réalité du terrain». «Nous avons les talents. Nous avons la pâte pour former des athlètes capables de rivaliser avec les meilleurs au monde, mais c’est le même problème qui dure depuis des années. Il faut changer de mentalité et se remettre au travail car il n’y a que ça qui compte», avait-elle déclaré.
Il faudrait aussi rappeler que l’Algérie au 18es Jeux méditerranéens 2018 à Tarragone (Espagne), a été classée 15e avec un total de 13 médailles dont deux en or, et n’a donc pas su rééditer les résultats réalisés lors de la précédente édition en Turquie, enregistre un net recul par rapport aux autres pays du bassin méditerranéen. Forte d’une délégation de 233 athlètes engagés dans 24 disciplines, l’Algérie a réalisé l’une de ses plus mauvaises prestations aux JM, ce qui devrait pousser les responsables du sport national à réfléchir à une nouvelle stratégie de développement et mettre les moyens à la disposition des athlètes en prévision des prochaines compétitions internationales dont les JM-2021 à Oran. Hassiba Boulmerka a estimé que «le sport national a touché le fond» à Tarragone. L’actuel ministre de la Jeunesse et des Sport porte en lui des changements qui redonneront à ces disciplines toute leur légitimité et leur force sur les terrains internationaux. L’optimisme est aux portes de ces sports collectifs.
H. Hichem