La pandémie coûtera jusqu’à 2 millions d’emplois en Afrique

Impact du Covid-19 sur le tourisme

Le secteur du tourisme a été pris de plein fouet par la pandémie du Covid-19 qui coûtera jusqu’à deux millions d’emplois directs et indirects au continent africain et a déjà engendré des pertes en revenus annuels à des destinations touristiques en Europe, selon des chiffres officiels.

Les Nations unies estiment que la pandémie du Covid-19 coûtera jusqu’à 2 millions d’emplois directs et indirects dans le secteur du tourisme au continent africain, de nombreux pays faisant état d’une forte perte de recettes globales, la plupart d’entre eux dépendant fortement des voyageurs internationaux. Le tourisme devrait accuser une perte de 75% en 2020, selon la Fédération régionale des entreprises du voyage. Des destinations populaires comme l’Afrique du Sud ont choisi de repousser leur date de réouverture au début de l’année 2021. «En Afrique du Sud, on s’attend à ce que le tourisme intérieur et les voyages d’affaires soient les principaux moteurs de la reprise, suivis par les voyages régionaux et internationaux (long-courriers)», selon le ministère du Tourisme. Des pays tels que l’Ouganda, l’île Maurice et les Seychelles ont également annoncé qu’ils n’ouvriraient pas encore, tandis que d’autres, comme le Maroc et la Tunisie, ont déclaré qu’ils rouvriraient leurs portes aux voyageurs internationaux en juillet.
Le tourisme tunisien, à titre d’exemple, a été «lourdement» impacté par la crise du coronavirus. Le ministre du Tourisme et de l’Artisanat s’attend à 6 milliards de dinars de pertes et confirme que l’impact de l’épidémie de coronavirus s’annonce très sévère. En baisse de 27% à la date du 10 mai 2020, de 36 % à fin mai et de 38% à la date du 10 juin, les recettes touristiques poursuivent leur régression sous l’effet de la crise du coronavirus, selon les données mises à jour par la Banque Centrale de Tunisie (BCT), publiées le 24 juin. Les recettes touristiques ont chuté de 43%, à la date du 20 juin 2020, par rapport à la même période de l’année dernière. Elles sont estimées à 1 milliard de dinars, selon les plus récents indicateurs monétaires et financiers de la BCT. Au Maroc voisin, le secteur du tourisme risque de perdre 80 milliards de DH de recettes en devises. Et certains professionnels, cités par des médias locaux, craignent que la saison ne soit déjà compromise.

L’Europe durement touchée, des pertes en revenus pour la France
En Europe, les prévisions pour la France, du président de la Fédération régionale des entreprises du voyage sont très pessimistes pour le secteur du tourisme. Il évoque une perte de chiffres d’affaires de 75% sur toute l’année 2020. Il n’y a quasiment plus de réservations dans les agences de voyage en raison de la crise sanitaire. Le secteur du tourisme sera l’un des plus impactés par la crise du Covid-19. C’est désormais une confirmation depuis l’annonce, le 17 juin, du numéro 1 mondial du tourisme TUI de supprimer deux tiers de ses effectifs (583 postes) en France et de se séparer de toutes ses agences de voyage. Yvon Peltanche, le président en région Centre-Val de Loire de la Fédération des entreprises du voyage, a des prévisions très pessimistes pour le secteur du tourisme, que ce soit tourisme de loisirs ou d’affaires. Il évoque une perte de chiffre d’affaires de 75% sur toute l’année 2020.
En Espagne, l’une des destinations touristiques les plus prisées, l’île d’Ibiza, de l’archipel des Baléares, souffre de la crise liée au Covid-19, constate le quotidien espagnol El Mundo dans un reportage publié le 18 juin. «La paralysie de la vie nocturne a privé de revenus 371 entreprises qui apportaient directement ou indirectement environ 770 millions d’euros, et qui fournissaient du travail à 35 % de l’île». En outre, beaucoup de saisonniers n’ont pas reçu de paie depuis octobre 2019, et la prochaine risque de ne tomber qu’en avril 2021, ajoute le journal. Le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a cependant avancé la réouverture des frontières, initialement prévue le 1er juillet, au 21 juin, provoquant un regain d’espoir pour les hôteliers de l’île.

Effets psychologiques sur les individus et les familles
En attendant que les sociologues des loisirs décryptent la situation du tourisme post-coronavirus dans le monde, avec ses effets psychologiques sur les individus et les familles, et qu’ils identifient les nouveaux modes de consommation des loisirs, certains experts affirment que le tourisme doit être désormais globalement repensé en tenant compte notamment des critères de santé. Tous les pays s’attèlent d’ores et déjà à mettre en place des mesures préventives et sanitaires draconiennes en partenariat avec les acteurs du tourisme. Des mesures de distanciation seront appliquées dans les moyens de transports (principalement dans l’aérien), les hôtels-cafés-restaurants cafés, les lieux de villégiatures, les musées, les centres commerciaux, les site patrimoniaux. Les hôtels devront s’adapter en réduisant les capacités de charge afin de respecter les indispensables gestes barrières.
Les organisations internationales et régionales, les corporations et autres ONG devront aussi identifier les nouvelles tendances et les motivations qui régiront le tourisme, les loisirs et les voyages de demain. Il s’agira de construire un modèle bâti sur des choix, des goûts, et des pratiques inédites jusqu’à présent, selon les spécialistes du secteur. Malgré son poids dans l’économie mondiale (plus de 1.350 milliards de dollars de chiffre d’affaires), le tourisme devra se «réinventer» en tenant compte de comportements plus soucieux du bien-être personnel et des questions sociales et écologiques. Les actions à mener seront multiformes. Elles toucheront à la fois les activités proprement touristiques mais également celles liées à l’industrie des loisirs, précise-t-on.
R. I.