Pas de professionnalisme sans licences des clubs

Football

Autrement dit, «les clubs algériens étaient menacés d’être exclus des compétitions continentales après cette date». Cette problématique est devenue, au fil du temps, plus qu’une urgence pour le football algérien, dont le championnat national n’arrive toujours pas à convaincre les techniciens.

Un confrère de la rédaction sportive du journal Le Soir d’Algérie s’est interrogé, le 9 mai 2016 «mais comment réussir ce professionnalisme sans infrastructures sportives ? Les années passent, le volet professionnel ne figure que sur les tablettes des dirigeants, sans plus. La théorie envoie la pratique en pâture. 2016, les hommes des clubs résistent, tournent le dos à cette nouvelle ère que l’on veut leur faire imposer… Ils considèrent le club de football professionnel comme leur propriété privée, leur domaine, leur région, leur monde, leur «reich». Ils passent leur temps à bavarder de «leur club», pour ne presque rien dire ou, en gros, pour dire toujours la même chose : «Démissionner pour rester». Pour le rédacteur «des dirigeants qui préfèrent gagner sans honneur que perdre noblement. Cette manière d’envisager le football professionnel est un signe de pourrissement du Mouvement sportif national, en tant que système des sports». Ce n’est en tout cas pas les réactions des patrons de l’instance nationale de football qui feront taire les commentaires de ceux qui pensent que le football professionnel est en retard par rapport à ce qu’il doit être. Au moment où la production confirme qu’elle est une action marchande spécifique qui vise à produire des futurs footballeurs professionnels afin que le club puisse multiplier les bénéfices. Ce n’est certes pas la fin, le football il lui faut encore beaucoup d’énergie, pour continuer à réjouir ses supporters sans recommencer à les décevoir. Dans une interview accordée au journal El Watan le 21 janvier 1997, l’international Nacer Guedioura évoquait ces questions qui perturbent la mutation de ce sport-roi en déclarant «ceux qui sont venus aux affaires du football non pour donner mais pour prendre, non pour être les chevilles ouvrières de l’ombre mais pour se faire un nom et se faire ouvrir les portes pour l’on ne sait pour quels desseins obscures». Au début de son interview, il évoquait la place que pouvait occuper la formation «on a perdu nos repères, le club, qui est la cellule de base de toute ébauche en faveur du développement du football, ne joue plus son rôle de creuset de formation et d’éducation, l’athlète qui œuvre en son sein n’a plus de repères… Il grandit avec des formations qu’il va perpétuer durant toute sa carrière». Dans une autre interview accordée au quotidien Horizon, le 5 juillet 2007, l’international Guedioura qualifiait ce sport à son époque «comme attractif et surtout plus éducatif. Aujourd’hui (2007), les mentalités ont changé en raison de l’intrusion d’un grand nombre de dirigeants qui sont carrément étrangers au football et qui étaient sans scrupules». A la question de savoir quel remède il faudrait prescrire pour sauver le football, Guedioura dira sans détour «qu’il revient aux footballeurs de se mobiliser pour une refondation qu’il ne toucherait pas uniquement les joueurs et les entraîneurs, mais aussi tous les autres aspects, recruteurs, managers, directeurs sportifs, administrateurs… C’est la seule manière d’éloigner les trabendistes, de tous bords, ceux-là mêmes qui ont clochardisé notre football». Une autre référence nous vient de Mahmoud Guendouz, ex-international du NAHD, lequel dans une interview accordée au journal L’Echo en 2013, disait «quand le démarrage d’un projet est faux, il est automatiquement voué à l’échec. Cela est le cas pour le professionnalisme. On l’a donné à des personnes qui ne s’y connaissent pas. C’est vraiment du n’importe quoi. On continue à bricoler et cela ne mènera nulle part». L’international Fodhil Megharia pour sa part, affirmait «l’une des raisons qui fait que le professionnalisme tarde à réussir, c’est qu’il ait été imposé par la FIFA et ne résulte pas du choix libre des pouvoirs publics. Ce que je ne comprends pas, c’est que les responsables algériens savaient depuis 2005 que cela allait entrer en vigueur dès 2010, mais personne n’a bougé pour préparer le terrain». C’est aussi l’avis de Azzedine Rahim, ancien international de l’USMA, au journal L’Echo «on ne connaît le professionnalisme que de nom. Il nous faudra dix ans au minimum pour pouvoir faire les constats et bilans.» On se trouve donc dans un marché économique footballistique concurrentiel qui connaît des périodes d’échanges de joueurs plus ou moins florissantes. Ce système se situe dans un contexte de libre concurrence plus ou moins réglementé à l’échelle internationale. Les Etats doivent être les garants du marché. Les règles de concurrence doivent permettre à de nouveaux clubs professionnels d’intégrer librement le marché et de venir concurrencer les clubs professionnels déjà en place. Enfin, il faut savoir qu’un club sportif n’est pas une entreprise comme une autre, sa culture interne repose sur des valeurs sportives particulières, ses résultats sont plus aléatoires que dans les autres secteurs et il doit s’entendre avec ses concurrents, faute de quoi son marché tend à disparaître. Pour Mohammed Mechrara tout est simple, mais difficile à la fois, tout en étant réalisable, le championnat on ne peut parler de professionnalisme que lorsque tous les clubs disposent de licences professionnelles, c’est aussi simple que ça.
H. Hichem