La notion de valeurs spirituelles n’existe plus

Boumerdès

Depuis pas mal d’années, la ville de Bordj Menaïel est devenue une localité sans âme. Pourquoi un tel constat amer qui n’honore en aucun cas les habitants de cette ville ? La réponse est simple : la génération actuelle n’a pas pu remplacer les anciens partis vers l’au-delà qui eux étaient une source de référence positive à tous les niveaux, que ce soit dans l’éducation, la franchise, la transparence, la bonne parole, l’hospitalité, l’aide aux plus démunis.

La génération actuelle se caractérise par des appétits voraces qu’elle satisfait en concourant aux pertes de valeurs essentielles de toute société qui veut avancer (sens de la famille, entraide, valeur du travail, honnêteté, probité, sens de l’honneur. Tout cela s’est perdu au fil du temps, laissant la place à la loi de la jungle, c’est-à-dire à la loi du plus fort ou du plus riche, Bordj Menaïel a perdu son âme (rouh) quelque part en cours de route dans une course vers le profit effréné, qui a enfanté des groupes d’intérêts. Pour cela, il suffit d’aller faire un tour dans certains cafés de la ville pour admirer un décor hideux et où les gens sont devenus plus matérialistes que jamais, animant des discussions qui n’honorent en aucun cas les personnages. La population souffre de l’incompétence des hommes qui occupent le devant de la scène actuellement. Ils sont bien loin d’égaler ceux qui nous ont quittés, ceux-la mêmes qui étaient la fierté de la ville des Coquelicots. C’étaient des hommes au vrai sens du mot, qui avaient vécu avec des principes fondamentaux basés sur le respect, l’amour du prochain, l’éducation, l’amour du pays et la religion. Ils étaient et demeurent l’image de marque de la ville de Bordj Menaïel. Ils ne font plus partie de ce monde, ces figures emblématiques et respectueuses à travers lesquelles de vastes périodes de l’histoire de leur vie et de leur passage sur cette terre peuvent être retracées. Ils étaient et demeureront la fierté de la ville pour l’éternité.
Que l’on nous excuse si on a omis d’en citer quelques autres, car tous ceux qui ont côtoyé ces personnages les décrivent comme d’honnêtes citoyens, des sages et des érudits avec des qualités d’intelligence, qui leur ont permis de s’acquitter à merveille de leur rôle de responsable de famille, d’avoir su gérer convenablement leur foyer en «bons pères de famille». La population de Bordj Menaïel leur reconnaît le legs d’un bien très précieux, à savoir la bonne éducation, le savoir-faire, l’Islam et le respect d’autrui. Beaucoup de choses ont été dites sur eux et sur leur sérieux. Ils aimaient leur ville ainsi que leurs enfants. Malheureusement, de nos jours les vieilles personnes censées les remplacer ne sont en aucun cas à la hauteur de la tâche. Ils préfèrent siroter un café dans une cafétéria et parler de bizness, de milliards, de voitures, de terrains et de plein d’autres choses encore. Le tout sur un fond d’excès de zèle et de fanfaronnade. Et dire que dans la vie «akhratha moute» (en fin de compte il y a la mort).
Il n’y a pas de médaille qui n’ait son re-vers ! Voilà pourquoi Bordj Menaïel est restée à la traîne en matière de développement économique, social, sportif et surtout culturel. Nos aïeux agissaient collectivement et cela pour le bien de la société et de la famille. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’individualisme bat son plein. C’est la politique du chacun pour soi et du «tu as un doro, tu vaux do-ro !». A priori, une APC c’est quoi en définitif ? Elle représente un mini-gouvernement où le président de l’Assemblée populaire communale en est le chef suprême, aidé dans sa tâche par des élus qui font office de ministres au service de la population locale. Comment faire pour qu’il n’y ait plus jamais dans la ville de Bordj Ménaïel ce laisser-aller qui perdure, ce laxisme de l’Etat, cet abandon total de la société civile, des associations. Que faut-il faire pour que Bordj Menaïel marche sur ses deux pieds ? Eh bien ! Il faudrait tout simplement changer de mentalité.
Kouider Djouab