«S’émanciper de cette dépendance en matière de médicaments, de vaccins et d’équipements»

Dr Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) :

Le président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), le Dr Lyes Merabet, a souligné, hier dimanche, à Alger, la nécessité et l’urgence de revoir le système de santé nationale. «La situation d’urgence créée par la pandémie du Coronavirus (Covid-19), a contribué à lever le voile pour démontrer que le système national de santé est complètement dépassé dans son organisation», a-t-il indiqué.

S’exprimant sur les ondes de la Chaîne III de la Radio algérienne, à l’émission «L’Invité de la rédaction», Dr Lyes Merabet a plaidé l’institutionnalisation d’un système de formation continue pour les praticiens, mais aussi, pour les gestionnaires d’établissements hospitaliers. L’invité de la rédaction de la Chaîne III a également souligné l’importance d’asseoir, a-t-il dit, les jalons d’une recherche scientifique médicale, qui n’a jamais existé, mais surtout, de s’émanciper de cette dépendance, quasi-totale, vis-à-vis de l’étranger, en matière de médicaments, de vaccins et d’équipements. A la faveur de cet état sanitaire, préoccupant, il faudrait, observe le président du Conseil national des praticiens de la santé publique s’atteler à travailler, sérieusement sur ce problème, d’autant, a-t-il relevé, qu’on a perdu assez de temps. «Lorsque des malades se retrouvent à l’hôpital, un aboutissement d’un parcours de santé, c’est parce que nous avons échoué, en amont, au niveau préventif, à éviter qu’il y ait trop de personnes à recevoir dans les structures de soins», a estimé le président du SNPSP.
Revenant sur les mesures arrêtées par le gouvernement, visant à stopper la spirale des violences à l’encontre des personnels de santé où la loi criminalisant les agressions contre ce personnel, Dr Lyes Merabet considère que la solution à ce qu’il a qualifié de phénomène sociétal que l’on observe aussi dans la rue, les stades, et jusqu’à l’intérieur des écoles, demande à être pris en charge en s’intéressant de plus près aux conditions d’accueil des malades. Mais également, a-t-il poursuivi, aux relations devant s’établir entre les secteurs public et privé pour faciliter l’accès aux soins et alléger la pression au niveau des structures publiques de santé. «C’est une revendication maintes fois réitérée par les syndicats de la corporation», a encore observé le président du SNPSP, rappelant, au passage, que la structure syndicale qu’il préside a commencé à poser ce problème, depuis l’année 2012 déjà. Mercredi dernier, des représentants de syndicats professionnels des personnels de la santé, ont estimé que les mesures coercitives, seules, ne peuvent pas résoudre ces problèmes.
«Il faut qu’elles soient accompagnées d’une réforme du système sanitaire et de la sensibilisation du citoyen». «L’application de cette loi requiert la mise en place de conditions spécifiques aux structures sanitaires, à l’instar de la délégation d’un représentant judiciaire au niveau des établissements sanitaires pour représenter les travailleurs et éviter ainsi l’absentéisme», ont-ils considéré. Soulignant, au passage, l’impératif de doter le secteur des moyens nécessaires, d’assurer une bonne organisation des établissements hospitaliers et de sensibiliser le citoyen pour éviter ce genre de pratiques. «Cette loi intervient en vue de mettre un terme à certaines formes d’agressions verbales et physiques à l’encontre des staffs médicaux et paramédicaux». S’agissant de la crise sanitaire induite par la pandémie du Coronavirus (Covid-19), le président du SNPSP avait estimé ce jour-là (mercredi dernier, ndlr), que la non-implication des syndicats du secteur présents sur le terrain est à l’origine de la dégradation de la situation sanitaire. Tout en relevant l’absence de coordination entre les différents secteurs dans la gestion de la crise et le non-respect des mesures préventives par les citoyens, ce syndicaliste a déploré la gestion de la crise sanitaire au niveau des wilayas, à l’écart des Conseils scientifiques et des syndicats qui sont parfaitement au fait de ce qui se passe au niveau des hôpitaux. «Les staffs médicaux ont besoin de moyens pour travailler à l’aise et prodiguer les meilleurs services aux citoyens», a fait savoir le président du SNPSP.
Rabah Mokhtari