Près de trois millions de travailleurs journaliers seront indemnisés par l’Etat

Le Trésor public et les banques à la rescousse des sinistrés du Covid-19

L’Etat s’engage, désormais, à dédommager les travailleurs journaliers affectés par la crise sanitaire, au même titre que certaines entreprises menacées de ruine en leur accordant plusieurs avantages financiers et fiscaux.

De nouvelles charges que devront supporter les banques et le Trésor public pour maintenir, un tant soit peu, l’activité économique dans le pays. En effet, le déclenchement de la crise sanitaire du Covid-19 en Algérie a précipité la crise financière qui pourrait accélérer la récession en raison de la décroissance économique, risquant durablement d’aggraver les tensions financières des établissements financiers et des entreprises nationales. La suraccumulation financière due aux entreprises et commerces menacés de tomber en déconfiture d’une part et les efforts de l’Etat engagés en faveur des opérateurs économiques en difficultés et des familles lésées par la crise sanitaire, d’une autre part, s’ajoutent à l’historique des dépenses publiques colossales affectées à la prise en charge de la crise sanitaire, évaluées à plus de 65 milliards de dinars. Avec la persistance de la crise sanitaire et économique, l’Etat décide de maintenir les aides financières pour les entreprises à travers la suppression des pénalités de retard, différé des paiements des redevances fiscales et parafiscales et d’indemniser les travailleurs journaliers, à l’instar, des petits artisans, commerçants.
En contre-partie, il faudrait trouver des alternatives de financement du Trésor public et la Banque centrale pour pouvoir supporter les pertes des banques publiques face à leur impasse financière. Intervenant sur les ondes de la radio nationale, la Chaîne III, le directeur général du Trésor public, Fayçal Tadinit, a reconnu les difficultés financières de nombreuses entreprises qui ont perdu la totalité de leurs recettes pour lesquelles l’Etat a accordé des aides financières «entérinées, en mars 2020 par les banques». En plus des différentes enveloppes financières consacrées aux ménages laminés par la crise sanitaire. Pour éviter d’aggraver la situation, déjà complexe des banques nationales, l’invité a évoqué la souscription à des solutions de financement différentes pour faire face aux imprévus qui peuvent impacter l’activité de l’entreprise. Pour pérenniser leur activité, les entreprises peuvent accéder facilement à des crédits reconductibles ou renouvelables.
Cette solution est flexible en fonction de la capacité financière des débiteurs à rembourser leur mensualité et peuvent, également, discuter avec leurs banques de différer les remboursements en cas de difficulté financière éphémère. «Outre à faciliter l’accès à des crédits d’exploitation pour permettre aux banques de faire face aux charges qu’elles doivent honorer, ces mesures reconductibles ont consisté à reporter le paiement de leurs échéances, à annuler leurs pénalités de retard et à rééchelonner les crédits dont elles ont bénéficié auprès des agences bancaires», a précisé M. Tadinit concernant les dernières décisions de suppression des pénalités de retard, différé des paiements des redevances fiscales et parafiscales prises en faveur des entreprises. Concernant, par ailleurs, la question de l’indemnisation des travailleurs journaliers, l’intervenant estimé le nombre des bénéficiaires à près de trois millions que l’Etat a décidé de leur accorder «une indemnité mensuelle de 30.000 dinars, sur une durée de trois mois, pour assurer leur pouvoir d’achat». Il a évoqué, en parallèle, les efforts d’autres opérateurs économiques, publics et privés, qui s’accrochent et résistent à la crise.
Il a parlé même de réussite de ces entreprises «à surmonter les effets de la crise sanitaire, en gardant la totalité, sinon une grande partie de leurs travailleurs, qu’ils ont continué à payer, malgré la crise de trésorerie à laquelle ils sont confrontés», a-t-il observé. Des charges en moins pour les finances publiques. En réponse, par ailleurs, à la question sur les capacités de l’État supporter les charges financières des entreprises en déprime, le directeur général du Trésor public a reconnu que la situation de cet établissement, aujourd’hui «n’est pas la meilleure», estimant que c’est grâce à «l’importance de l’épargne publique accumulée durant les années précédentes que l’Etat arrive à assurer ses dépenses. Pour renflouer les caisses de l’Etat et couvrir le déficit budgétaire et le solde négatif du Trésor, il dit compter sur «les banques publiques et privées, pour, notamment, assurer le financement de l’économie», par conséquent puiser encore dans l’épargne et les économies de l’Etat qui écarte l’option de l’actionnement de la planche à billets.
Samira Takharboucht