L’Etat s’engage à indemniser les sinistrés

Après évaluation du préjudice causé par les incendies

Ces dernières semaines, plus de 14 400 hectares du patrimoine forestier ont été ravagés par les incendies, imputés pour la majorité au facteur humaine, soit d’ordre criminel.

Plus de 1.381 foyers d’incendies ont été d’ailleurs recensés ces dernières semaines à travers plusieurs wilayas du pays dont certains villages ou zones complètement rasées sont considérées comme sinistrées en raison de l’ampleur des dégâts. Une enquête approfondie a été ouverte pour déterminer les causes et surtout les responsables de ces départs de faux, aboutissant au premier résultat à l’interpellation d’une quinzaine de personnes impliquées dans ces incendies. Un comité d’évaluation des dégâts des feux de forêts en vue de prendre en charge la situation des victimes de ces incendies a été installé, mercredi dernier, a annoncé le premier ministère.a «L’Etat indemnisera les sinistrés des feux de forêts après les expertises de terrain au niveau des wilayas touchées, mettant en garde contre les déclarations mensongères pour bénéficier des indemnisations», a, de son côté déclaré le ministre de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, Kamel Beldjoud, à la presse en margé de la réunion du Comité d’évaluation des dégâts des feux de forêts, présidée par le Premier ministre, Abdelaziz Djerad.
L’installation de ce Comité intervient quelques jours après l’instruction du Psrésident Tebboune d’ouvrir une enquête sur les causes de déclenchements quotidiennement des incendies qui ont ravagé 14 496 d’hectares dont 4 268 hectares de forêts, 5 563 hectares de maquis et 4 665 hectares de broussailles, selon le bilan dressé par les autorités qui ont évoqué, également, l’ampleur des dégâts s’appuyant sur les statistiques des services concernés. Ils ont évalué plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles parties en fumée dont»une superficie de 1 085 hectares de récolte de blé et d’orge, 145 821 bottes de foin, 104 676 arbres fruitiers, 5 111 palmiers, 360 ruches d’abeilles». Sans oublier la frayeur et la panique provoquées par ces immenses incendies qui ont menacé des habitations et ont fait fuir leurs habitants. Après l’ouverture de l’enquête, 15 personnes ont été appréhendées et incriminées dans le déclenchement des feux. «Les enquêtes engagées ont permis d’aboutir à la neutralisation de quinze personnes pyromanes qui ont fait l’objet d’interpellation, six à Ain El Karma, trois à Batna, deux à Tipaza, deux à Médéa, un à Jijel et un autre à El Taref et dont trois ont fait l’objet de mandats de dépôt et trois autres sont sous contrôle judiciaire», a souligné la même source.
Les services de sécurité ont pu interpeller uniquement 15 pyromanes dans seulement six wilayas, alors que les incendies ont touché 40 wilayas du pays à l’Est, l’Ouest et même au Sud, selon le ministre de l’Intérieur qui déplore la destruction de»plus de 10.000 hectares d’arbres forestiers, dont 1.000 hectares de récoltes agricoles, 50 arbres fruitiers, 3.600 palmiers, 457 ruches d’abeilles, 120 têtes ovines, 10 têtes bovines et 2.000 poules». Ce dernier a annoncé qu’aucune perte humaine, par ailleurs, n’a été enregistrée, à l’exception»d’un citoyen, de trois gardes forestiers et de deux éléments de la Protection civile blesséss», a-t-il rapporté. En revanche, M. Beldjoud a appelé les citoyens «à davantage de vigilance», estimant que»la protection des ressources naturelles est une responsabilité collective». Il est à signaler que l’Algérie perd des dizaines de milliers d’hectares de son patrimoine forestiers qui partent en fumée, menaçants l’écosystème et surtout accentuant le risque de la désertification qui ne cesse de progresser en raison des feux de forêts et les conditions climatiques de plus en plus arides.
Mais aussi, le préjudice financier causé aux agriculteurs et aux habitations qui est supporté par les caisses de l’Etat. Certes, les services de la Protection civile interviennent en urgence pour appréhender les incendies, mais souvent, ils sont confrontés aux conditions géographiques difficiles et climatiques qui compliquent leurs opérations d’intervention. Ils comptent, généralement, sur le volontariat et la solidarité des habitants pour maîtriser les feux, notamment, dans les zones rurales. Une solidarité citoyenne mise en avant par les réseaux sociaux qui rendent un hommage aux sapeurs-pompiers qui affrontent les incendies avec peu de moyens. Dans son intervention, M. Beldjoud a salué le courage et le dévouement à leur mission des pompiers, évoquant»la mobilisation d’importants moyens matériels et technologiques (satellite, hélicoptères et équipements de radiocommunication…), ainsi qu’une composante humaine qualifiée et engagée qui mérite toute notre attention, encouragement et notre reconnaissance».
Samira Takharboucht