Les pays producteurs «plus prudents et préparés»

La croissance des tensions sino-américaines menacent le marché pétrolier

En attendant la réunion d’évaluation de l’Opep+, les prix du pétrole sur le marché mondial sont bien orientés depuis quelques jours. Cependant, les risques d’une rechute sont toujours omniprésents. Il faut être préparé et rester vigilant.

En effet, il n’y a pas que les investisseurs qui temporisent après la reprise des prix au plus haut niveau depuis cinq mois, atteignant plus de 45 dollars le baril, la semaine dernière, mais aussi les pays producteurs, notamment, signataires de la Déclaration de Coopération se donnent du temps avant de prendre de nouvelles décisions concernant l’application de la 3ème phase de l’Accord Opep+. Pendant trois mois, les pays signataires de cette convention ont remplis leurs obligations au titre de l’Accord Opep+ et avaient procédé, en effet, à de fortes réductions de leur production d’or noir, et ce, jusqu’au mois de juillet. Depuis la fin du mois de juin, les poids lourds de la production pétrolière ont remonté leurs volumes de production progressivement. Sans surenchère, les spécialistes du secteur craignent l’effondrement du marché à nouveau sous la pression de la relance de la guéguerre entre les Etats-Unis et la Chine ainsi que la croissance des tensions régionales, notamment, en Libye. Ces derniers jours, les cours du pétrole ont repris malgré les craintes de l’offre excédentaire avec la relance de la production aux niveaux d’avant la signature de l’Accord Opep+.
Cependant, les spécialistes du domaine craignent la déstabilisation du marché, durant les prochains jours en raison de la persistance de la pandémie du Covid-19, la hausse des tensions sino-américaines qui reviennent au front ainsi que le risque de l’intervention armée en Libye. Le bras de fer entre la Turquie et l’Egypte créant un cercle vicieux où les mandataires se préparent, probablement à un affrontement militaire. La persistance de la crise sanitaire qui a mis l’économie mondiale à genoux n’a fait qu’aggraver la situation financière des pays du monde. L’effondrement des indices boursiers et la faillite des franchises à travers le monde ont anticipé les effets financiers pervers de l’économie mondiale, fragilisant davantage l’économie des pays dépendant de la rente pétrolière, à l’instar de l’Algérie, l’Egypte et l’Irak…
Le redressement des cours de l’or noir sur le marché, ces derniers jours sur fond de reprise de la demande et de la chute des surstocks américains, redonnent un léger espoir aux majors pétroliers dans un contexte contrasté par la relance des hostilités entre Pékin et Washington et au Moyen-Orient après les explosions qui ont éclaté mercredi dernier au Liban, détruisant le port principal du pays et dans la région. En plus du préjudice causé à l’économie mondiale globalement, l’impact a été supporté, également, par les grands groupes pétroliers qui sont restés attentifs à l’évolution de la pandémie de Covid-19 et du marché des matières premières. Plusieurs grandes compagnies pétrolières et gazières ont annoncé récemment des pertes gigantesques estimées à des dizaines de milliards de dollars, ce qui les a contraint à s’adapter rapidement à la situation afin d’éviter de disparaître face aux sombres perspectives qui s’annoncent.
Cinq plus grands groupes pétroliers privés, «British Petrolium (BP), Chevron, ExxonMobil, Royal Dutch Shell et Total ont subit plus de 53 milliards de dollars de pertes nettes au total au deuxième trimestre», selon leurs résultats publiés ces derniers jours dans les médias locaux de leur pays. Ces pertes se répercuteront sur leurs investissements dans les pays étrangers, à l’instar de l’Algérie. Toutefois, pour l’instant, la question n’a pas été évoquée en Algérie. Les opérateurs pétroliers demeurent prudents face aux tensions sino-américaines grandissantes. En attendant la réunion mensuelle des pays de l’Opep et non-Opep, le marché pétrolier change de cap régulièrement. Il n’a pas encore atteint le niveau de stabilité espéré.
Samira Takharboucht