Les déchets spéciaux stockés annuellement en Algérie : un danger avéré

Incivisme et impropriété dans les villes

Malheureusement, à chaque coin des rues, quartiers et cités, des amas de déchets ménagères ou autres dangereux menacent l’être humain, enfants et personnes âgées. La ville de Annaba devient de plus en plus sale chaque jour.

Des journées d’information sur le système de gestion environnemental avaient été organisées à Annaba par le conservatoire national des formations à l’environnement. Or, cet établissement a pour principal objectif la contribution à bâtir une conscience environnementaliste dans toutes les sphères sociales tout en visant ainsi à participer efficacement à la mise en œuvre de cette politique et à l’élargissement de ses sphères d’application. Une intervention sur la politique environnement industriel avait été expliqué par Mme Adjali du ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement durant l’événement. Il existe des déchets industriels spéciaux DIS, spécifiques de l’activité industrielle qui contiennent en quantité variable des éléments toxiques ou dangereux pour l’homme et l’environnement toxicité chimique ou risque d’explosion.
Outre des déchets organiques qui sont notamment des résidus des eaux usées, des matières de vidange, boues de curage, corps gras et aussi des déchets organiques des industries agro-alimentaires provenant des différentes filières à savoir : viande, laiteries, charcuteries et des sous produits organiques hétérogènes comme des déchets de légumes ou de fruits de conserveries. A cet effet, il est à souligner que le cadeste des déchets spéciaux a réalisé en 2002 par le ministère de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement une étude révélant que la quantité annuelle des déchets spéciaux générés au niveau nationale est de l’ordre de 325 000 tonnes. Soit 2 360 tonnes stockées de pesticides périmés, 12 000 t de médicaments, 450 000 T de boues contenant du zinc stockées, 1 000 000 T de boues de mercure et 272 tonnes de déchés cyarunés, indique-t-on.
Six wilayas (Alger, Béjaïa, Skikda, Annaba, Tlemcen, Oran), produisent à elles seules 283 000 t/an et détiennent 1,9 millions de tonnes en stock soit 95% du stock détenu au niveau national. La région Est, avec les deux wilayas industrielles, et leurs industries pétrochimiques, sidérurgiques D’El Hadjar, et le complexe Mercuriel de Azzaba, génère annuellement, à elle seule 45% des déchets spéciaux. Alors que la région Centre, quant à elle, génère 77 000 t/an de déchets spéciaux et stocke 378 000 tonnes. Les régions Sud-Est et Sud-Ouest, sont celles où les quantités générées et stockées sont les moins importantes. Quatre secteurs industriels génèrent à eux seuls 86% de la totalité des déchets industriels spéciaux produits en 2001. Le secteur des hydrocarbures (raffinage du pétrole, transport etc.) : 34%. Le secteur de la chimie, du caoutchouc et du plastique : 23%. Celui de la Sidérurgie et métallurgie : 16%. Le secteur des mines : 13% Le secteur des textiles (4%) ainsi que ceux du papier et cellulose, du ciment et dérivés, de l’agroalimentaire et de la mécanique produisent chacun d’eux des quantités de déchets spéciaux moins importantes (2%).

Risques liés aux déchets
Deux types de pollutions peuvent être générés par les déchets solides : les pollutions biologiques, dont la manifestation se caractérise par la prolifération d’agents pathogènes favorisée par la présence de résidus organiques en décomposition ou de déchets spécifiques comme les déchets hospitaliers. Les pollutions chimiques, engendrées par la présence de déchets toxiques, notamment certains déchets industriels (métaux lourds, peintures, cyanures etc.), qui présentent un risque d’autant plus grand que certains effets ne se manifestent qu’après un long temps d’exposition (effets chroniques). Ces pollutions générées notamment par les déchets ont pour effet : d’altérer la qualité des eaux superficielles et souterraines, par lessivage des dépôts de déchets par les eaux de pluie, puis infiltration des lixiviats, et avoir pour conséquences des intoxications ou maladies dues aux polluants pathogènes ou toxiques. De polluer l’air ambiant en risquant d’affecter les populations environnantes, soit du fait de l’incinération à ciel ouvert des déchets, soit de leur dissémination dans l’atmosphère (amiante). De polluer les sols et de créer ainsi des sites contaminés dont la dépollution engendre des coûts très importants.

Risques d’incendie et d’explosion
Certains déchets peuvent être à l’origine d’incendies et même d’explosions. Pour cela trois conditions doivent être réunies : la présence d’un déchet combustible (matières combustibles organiques), d’un comburant (oxygène de l’air ou matière comburante) et d’une source de chaleur (étincelle d’origine électrique ou mécanique) feu etc. Notons aussi les risques pour la santé qui sont liés aux substances chimiques utilisées en industrie, ils sont complexes et sont liés notamment à la forme du polluant (solide, liquides ou gazeux), à ses propriétés physico-chimiques (solubilité, réactivité, point d’éclair etc., ainsi qu’aux conditions d’exposition (durée, conditions techniques, et notamment les mesures de prévention mises en pratiques). Le mode d’entrée de la substance dans l’organisme influence également le risque potentiel (voie respiratoire, digestif ou cutané).
Risques d’atteinte des voies respiratoires : les substances qui entrent dans l’organisme par inhalation peuvent affecter les voies respiratoires de façon plus ou moins grave (irritation, allergies, pneumoconioses, etc.). Risques d’atteinte générale : les substances dites toxiques, peuvent après pénétration dans l’organisme, affecter l’un ou l’autre organe, parfois entraîner la mort de l’individu (plomb, mercure etc.). Cette atteinte à la santé peut être aiguë ou chronique, c’est-à-dire survenir après un laps de temps plus ou moins long. Risques cutanés : le contact de certaines substances avec la peau (irritantes, allergènes, corrosives), peut affecter celles-ci de façon plus ou moins grave. Risques dus aux substances tératogènes ou mutagènes : au-delà des risques pouvant atteindre l’individu exposé, certaines substances peuvent affecter la descendance de celui-ci, soit par atteinte du fœtus lorsque la mère est exposée, soit par mutation génétique.
Dans ce chapitre il est impératif d’indiquer que la déclaration des déchets (nature, quantité, caractéristiques) par les générateurs et/ou les détenteurs des déchets spéciaux dangereux au ministère chargé de l’Environnement est rendu obligatoire. En outre, ils doivent fournir périodiquement les informations ayant trait au traitement de ces déchets, ainsi qu’aux mesures pratiques prises et à prévoir pour réduire la production de ces déchets. Le transport des déchets dangereux est soumis à une autorisation du ministre chargé de l’Environnement après avis du ministre chargé des Transports. L’exportation des déchets spéciaux dangereux est réglementée par la Convention de Bâle et soumise à autorisation du ministère chargé de l’Environnement alors que l’importation des déchets spéciaux dangereux est interdite.
Oki Faouzi