L’histoire du football se conjugue à tous les temps

Invité récemment par la Radio internationale, Abdelkrim Medouar, le président de la Ligue de football professionnel en a profité pour lancer quelques pics en direction du président de la JS Kabylie.

Sans doute, faut-il aussi observer, et prendre bien plus au sérieux les autres signes dont se nourrit la gestion du football qui sont bien plus importants et bien plus révélateurs de ce qui se dit. D’autres sujets plus brûlants ne sont pas encore au menu des déclarations, de la relance du professionnalisme, des dispositions prises pour lutter contre la violence, la corruption, instaurer un programme de séminaires de formation pour les présidents de clubs-presse, enfin de ce qui est envisagé en ce dernier virage 2020. Des stars internationales évoquent leurs expériences dans ce monde footballistique. Ce qui pourrait servir de leçons. Voilà ce que disait l’homme aux 1 283 buts, en l’occurrence le Roi Pelé, «beaucoup de joueurs ont marqué différents moments. Mais pour moi, le meilleur joueur de l’histoire est indéniablement Larbi Ben Barek», affirmait l’international Pelé. Pour la précision, Ben Barek ou Ben M’barek est un international marocain né le 16 juin 1917 à Casablanca et mort le 16 septembre 1992. «Je suis certain que Ben Barek aurait amené le football dans des sphères insoupçonnées. Je me suis beaucoup inspiré de son jeu.
Il nous a quittés en 1992. La FIFA lui a alors décerné à titre posthume, la médaille de l’ordre du mérite, le 8 juin 1998». Il ajoute «aujourd’hui, l’argent dirige le foot. Je ne sais pas si le jeu est si différent que ça, mais l’approche l’est. À mon époque, l’équipe de Santos devait jouer en Amérique latine en janvier-février pour payer les joueurs». Il raconte ce qui a marqué son passage dans cette sphère footballistique. «En été, nous faisons des tournées en Europe. Maintenant, les sponsors paient tout, il ne faut plus voyager comme ça. De mon temps, il fallait que je marque mille buts pour que les gens me connaissent. Aujourd’hui, un seul suffit pour que le monde entier vous connaisse avec toutes ces caméras autour du goal et l’Internet.
Ce n’est plus comparable». Un autre message pour la nouvelle génération, «je veux que les jeunes sachent à quel point le football a pu être important, au point de changer le monde, et les gens. La seule fois que j’ai vu mon père pleurer, c’était lors de la finale de la Coupe du monde perdue (par le Brésil, NdlR) en 1950. Ce qui importe pour lui c’est de montrer qu’il faut avoir des rêves et travailler dur pour tenter de les réaliser. «Il ne suffit pas de vouloir devenir joueur de football comme je l’entends si souvent. Il faut s’impliquer à fond dans ce qu’on fait dans tous les aspects de son existence, de 9 à 17 ans», affirme le Roi Pelé avant d’ajouter «imaginez un peu s’il était né un peu plus tard».

Une autre star, une autre école
Il y a 4 ans, Johan Cruyff s’éteignait à l’âge de 68 ans à Barcelone. Dans une dernière interview, accordée à «France Football», cet international du football disait «ma réflexion a toujours été celle-là : quand une rencontre démarre, chacune des deux équipes a un point. Le but est d’aller en chercher deux autres, dont trois, avant la fin. Et, pour ça, il faut être ambitieux, offensif et créatif. Ce que j’ai toujours été». La preuve est dans cette déclaration «… Je me suis évertué à rendre les autres meilleurs. À leur donner la confiance qui leur manquait parfois. À les éduquer tactiquement. Encore aujourd’hui, tout le monde se souvient de nous en 1974. On est les finalistes d’une des Coupes du monde les plus populaires de l’histoire. Parce qu’on donnait du spectacle et du plaisir aux gens. On a perdu, mais les gens ont considéré qu’on était les meilleurs». Il rappellera que «la télévision, les médias donnent une importance de plus en plus considérable au but marqué. Quand Cristiano Ronaldo marque trois buts, on ne retient que ça, sans se préoccuper de combien de fois il a eu la balle ou ce qu’il en a fait le reste du temps.
Personnellement, ce n’est pas comme ça que je juge un joueur». Il enchaînera «la liberté n’est rien si vous ne faites pas votre boulot pour arriver à vos fins, ou si elle est destinée à des fins personnelles. En foot, la liberté est encadrée. Ce que tu inventes, ce que tu crées doit être au service de l’équipe, pas à ton propre service. Sinon, ça ne sert à rien. Et le joueur, aussi talentueux soit-il, n’est qu’un rouage d’une organisation… Sans la télé, il ne serait pas aussi grand parce qu’on le verrait nettement moins et qu’il prendrait beaucoup plus de coups. La télé, c’est parfait pour les grands joueurs. Enfin je pense que le football est devenu un peu trop sérieux. Je ne vois plus de plaisir, plus de tentative de créer, plus d’initiatives. J’ai l’impression que les joueurs sont à un endroit parce que l’entraîneur leur demande d’y être, qu’ils ne sont plus responsabilisés. Le mot juste serait : inhibition. On tue l’initiative, donc, la décision individuelle, sous prétexte qu’elle peut entraîner une erreur. À ce train-là, il n’y aura bientôt plus de conneries, mais plus de plaisir non plus. Moi, je dis : bouger, changer».
Synthèse H. Hichem