Le Maroc «utilise politiquement» la question des droits de l’Homme pour discréditer le Polisario

Cause sahraouie

L’analyste politique chilien, Esteban Silva Cadra, a dénoncé mercredi le rapport mensonger de DHSF (Droits de l’Homme sans frontières), une organisation de «façade» à la solde du Maroc, qui «utilise politiquement» la question des droits de l’Homme pour discréditer le Front Polisario et les parties qui soutiennent la cause sahraouie.

Selon Esteban Silva Cadra, sociologue et président de la fondation chilienne Constituante XXIe ainsi que du Groupe chilien d’amitié avec la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD), le pseudo rapport de DHSF sur les droits de l’Homme, publié le 16 septembre à Bueno Aires (Argentine) est «une opération politique grossière» dirigée contre le Front Polisario. «Lorsque nous avons enquêté sur l’origine de cette entité (DHSF), nous avons découvert qu’il s’agissait d’une «création virtuelle» totalement inconnue des institutions et des mouvements des droits de l’Homme en Argentine comme au Chili et dans d’autres pays d’Amérique du Sud», a souligné l’analyste.
Pour lui, il s’agit clairement d’«une institution de façade pour diffuser la position des porte-paroles de la monarchie marocaine en Amérique latine, qui utilisent politiquement la question des droits de l’Homme pour discréditer le Front Polisario et ses partisans auprès des gouvernements et des mouvements sociaux et politiques solidaires avec la cause du peuple du Sahara occidental», occupé par le Maroc depuis 1975. D’après le sociologue chilien, le rapport de cette entité inconnue «donne une image biscornue de la situation dans les camps de réfugiés sahraouis, présentés comme des lieux placés sous le contrôle de l’Algérie à seule afin de tenir ses autorités pour responsables des soi-disant violations des droits de l’Homme qui y seraient commises, et ce dans une vaine tentative de remettre en cause le statut du Front Polisario en tant que représentant unique du peuple sahraoui».
Cette distorsion de la réalité, poursuit-il, «est battue en brèche par des données têtues telles que le fait que de nombreuses ONG et agences des Nations unies sont implantées dans les camps et s’acquittent quotidiennement et sans entraves de leur mission humanitaire et de supervision (Programme alimentaire mondial, Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara occidental) et que le statut du Front Polisario est consacré et reconnu aussi bien dans les textes que les pratiques des instances onusiennes».

Opération politique grossière
«Par le biais du prétendu rapport sur les droits de l’Homme, une attaque en bonne et due forme est également menée contre l’Algérie, un pays qui soutient le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et qui accueille ses réfugiés depuis 1975 dans un esprit d’authentique solidarité et de coopération humanitaire, tout comme il l’a fait avec les exilés chiliens persécutés par la dictature de Pinochet», a soutenu Esteban Silva Cadra, avant d’ajouter : «Nous sommes donc confrontés à une accusation sans la moindre objectivité et pleine de mensonges et d’accusations infondées, instrumentalisant le dossier des droits de l’Homme à des fins politiques». L’analyste estime, par ailleurs, que cette «opération politique grossière» vise à attaquer le Front Polisario. De l’avis du sociologue, le texte «ne peut être considéré comme un rapport sérieux et factuel sur les droits de l’Homme, car il est évident qu’il repose sur une manipulation et une falsification des faits historiques et politiques d’un processus de décolonisation inachevé au milieu du 21e siècle».
Dénonçant également «un rapport partiel et agressif qui cache un objectif totalement étranger à la défense et à la promotion des droits de l’Homme», l’analyste a encore souligné que le document «ne mérite aucune analyse ni commentaire supplémentaire, si ce n’est au sujet de la trajectoire controversée de celui qui occupe le poste de directeur exécutif adjoint du DHSF, Juan Carlos Moraga Duque, qui est un fonctionnaire à la tête des entités créées par le Maroc et s’est érigé progressivement comme porte-parole de la monarchie marocaine au Chili contre le peuple sahraoui et sa juste lutte pour l’autodétermination». Selon Esteban Silva Cadra, il s’agit du même Juan Carlos Moraga Duque, dont la conduite politique passée parle d’elle-même : Il explique «Au plus fort de la dictature militaire et dans des circonstances où les partis marxistes (PS, PC, MIR entre autres) étaient interdits par l’article 8 de la Constitution de Pinochet, Moraga Duque a créé et présidé un «Parti socialiste chilien» qui a soutenu le régime de Pinochet avant le plébiscite de 1988.
«Aujourd’hui, pariant en vain sur l’amnésie des personnes qui auraient oublié son comportement politique pendant la dictature, Moraga est présenté par ses promoteurs comme une personne ayant été persécutée par la même dictature qu’il a soutenue en pratique et, ce qui est encore plus invraisemblable, en le présentant comme un « porte-parole » des droits de l’Homme pour donner une certaine crédibilité à la nouvelle campagne du Maroc contre le Front Polisario et aux mouvements sociaux et populaires qui, au Chili et dans notre Amérique, soutiennent la juste lutte du peuple sahraoui contre le colonialisme et l’occupation illégale du Sahara occidental et son droit légitime à l’autodétermination», note l’analyste. Il a tenu à rappeler également que le Maroc est une puissance qui occupe illégalement le Sahara occidental et dont la souveraineté sur ce territoire non autonome n’est reconnue par aucun pays au monde.

L’Afrique du Sud et Cuba appellent à la fin de l’occupation au Sahara occidental et en Palestine
Le président sud-africain, Cyril Ramaphosa, et le Cubain, Miguel Diaz Canel Bermudez, ont appelé dans leurs discours devant l’Assemblée générale des Nations unies à la fin de l’occupation illégale du Sahara occidental et de la Palestine, réitérant leur soutien indéfectible à l’autodétermination des deux populations. «Alors que nous célébrons l’anniversaire de la fondation d’une organisation vouée à la liberté et à l’égalité, les peuples de Palestine et du Sahara occidental continuent de vivre sous l’occupation», a déploré M. Ramaphosa qui assure la présidence de l’Union africaine (UA). Le président de l’Afrique du Sud a saisi cette occasion pour réitérer son appel à «la fin de l’occupation illégale du Sahara occidental» et son soutien au droit des peuples, sahraoui et palestinien, à l’autodétermination.
De son côté, le Président cubain, Miguel Diaz Canel Bermudez, a réitéré dans son discours devant la même session, le soutien de principe et constant de son pays au droit à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental qui est inscrit depuis 1966 à la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux. «Nous réaffirmons notre solidarité invariable avec le peuple sahraoui», a déclaré le président cubain.
Et d’ajouter : «Nous réclamons un règlement juste au conflit du Moyen-Orient, lequel repose sur l’exercice réel par le peuple palestinien de son droit inaliénable à construire son propre Etat dans les frontières antérieures à 1967, avec El Qods-Est comme capitale», et «nous rejetons les tentatives d’Israël d’annexer de nouveaux territoires en Cisjordanie». Cette session qui coïncide avec le 75e anniversaire de l’ONU se tient sous le slogan: «L’avenir que nous voulons les Nations unies dont nous avons besoin: réaffirmer notre engagement collectif en faveur du multilatéralisme – affronter la Covid-19 par une action multilatérale efficace». Les principales activités de la 75e session de l’Assemblée générale de l’ONU, avec des discours successifs de chefs d’Etat, se dérouleront notamment par visioconférence du 21 au 29 septembre.
R. I.