La relance de l’importation des véhicules d’occasion tributaire des réformes financières

Gel temporaire imposé par la période particulière

«L’importation des voitures de moins de trois ans a été gelée», avait annoncé la semaine dernière le ministre de l’Industrie Ferhat Ait Ali Braham, avant de se rétracter ou de se corriger quelques jours plus tard, assurant lors de son intervention à l’antenne de la radio nationale, Chaîne I, que «cette décision n’a pas été abandonné», arguant qu’il songeait plutôt à la crise financière que traverse le pays actuellement. «L’importation des véhicules de moins de trois ans est juste différée en raison du contexte économique actuel du pays», a-t-il justifié, réitérant, à l’occasion, la volonté de l’Etat de lutter contre le marché informel de la devise et son refus «d’importer de la ferraille».

L’objectif serait de sécuriser la société et protéger le marché local contre le crime organisé liée au trafic de véhicules et des pièces détachées usagées et qui menace l’équilibre des finances publiques. Ce comportement s’est en effet proliféré ses dernières années. Il ne se passe pas un jour sans qu’un voleur ou qu’un réseau de voitures volées ne soient démantelés par les services de sécurités. Des véhicules revendus en pièces détachées dans le marché informel. «Il existe des réseaux organisés et des bandes criminelles qui attendent de collecter la «ferraille» ou les pièces détachées usagées des véhicules pour les faire entrer sur le marché algérien», a-t-il indiqué à ce propos. Cependant, cette raison n’est pas celle qui a motivée le report postérieurement de l’importation des véhicules d’occasion de moins de trois à sa demande en raison de la situation financière inconfortable du pays. Actuellement, l’Algérie vit une situation financière instable et imprévisible à l’heure du Coronavirus qui a crée une crise économique imminente par la conjonction, sans pareil, des marchés financiers internationaux. M. Ait Ali opte pour la prudence et préfère, à priori, trouver des partenaires fiables et sérieux pour lancer une véritable industrie mécanique. Une solution à long terme pour amorcer la transition économique nationale en profitant des potentialités du marché local encore vierge. «L’Etat ne peut en aucun cas encourager le marché parallèle». Plus de contrôle et de rigueur dans les secteurs productifs, mais surtout lors des transactions financières impliquant l’importation de produit de première nécessité. Même recadrage pour l’importation des véhicules d’occasion de moins de trois ans qui devra obéir aux conditions réglementaires et au cahier des charges. C’est ce que prévoit, d’ailleurs, l’avant-projet de loi de Finances (APLF) 2021 qui propose de nouvelles mesures pour un meilleur contrôle des transferts des devises dans le cadre des opérations d’importations. De nouveau mécanismes plus rigoureux pour surveiller et contrôler les opérations d’importation de véhicules ainsi contraindre tous ceux qui veulent contourner la loi. C’est peut-être une autre raison du gel de cette décision à moyen terme, comme l’avait expliqué M. Ait Ali qui a déclaré que «l’importation des véhicules de moins de trois ans n’est pas abandonnée, mais différée à moyen terme», estimant qu’elle sera opérationnelle «après les réformes économiques et financières que le gouvernement va engager pour permettre aux Algériens d’acheter la voiture à des prix raisonnables et un taux de change officiel», a-t-il ajouté. Répondant par ailleurs à la question sur l’intérêt par le constructeur automobile allemand de la marque «Volkswagen» au marché algérien, le ministre de l’Industrie a affirmé que «ce constructeur a effectivement exprimé officiellement ses ambitions de réaliser une usine de fabrication de véhicules en Algérie avec un taux d’intégration de 30%». Après l’assouplissement et la révision de certaines règles régissant l’investissement étranger en Algérie, de nombreuses sociétés industrielles ont dévoilé leurs ambitions de s’implanter sérieusement en Algérie avec toutes les garanties. La suppression de la règle 51/49, «en dehors des secteurs stratégiques est de nature à rendre attractif le marché de la construction automobile en Algérie pour les grandes marques», a-t-il indiqué.
Samira Takharboucht