Une procédure à revoir

Attribution du logement social

Dans différentes régions du pays se sont introduites des personnes dont les compétences réelles restent à déterminer en termes d’étude des dossiers de demande d’attribution d’un logement social. Elles interviennent à ce niveau pour déterminer avec exactitude le droit ou non à l’octroi de ce type de logement.

D’où leur faculté à être informées sur l’état d’avancement des chantiers, des réunions des commissions d’attributions et de la date de la remise des clefs. Ce sont elles qui décident du sort des vieilles bâtisses menaçant ruines, de l’acceptation ou le rejet des dossiers. Leurs décisions sont sans appel. A ce stade de gestion, ce n’est pas le wali, le représentant du ministère de l’habitat ou une quelconque autre autorité qui décide du sort des nouveaux projets. Particulièrement les sites prévus pour être lancés ou des logements de l’Etat à attribuer. Un quelconque retard dans la réalisation, telle une pluviométrie exceptionnelle comme celle de ces derniers jours arrange leurs affaires. Elle crée la pression sur les autorités. Tout autant que les incidents domestiques tel celui survenu à El Bayadh avec pour conséquence cinq morts, qui laissent beaucoup de familles sans abris, avec des habitations menaçant ruines ou envahies par les eaux. Peu leur chaut le constat des techniciens de l’habitat. Ce sont ces personnes qui décident de la liste des attributaires. L’exemple nous vient d’Annaba où tout récemment une cinquantaine de bénéficiaires de logements sociaux, sont en fait, de faux sinistrés de la Place d’Armes. Il s’agissait d’acquéreurs venus il y a quelques mois des régions limitrophes pour, avec la complicité de certains agents locaux, acheter une habitation menaçant ruine, voire à haut risque d’écroulement à Annaba dans laquelle ils s’installaient en famlle . «En contrepartie du versement d’une somme variant de 500.000 à 1.000.000 DA, ils obtiennent un vieux logement en ruine précisément une habitation datant de plusieurs siècles justifiant la demande de logement social à la Vieille ville. Bien des années après l’indépendance et les multiples opérations de recasement, ces habitations menaçant ruine, représentent la clé de Sésame. Ce dont profitent les décideurs locaux pour créer un marché immobilier parallèle au vu et au su de tous. Et ce, même si les autorités sont informées que les bénéficiaires des logements sociaux en sont à leur énième attribution. Cette situation est vécue un peu partout dans les grandes villes du pays à l’image d’Alger, Oran, Constantine, Sétif et bien d’autres. Dans ces villes, des logements sociaux attribués dans le cadre d’opérations de recasement des familles censées être dans le besoin de ce type de logements ont enrichi le marché parallèle du logement social neuf. Du fait qu’aucune institution ne les a interpellés pour libérer les lieux, les nouveaux attributaires persistent à occuper toujours leurs anciennes habitations. Ils le font au risque de leur vie et celle de leurs proches. Ce qui ne les empêche pas de déposer un autre dossier de demande de logement social. Au vu de la manipulation de l’opinion publique à laquelle ils s’adonnent à la moindre occasion, ils l’obtiendront pour la énième fois. Mais là ne s’arrête pas le trafic qui caractérise les logements sociaux pratiquement dans toutes les wilayas. C’est dire que les instances que mettra en place la «Nouvelle Algérie» auront fort à faire pour redresser la barre. C’est qu’il s’agit de remettre toutes les commandes sur le même cap Il y a aussi leur environnement. Notamment celui des réseaux d’assainissement auquel sont raccordées les vielles habitations datant de plusieurs siècles aux logements sociaux. La nécessité de mise en place de pareil réseau est soulignée par un des occupants illégaux d’une vieille bâtisse à la vieille ville de Annaba : «Nous passons nos journées dans des maisons datant de plusieurs siècles. Nous sommes livrés à nous- même. Tous nos équipements électroménagers sont détruits. Nos lits, nos matelas, tout est complètement hors d’usage», indique Mostapha L. Il s’agit d’un des occupants sinistrés. Il s’est installé depuis quelques mois à Annaba où Il affirme attendre avec impatience la décision d’attribution d’un logement social. Cette situation des nouveaux arrivés complique le quotidien des habitants. Ils n’ont pas raté l’occasion pour exprimer leur impuissance. «J’ai dû amener les petits ailleurs. Les moustiques nous empêchent de dormir. L’eau est partout et elle est mélangée à celle des fosses septiques. C’est extrêmement désagréable», révèle Houria, une habitante des hauteurs de Sidi El Houari à Oran. Les personnes sinistrées n’ont d’autre choix que de cohabiter avec les eaux usées mélangées à celles de pluie ainsi source de moustiques. «On nous a prêté une maison en construction. Nous n’avons pas les moyens de louer car on demande des cautions de six mois», explique Abderrahmane. Que ce soit à Annaba ou ailleurs, l’appel est lancé à l’Etat pour revoir la procédure de gestion des dossiers de demande de logement social et l’assainissement.

A. Djabali