Le Dr Djabellah recommande la création d’un Observatoire national du suicide

Caractéristiques épidémiologiques et facteurs de risques associés aux conduites suicidaires

Le médecin légiste du service de Médecine légale du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Nédir Mohamed de Tizi Ouzou, le Dr Si Hadj Mohand Djabellah, maître assistant à la faculté de médecine de l’Université Mouloud Mammeri, a recommandé, avant-hier lundi, la création d’un Observatoire national du suicide.

C’était lors de la présentation, avec succès, de sa thèse sur le thème «Autopsie médico-légale des sujets suicides : exploration des données médicales, épidémiologiques et socio-psychologiques» sous la conduite du Pr Brahim Boulassel, chef du service de Médecine légale du CHU Nédir Mohamed de Tizi Ouzou pour l’obtention du diplôme de doctorat en sciences médicales (DESM), à la faculté de Médecine de l’Université Mouloud Mammeri. «La mise à jour des informations sur la problématique du suicide devenait nécessaire, tant pour rendre compte de l’importance du phénomène que pour mieux orienter les interventions en prévention du suicide», a-t-il dit. Cet Observatoire national du suicide aura pour missions de coordonner les différentes actions, développer la connaissance des facteurs de risques et des mécanismes conduisant au suicide afin d’en améliorer la prévention, promouvoir et valoriser les dispositifs de collecte, de suivi et d’alerte sur le suicide en participant à la diffusion des résultats et en facilitant l’accès aux bases de données. Et, évaluer l’effet des politiques publiques en matière de prévention du suicide et de produire des recommandations en matière de prévention. «Même si les différentes sources d’information sur le suicide et les phénomènes associés sont de qualité variables et comportent certaines limites, en les réunissant, elles contribuent à tracer un état de situation plus complet», a appuyé le Dr Si Hadj Mohand Djabellah devant le jury présidé par le Pr Madjid Bessaha, chef de service médecine légale du CHU de Beni Messous (Alger) et composé du Pr Aboubeker Abdelmadjid (EHU d’Oran), Pr Boudraa Zohra et Pr Djamel Achiou (Hôpital central de l’armée, Alger). Le suicide, a-t-il poursuivi, est un problème de santé publique, un phénomène multifactoriel qui résulte de l’interaction entre un grand nombre de facteurs, socio-démographiques, génétiques, environnementaux et, psychologiques. «Ces interactions rendent le problème complexe et difficile à étudier mais non impossible. La prévention du suicide est une priorité nationale dans de nombreux pays, mais des efforts restent à faire en terme d’évaluation», a soutenu Dr Si Hadj Mohand Djabellah. L’étude rétrospective (2015/ 2016 et 2017) et prospective (2018) portant sur un échantillon de la population victime du suicide de la wilaya de Tizi Ouzou, adressée au service de Médecine légale du CHU Nédir Mohamed pour autopsie médico-légale sur réquisition du parquet, fait ressortir une augmentation de cas de suicides d’année en année, plus importante, a-t-il noté, en 2018 avec un taux de 33,7 %, soit 67 cas de suicides sur les 224 colligés à la période indiquée. Contre 18,5 % en 2015, 21,3 % en 2016 et 26 % en 2017. «24,4 % des autopsies réalisées sont des suicides», a ajouté ce légiste, faisant savoir que ce travail est une continuité aux études précédentes réalisées au CHU de Tizi Ouzou. Il s’agissait, a encore poursuivi Dr Si Hadj Mohand Djabellah, d’évaluer les étiologies et les facteurs de risque du suicide, d’apprécier les caractéristiques socio-démographiques et cliniques de ce type de décès et d’envisager une stratégie d’enquête diagnostique familiale dans le cas du passage à l’acte suicidaire associé à une pathologie psychiatrique. «Tous ces travaux mettent l’accent sur la montée de ce phénomène, dont l’extension touche plusieurs régions du pays, exigeant, par voie de conséquence, une réflexion attentive en vue de dégager une meilleure politique sanitaire nationale de prévention et de prise en charge thérapeutique».
Rabah Mokhtari