Les autorités prises entre deux feux

La marée du Covid-19 monte dans le pays

La situation épidémiologique en Algérie a atteint un stade assez préoccupant après la hausse prépondérante du nombre des contaminations au Covid-19 et de celui des hospitalisations, ces dernières semaines.

Une proportion mesurée au total des lits en capacité d’accueillir les malades gravement touchés par le virus à travers le territoire national. Un contexte alarmant qui met à l’épreuve les soignants et les établissements sanitaires en détresse depuis plusieurs jours, mais aussi les autorités. «Près de 26,84% des hôpitaux connaissent une saturation au niveau national à cause de la Covid-19, y compris les lits de réanimation», a alerté le directeur de l’Institut national de santé publique (INSP), et membre du Comité scientifique de suivi de l’évolution de la pandémie du Coronavirus, le professeur Elias Rahal, avant-hier, à Alger. En tout état de cause, toutes les parties se dédouanent de quelconques responsabilités dans la progression de l’épidémie, ce qui nécessiterait désormais des restrictions mesurées pour éviter un drame sanitaire. Hormis, le reconfinement général ne semble pas envisagé par les autorités, comme était le cas en mois de mars dernier pour de multiples raisons. Dans certaines régions, la situation est déjà affolante, est en passe d’empirer durant les jours à venir. La deuxième vague déferle sur les zones déjà sensiblement affectées par la propagation du Covid-19, en raison du relâchement des mesures barrières dont le port du masque dans les espaces publics, le respect de la distanciation sociale, mais surtout en raison des rassemblements privés et publics coïncidant avec les fêtes nationales et la campagne référendaire. Des comportements parmi d’autres qui laissent, ces jours-ci, entrevoir une situation inquiétante, comme l’avait souligné le professeur Bekkat Berkani lors de ses récentes déclarations où il a tiré la sonnette d’alarme sur l’éventuelle envolée des nombres de malades de la Covid-19, notamment, en cette saison hivernale propice au développement et propagation des grippes et autres maladies virales. Il a d’ailleurs affirmé que, dans ce cas, les autorités «n’hésiteront pas à imposer un reconfinement partiel et mesurée». L’Algérie anticipe, désormais, la deuxième de la Covid-19 et les autorités réitèrent leur engagement d’adapter en permanence leur stratégie de lutte contre le Coronavirus au contexte politique et socio-économique du pays, rassurant de la mise en place d’un rigoureux protocole sanitaire au niveau des centres de vote pour garantir le bon déroulement du référendum constitutionnel. C’est ce qu’a d’ailleurs assuré, à la veille de ce rendez-vous, le président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE), Mohamed Charfi, attestant que «toutes les conditions matérielles et sanitaires de prévention contre la Covid-19 sont réunies pour permettre au Algériens d’accomplir, dimanche, leur devoir électoral». Un protocole sanitaire approuvé par le Comité scientifique du suivi de l’évolution de l’épidémie. Durant ce type d’événement, il serait difficile de surveiller le comportement des citoyens, notamment, réfractaires au port du masque. Au dernier bilan en date, l’Algérie a enregistré plus de 7.600 cas de contaminations au Covid-19 depuis le début de l’épidémie et plus de 1.970 décès. Le nombre des infections au Coronavirus en moyenne dépasse, depuis quelques semaines, les 230 cas. Un chiffre qui pourrait être dépassé durant les jours à venir, en raison de l’abandon des mesures de sécurité et des rassemblements privés et publics constatés cette semaine de fête nationale. Pour faire face à ce contexte actuel alarmant, de nouvelles restrictions seront sûrement mises en vigueur prochainement pour éviter la dégradation de la situation déjà insoutenable pour le personnel soignant et les hôpitaux en alertes. Les dernières mesures de reconfinement partiel ciblé sont insuffisantes face à la progression virulente du virus qui circule activement, posant un véritable dilemme aux autorités concernant la re-fermeture des écoles et des espaces publics. Ce qui n’est pas encore à l’ordre du jour, selon certains responsables qui imputent cette décision au Comité scientifique. En attendant l’arrivée d’un vaccin anti-Covid-19, les autorités ainsi que les professionnels de la santé à restreindre «les déplacements en particulier entre les wilayas et les rassemblements privés et publics», invitant les Algériens à porter les masques de protection, qui sont l’unique solution pour endiguer la déferlante vague de la Covid-19 qui pourrait avoir apporter un coup fatal à l’économie du pays, entre autre. Le Pr Rahal a regretté le relâchement constaté à tous les niveaux, avertissant des conséquences de ces comportements sur la santé publique. Malheureusement, personne ne reconnaît sa responsabilité dans la reproduction du virus. Les institutions, responsables et citoyens se dédouanent et se rejettent la responsabilité.
Samira Takharboucht