Bir EL Adba sort de l’ombre

Exploitation et transformation du phosphate à Tébessa

L’équivalent en investissement de 6 milliards de dollars engagé en partenariat avec une entreprise chinoise pour la production de 2 à 3 millions de tonnes/an de phosphate sera investi dès le 1er trimestre 2021 dans l’exploitation de la mine de phosphate de Bir El Adba dans la wilaya de Tébessa.

Le ministre des Mines Mohamed Arkab l’a annoncé la semaine passée durant sa visite de travail et d’inspection dans la wilaya de Tébessa. Il s’agit de la 1ère étape d’une décision appelée à se répercuter positivement sur le calcul du PIB et la création d’emplois. Aucun chiffre à même de répondre à l’impatience des jeunes chômeurs en nombre dans cette région, n’a été révélé. Il reste que se basant sur l’importance du projet, celle de l’enveloppe financière prévue pour sa concrétisation, des objectifs de production tracés et du chiffre d’affaires à enregistrer annuellement principalement à l’export, des indiscrétions proches des services du ministère font état de 300 postes de travail. En tout état de cause, aucun chiffre n’a été révélé. Telle est l’interprétation à donner à la déclaration faite à la presse par le ministre des Mines.
Il s’était exprimé en marge de la visite qu’il a effectuée sur le site du projet en question. Il a tenu à souligner que : «…Ce projet intégré permettra à l’Algérie d’investir le monde des industries minières». Il a indiqué que les services de son ministère s’attèlent actuellement à l’élaboration d’un cahier des charges spécifique à l’exploitation de la matière première disponible dans ce gisement. Il serait, selon lui, l’un des plus importants que recèle l’Algérie. «L’opération sera parachevée avant la fin de l’année en cours, en prélude à la mise en exploitation du phosphate de la région de Bled El Hedba, au plus tard, mars prochain », a-t-il précisé. C’était lors de l’inspection de la mine de Djebel Onk où il avait pris connaissance du déroulement des travaux de réalisation de ce projet intégré d’exploitation et de transformation du phosphate.
Il ressort des indiscrétions enregistrées qu’en poursuivant cette démarche, notre pays rejoindrait le rang des pays émergeants en 2025. Il faut, en effet, savoir qu’en 2019, le pays avait maintenu ce même rythme tendanciel. Il devrait le dépasser, lorsque les estimations définitives seront publiées, sous l’effet de récoltes agricoles meilleures que prévues. Il ressort en effet, que ces récoltes n’ont pas pâti du retard des pluies. En revanche, nos interlocuteurs qui paraissent bien cerner la dimension «transformation structurelle», indiquent que notre pays pâtit du rythme lent de progression de la valeur ajoutée industrielle. Celle-ci serait couplée à une productivité relativement faible dans le secteur. Selon eux, la dimension «insertion dans l’économie mondiale» du pays a enregistré une légère remontée entre 2015 et 2018. Elle ne compense toutefois pas la forte baisse connue les précédentes années. Elle a cependant diversifié quelque peu ses produits d’exportations avec notamment l’exploitation du pétrole et du gaz, de l’or et de nouveaux produits agro-alimentaires) et bientôt du phosphate.
Toutefois, devaient-ils ajouter, notre pays peine à se déployer dans le segment des produits à haute technologie. «Ils courent le risque d’être piégé dans la trappe des pays à revenus intermédiaires», ont-ils souligné. C’est dire que les prochaines années, l’Algérie devra, s’évertuer à améliorer fortement sa compétitivité structurelle afin d’attirer des investissements dans les industries minières et les services de moyenne à haute technologie. Il est question d’atteindre courant la décennie 2020-2030, des taux durables de croissance du PIB. Période durant laquelle cela permettrait au pays de doubler le revenu intérieur par tête. «Faudrait-il que notre pays accélère le développement de la productivité toujours faible dans le secteur agricole et rural comparativement à la grande surface et des moyens matériels et humains dont ils disposent.
D’où le nécessaire ciblage méthodique et efficace des investissements publics vers ce secteur comme cela s’est fait pour le phosphate de la mine de Blad El Adba (Tébessa). Dans tout cela, le secteur de l’emploi en sortirait ragaillardi avec des créations d’emplois dans le secteur formel. Ce qui renforcerait le caractère inclusif de la croissance économique accélérée dans les zones d’ombre. Là est le sens à accorder aux préoccupations des habitants de la région. Ils ont réclamé leurs indemnisations pour l’exploitation de leurs terres dans le cadre de la concrétisation du projet et la protection de l’environnement contre la pollution. Ils ont, parallèlement, demandé à être prioritaires en termes de recrutement.
Ce dont a pris note le ministre qui a ordonné la mise en place d’une commission conjointe. Comprenant des cadres du ministère des Mines, les autorités locales, la Société des mines de phosphate «Somiphos» et des représentants de la population locale, cette commission procédera à «la réévaluation des terres exploitées dans cadre dudit projet afin d’indemniser les propriétaires». Concernant le volet environnemental, «le ministre a exprimé son intransigeance en termes de respect de l’environnement pour la réalisation du projet. Il doit obéir aux normes internationales en vigueur en la matière afin de préserver l’aspect écologique de la région et la santé et la sécurité des citoyens» dira–t-il Le ministre poursuivra sa visite par l’inspection des mines de fer de Boukhadra et Ouenza. Il présidera une rencontre avec les acteurs de la société civile au siège de la wilaya.
A. Djabali