«La CAN-2019, c’est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma carrière»

Benlamri au journal Le progrès

La large histoire du guerrier Djamel Belamri est revisitée par le journal sportif «France Football». Son histoire, telle décrite, démarre d’El Harrach à Lyon.

Les premières pages de ce reportage commencent par évoquer «des épreuves indélébiles, un talent reconnu, mais sa sélection qui le boude et l’Europe qui ne veut pas de lui». C’était avant l’arrivée du sélectionneur Djamel Belmadi. Son histoire ne s’arrête pas à ce niveau, elle est plus complète, plus enrichissante et encore plus envoutante. Il est né un 25 décembre 1989, issu d’un quartier populaire de la banlieue d’Alger, El Harrach. Et pour mieux partager sa vie professionnelle, le rédacteur de ce reportage rapporte que lors d’une conversation avec Ahmed Djadjoua, médecin du club de la JS Kabylie, Benlamri lui faisait part de son enfance qui était très, très difficile. Sa famille n’était pas très aisée… et qu’il n’était pas destiné à sa vie d’aujourd’hui». Quant à Walid Bencherifa, un de ses coéquipiers, celui-ci se souvient d’une phrase de Benlamri où il s’est interrogé «par rapport à mon passé, je ne sais pas ce que je fais dans le football».
Certainement préoccupé par la séparation de ses parents. Djamel, était très attaché à eux, notamment à sa mère «mon père et ma mère n’étaient pas riches, narrait-il. Ils ont divorcé quand j’avais six ou sept ans. Je ne peux pas oublier ma mère car quand ils ont divorcé, elle a tout fait pour mes frères et sœurs, pour nos études. Elle était femme de ménage, elle était en souffrance». Affrontant une vie difficile, petit à petit, il construira sa marque, celle d’un joueur qui sait parler au football. Il attire l’attention sur les stades internationaux, et notamment lors des quarts de finale pour la Coupe d’Afrique des nations 2019.
Djamel Belmadi disait de lui a FF «c’est vrai qu’il en avait, entre guillemets, gros sur la patate : le fait qu’il n’a pas eu réellement sa chance en Equipe nationale alors qu’il en avait envie, qu’il était très attaché à son pays. J’ai rencontré une personne qui avait ça en lui. Avec une forme d’appréhension de se dire : ‘Est-ce que ça va être encore la même chose ?’. A un certain âge où on a plus trop envie de patienter. A partir du moment où on lui a donné sa chance, il a pu se lâcher».

CAN-2019 : le grand test des Verts
En Egypte, Ivoiriens et Algériens se disputent un ticket pour le dernier carré de la compétition. Serey Dié peut égaliser, mais il touche à son tour du bois. C’est l’explosion et le soulagement pour tout le peuple algérien. Il prie intensément, décrit Belmadi pour France Football, et il me dit ensuite «pendant la séance de tirs au but, j’ai prié Dieu. J’ai dit OK, je ne recommencerai plus ça et ça. Il a fait un pacte avec Dieu pour que, si on passait, il arrêterait si ou ça. Je n’ai jamais su ce que c’était mais j’espère qu’il a respecté son deal».

La CAN-2019, une nouvelle vie commence pour lui
«Il a été sélectionné naturellement, note Belmadi à FF. On m’avait un peu expliqué son passé. J’aime savoir quelle est l’histoire des joueurs, notamment avec l’Equipe nationale. On m’a souvent dit qu’il avait été présent à plusieurs regroupements sans avoir réellement sa chance de pouvoir montrer de quoi il était capable. Certains m’ont avancé son manque de professionnalisme, une forme de nervosité qui le desservait. Je voulais me faire mon propre avis. Il est bon d’aller chercher qui est qui». Et d’analyser, après connaissance du parcours tortueux «avec le potentiel qu’il a, c’est vrai que s’il avait été mieux pris en main, si tout ce qui entoure le professionnalisme, le championnat local, son environnement, lui-même…
C’est vrai qu’il aurait dû partir plus tôt en Europe». Le sélectionneur algérien ajoute «aux entraînements, j’ai pu voir qu’il n’était jamais mis en difficulté face à des Riyad Mahrez, Sofiane Feghouli, Yacine Brahimi. Il y a sa dureté, sa rage, mais aussi beaucoup d’intelligence dans le jeu». Car Djamel Belmadi tient aussi à ne pas limiter Benlamri à son activité défensive. «On l’oublie mais, techniquement, la connexion Belmadi-Benlamri est installée, et c’est bien parti pour durer». «On peut compter sur lui, on peut aller à la guerre avec lui, on peut lui faire confiance. Et il vous le renvoie bien», affirmait Benlamri dans Le Progrès avant de conclure «cette Coupe d’Afrique, c’est la plus belle chose qui me soit arrivée dans ma carrière».
Synthèse de H. Hichem