Etendre la fonction de médiateur aux entreprises

L’Instance du Médiateur de la République n’est pas une nouveauté en Algérie. Elle avait déjà été créée en 1995, et sa mission était de rapprocher l’Etat des citoyens à travers la résolution de leurs problèmes.

Cette institution qui avait fait naître l’espoir, n’avait pas pu répondre aux attentes des citoyens confrontés à la bureaucratie. Pourquoi ? On peut imaginer qu’un diagnostic pour connaître les causes de cet échec a été fait avant de reconstituer l’Instance du Médiateur de la République. Après tout ce que l’on a appris sur les méfaits d’el’issaba (le gang), on peut deviner que ce dernier n’est pas étranger ni aux problèmes bureaucratiques et de hogra qu’ont connus les citoyens par le passé, ni aux obstacles mis devant la résolution de leurs problèmes. Les agents d’el‘issaba placés un peu partout, et les incompétents et médiocres qui les servaient, étaient tout simplement intouchables, quel que soit leur poste.
Ils avaient toujours raison face aux citoyens qui s’estimaient lésés et qui se plaignaient. La volonté du Président Abdelmadjid Tebboune de mettre fin aux pratiques anciennes indique que l’heure des bureaucrates qui méprisent le citoyen et portent atteinte à ses droits, a sonné. Il reste à concrétiser cette volonté sur le terrain, en agissant sur les relations conflictuelles entretenues par les bureaucrates avec les citoyen, pas seulement dans les institutions et administrations, mais même dans les établissements et entreprises de service public. Dans quasiment tous les cas, le recours à la justice dans les affaires opposant une entreprise de service public (comme l’ADE ou la Sonelgaz) à un citoyen-client, est à l’initiative de l’entreprise.
Pour qu’il y ait médiation, il faut que l’entreprise consente à trouver une solution au litige qui l’oppose au citoyen, sans le recours à la justice. La médiation vise à aider l’entreprise et le citoyen à trouver une solution au litige dans l’intérêt des deux parties, supposées égales dans ce conflit. Le médiateur ou «facilitateur», issu de l’établissement de service public, est au centre de cette recherche de la solution à l’amiable, consensuelle, non imposée, c’est-à-dire avec l’adhésion du citoyen. Son action doit porter sur le long terme.
Aucune divergence fondamentale d’intérêts n’oppose l’entreprise de service public au citoyen, au contraire un même intérêt les unit : la qualité du service public. S’agissant de l’ADE et de Sonelgaz, il n’y a pas une grande diversité de situations. Les litiges portent le plus souvent sur les factures, les réclamations sur la pose de compteurs ou le raccordement ou les coupures d’approvisionnement sans avis préalable.
L. A.