Un plat fédérateur et rassembleur

Le couscous classé au patrimoine immatériel de l’humanité

Le couscous et les savoirs, savoir-faire et pratiques liés à sa production, a été inscrit à la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), a annoncé mercredi la ministre de la Culture et des Arts, Malika Bendouda.

Le couscous a été classé par l’Unesco en tant que dossier multinational au nom de l’Algérie, de la Tunisie, de la Mauritanie et du Maroc. Pour l’Algérie, le dossier de classement a été élaboré par l’universitaire Ouiza Galleze du Centre de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH), alors que l’Institut tunisien du patrimoine et la direction marocaine du patrimoine culturel et des experts mauritaniens ont également pris part au montage du dossier. Ce nouveau classement porte à sept le nombre de biens culturels algériens inscrits, à ce jour, à la liste représentative du patrimoine de l’humanité de l’Unesco. Le dossier a été présenté lors de la 15e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel qui se poursuit virtuellement jusqu’au 19 décembre.

Un plat convivial par excellence
Le couscous, plat millénaire joue un rôle fédérateur rassembleur et réconciliateur dans les sociétés qui le produisent et consomment dans tout événement social ou culturel. Il est à la fois ordinaire par la fréquence de sa consommation en famille et spécial de par le rôle fédérateur rassembleur et réconciliateur qu’il joue à l’occasion de rencontres communautaires de commensalité et de convivialité. Ce nouvel élément a été inscrit sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité pour ses dimensions symboliques, sacrées, religieuses, sociales et communautaires et pour le fort sentiment de valorisation identitaire qui confirme, tant par son ancestralité que sa contemporanéité, «la création d’une cohésion sociale sans cesse renouvelée», lit-on dans le dossier de candidature présenté au nom de l’Algérie, de la Tunisie, de la Mauritanie et du Maroc à la 15e session du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.
Le couscous «consolide l’entraide avec un sentiment de soutien social et communautaire et favorise le vivre ensemble» en plus de porter des significations culturelles très fortes, tant par sa présence dans tous les événements culturels et cultuels, les fêtes religieuses, les visites aux saints et lieux sacrés que par les rituels qui tournent autour et où le rôle féminin est omniprésent. Le couscous est le mets offert dans les entraides sociales exprimées par différents noms selon les communautés (tiouizi, touiza, ma’ouna, raghatta, ma’arouf), il est également au centre des fêtes ancestrales comme Anzar (rituel destiné à provoquer la pluie) en Algérie et au Maroc. Entre autres éléments compris dans le classement, la production des ustensiles de préparation qui encourage l’activité artisanale de poterie et l’artisanat du bois, mettant en mouvement des ressorts artisanaux dans le cadre du respect d’un développement durable.
Aux yeux des Etats soumissionnaires, le classement du couscous dans ce qu’il véhicule comme symbolique socioculturelle à l’échelle mondiale encouragera le dialogue, les échanges, la communication et les interactions entre les détenteurs initiaux et les praticiens de cet élément au caractère multinational reconnu. A l’occasion de la classification du couscous au patrimoine mondial, le ministère de la Culture et des Arts a inauguré, jeudi 17 décembre 2020, les Journées du couscous au Palais de la Culture «Moufdi-Zakaria», sous la tutelle de la ministre, Mme Malika Bendouda avec la participation d’associations et d’artisans. Les autres biens culturels inscrits à la liste représentative du patrimoine immatériel de l’humanité, sont : l’Ahellil du Gourara (2008), la «Chedda» costume nuptial de Tlemcen (2012), l’Imzad (2013) dossier présenté par l’Algérie incluant le Mali et le Niger, le pèlerinage du Rakb de Ouled Sidi Cheikh (2013), la fête de la S’beiba (2014), un événement annuel célébré à Djanet (sud-est algérien) ainsi que le «Sbuâ du mawlid ennabaoui» (2015).
R. C.