Le médiateur de la République sur le terrain

Lutte contre la bureaucratie et la corruption

Dans les pays où «faire des affaires» signifie s’enrichir illicitement, la bureaucratie et la corruption ne font qu’un, le plus souvent. La législation et la réglementation, qui portent, à juste titre, sur les autorisations à accorder et sur les contrôles à effectuer concernant les investissements, sont utilisées comme prétextes pour «bloquer» afin de pouvoir débloquer moyennant le paiement d’une «commission», après «intervention».

En Algérie, ce phénomène négatif est connu. Nombre d’opérateurs économiques l’ont vécu. Il est appelé, en principe, à disparaître après la mise en place de la médiation de la République qui a été créée dans le but d’«éliminer tous les phénomènes négatifs au sein de l’administration publique dont la bureaucratie, le clientélisme et la corruption», ainsi que l’a affirmé dernièrement, à partir de M’sila, le médiateur de la République, Karim Younès, lors d’une rencontre avec les responsables locaux et représentants de la société civile au pôle universitaire Mohamed Boudiaf dans  le cadre de sa visite à la wilaya. L’action du médiateur de la République, si elle est marquée par l’efficacité, pourra rendre un grand service aux populations locales confrontées au chômage, notamment des diplômés. Des obstacles sont illégalement et injustement dressés sur le parcours des jeunes entrepreneurs et porteurs de projets qui ne bénéficient pas d’appui dans les institutions et ne sont pas inscrits dans le système clientéliste.
Les grands perdants sont bien sûr les jeunes investisseurs eux-mêmes, mais également l’Etat et toute la population locale à travers l’absence de développement économique et social. Parfois, il faut attendre des années avant que les projets ne soient lancés et réalisés effectivement. Les orientations et les instructions présidentielles ne sont pas systématiquement appliquées au niveau local, ce qui pose le problème des courroies de transmission et des instruments d’application sur le terrain, à la base. Les visites effectuées par Karim Younès lui permettent d’affiner sa connaissance des réalités et de situer les causes des dysfonctionnements qui perturbent le fonctionnement des administrations locales et des services publics censés faciliter la tâche aux jeunes entrepreneurs et améliorer les conditions de vie des populations, mais qui, au contraire par les comportements bureaucratiques et, dans certaines situations, par la corruption, empoisonnent les relations entre l’Etat et les citoyens qui estiment, à juste raison dans certains cas, que les pratiques bureaucratiques et de corruption sont couvertes par des «protecteurs» plus ou moins puissants, par leur argent ou par leur position dans les institutions.
«La médiation de la République combattra ces fléaux dangereux par l’étude de la situation présente de la société et des causes à l’origine de ces fléaux qui affectent la cohésion de la société». C’est l’engagement pris par Karim Younès qui a rappelé que l’objectif ultime reste l’édification d’une nouvelle Algérie où règneront la justice sociale et la citoyenneté véritable ainsi que promis par le Président Abdelmadjid Tebboune dans son programme engagé depuis une année. En effet, le Président Tebboune a décidé après son élection d’instaurer cette institution et de désigner le médiateur de la République et ses délégués locaux «dans l’intérêt du citoyen et dans le cadre de l’édification d’une Algérie juste, égalitaire, équilibrée et constituée de ses multiples franges». Les délégués locaux du médiateur de la République, a-t-il ajouté, «ne sont pas des walis, ni des magistrats, ni des avocats, ni des agents administratifs, mais des cadres supérieurs de l’Etat désignés par le président de la République qui ont leur place et jouissent du respect et de la considération». Karim Younès tient également à souligner que l’instance de la médiation de la République «est une institution indépendante au plein sens du terme» ayant pour mission de faciliter toute mesure garantissant les droits du citoyen. Karim Younès a appelé les délégués locaux du médiateur de la République à l’échelle nationale «à être au service des citoyens, faire preuve d’intégrité et savoir écouter avec patience et discernement». Depuis sa création à ce jour, la délégation de la République a contribué à résoudre de grands problèmes accumulés sur plusieurs années, mais certains secteurs ne répondent pas aux requêtes qui leur sont adressées.
Lakhdar A.