Un projet qui provoque la FIFA

Une Superligue européenne privée :

Les instances du football ont brandi des menaces fortes pour freiner les ardeurs des initiateurs d’une ligue privée européenne. Joueurs et clubs sont menacés d’exclusion. Conforme au droit européen de la concurrence ? La question se pose. La preuve avec deux patineurs hollandais.

Le Real Madrid veut-il créer une super ligue privée ? Une info qui explose en pleine saison et qui semble tenir à cette ardeur d’aller jusqu’au bout. De fil en aiguille, ils se retrouvent face à Mark Tuitert et Niels Niels Kerstholt, ces champions olympiques et mondiaux, qui ne sont «que» des… patineurs de vitesse. L’idée de plonger dans les affaires du football s’accélère et ils veulent tourner la page pour en faire de leur projet un véritable combat qui s’immisce sans le vouloir dans le business des milliardaires du football. La FIFA sentant le projet se préciser avec un risque de se généraliser, avec les six confédérations continentales et l’ECA (association européenne des clubs), ont lancé une «flèche éclairante» sous forme d’un communiqué commun, jeudi dernier. Objectif : détruire toutes idées que produiraient les plus grands clubs européens qui voudraient, eux aussi, en catimini créer cette «Superligue» continentale.
Une ligue privée qui échapperait, de fait, à l’autorité des fédérations. Droits médiatiques estimés à 4 milliards d’euros par année Tout le monde semble s’accrocher à cette idée «excepté Josep Bartomeu, le futur ex-président du FC Barcelone il y a quelques mois, personne n’a encore déjà eu le courage de prendre ouvertement le lead dans ce dossier très sensible». Mais au moment où tout le monde se mettait autour d’une table pour examiner ce qui est en train de se réaliser, certains éléments ont déjà filtré. «Son potentiel format – deux groupes de 10, des play-off, un parfum de NBA ou de NHL… – a déjà été présenté par plusieurs médias». L’idée gagne du chemin, il faut tout arrêter et au plus vite avant que les fondements de ce projet ne se fassent. Mais un autre «détail» circule dans le fil des médias : le montant des potentiels droits médiatiques, est estimé à 4 milliards d’euros par année. Un pactole qui dépasse, soit dit en passant, l’ensemble des droits récoltés par l’UEFA pour ses compétitions de clubs, champions, League comprise. «Même flou, ce nouveau concurrent fait trembler les dirigeants du football mondial, qui n’ont pas envie – mais absolument pas envie – que l’on vienne pomper dans leurs puits à dollars».
La position de la FIFA s’éclaircit Les autorités du football ont annoncé la couleur et la bataille a déjà commencé elles n’annoncent qu’il ne sera pas question de reconnaître une telle compétition. Pour s’imposer, elle informe et avertit à la fois que «tout club ou joueur impliqué dans une telle compétition se verrait par conséquent interdire de participer à toute compétition organisée par la FIFA ou les Confédérations». C’est ici que l’histoire du duo se glisse dans l’histoire. Les deux patineurs avaient, il y a quatre ans, entamé une procédure auprès de la Commission européenne, après que l’Union internationale de patinage les avait menacés d’une suspension à vie s’ils participaient, contre cachets, à une compétition organisée par une société privée sud-coréenne. Le credo du duo ? «Une violation des règles du droit à la concurrence de l’UE. En 2017, les autorités européennes leur ont donné raison.
Toutefois, l’ISU n’a pas abdiqué et a tenté de faire annuler l’ordonnance antitrust alors édictée». Peine perdue. Le 16 décembre 2020, le verdict final, défavorable à la fédération internationale, est tombé. Pour les experts, même si rien n’est définitif, cette décision pourrait faciliter l’organisation d’événements non officiels. «Certains y voient même une décision de la trempe de l’arrêt Bosman, dont l’application depuis 1995 – libre circulation des personnes – a chamboulé le monde du football». Un bras de fer récurrent Des questions s’alignent et deviennent de plus en plus pressantes, la plus inquiétante était de savoir s’il en serait de même pour le football ? La seconde vise à savoir si «les autorités européennes prendraient-elles la même décision à son encontre, au mépris de cette fameuse solidarité pyramidale brandie par les fédérations, qui permet de répartir la manne des recettes des grands événements à l’ensemble des nations ?» C’est la question fondamentale qui se profile… si le conflit venait à prendre de l’ampleur. Un scénario dont on peut quand même douter. En effet, l’idée de Superligue refait surface à chaque fois que se profile une nouvelle période de négociations sur les contours futurs des compétitions continentales. Bien que la FIFA, avec sa Coupe du monde des clubs méga-format, et l’UEFA, avec sa sacro-sainte champions League, se livrent à une bataille pour maîtriser les compétitions des clubs les plus prestigieux, il a suffi d’un projet tiers pour recréer un semblant d’union sacrée.
H. Hichem