«La formation des cadres et les infrastructures, un gros problème !»

Aziz Derouaz :

Dans cette deuxième partie de l’entretien, Aziz Derouaz, l’ex-sélectionneur de l’équipe d’Algérie de handball et ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, évoque l’arbitrage, ses regrets, mais aussi le «complot» qui visait le handball algérien…

LNR : Vous nous disiez que le handball a dominé plus de 10 ans, et rivaliser avec les meilleures équipes du monde. Ce n’est pas rien. Que s’est-il donc passé ensuite ? Aziz Derouaz : Cette question importante, voire cruciale, devrait être celle que se posent tous les membres de l’Aassemblée générale de la Fédération d’une part, mais aussi, tous les responsables qui se sont succédé aux différents postes de responsabilité au niveau de la tutelle du Mouvement sportif national. En effet, on parle ici d’une équipe nationale 7 fois championne continentale, dont 5 fois consécutivement, et 3 fois médaillée aux Jeux méditerranéens, dont une fois en or. Mais ceci n’a jamais rien changé dans la gestion de la Fédération, ni aux moyens qui ont été mis, ou surtout pas mis, à la disposition de la discipline, que ce soit au niveau des sélections ou des clubs. Je rappelle au passage que la ville de Skikda, par exemple, une de nos meilleures écoles de handball, n’a toujours pas bénéficié de la réalisation d’une salle digne de son ambition.
Il y a un véritable procès qui devrait être fait, tant aux membres de l’AG de la Fédération, complices depuis tout ce temps de ceux qu’ils ont maintenu aux commandes de la discipline, que celui, plus grave encore, contre les autorités «spectatrices» de ce massacre sans intervenir, y compris lorsque les lois de la République ont été bafouées. Anecdote significative démontre parfaitement cela, lorsque le directeur général des sports du MJS en 2013, et alors que j’essayais de trouver une solution au complot dont le handball algérien était victime à travers moi et le bureau fédéral de la FAHB que je possédais, m’a dit «arrêtez de prendre le handball en otage».   «La performance, ce n’est pas une finalité, c’est un outil au service du développement d’une Fédération. Ce qui est important, c’est d’avoir des titres, mais si vous ne vous en servez pas et que vous ne les exploitez pas, finalement ça n’a pas de sens». Rejoignez-vous cette déclaration ?  Bien entendu que si on n’exploite pas ce qui a été réalisé, en termes de titres, d’image, d’impact populaire, on perd l’essence même de ce qui constitue ce que l’on peut appeler «la chaîne du développement». C’est pour cela que l’on parle de «projet de développement», avec sa stratégie, et ses outils comme vous le dites. Parmi ceux-ci, les titres bien sûr, mais aussi, lorsque l’on parle de l’élite de la discipline, les organisations de compétitions, tant pour et par les clubs, que pour les différentes équipes nationales. Mais je dois reprendre et profiter de votre question en évoquant justement d’autres aspects du projet de développement à savoir, la formation des cadres et les infrastructures (en relation avec les institutions de l’Etat). L’organisation du championnat du monde de la catégorie U21 en 2017 à Alger, s’est malheureusement faite dans les infrastructures réalisées dans le début des années 1970 pour les JM 1975, et depuis plus rien.
Un mot sur l’arbitrage La formation des entraîneurs et des arbitres ne correspond pas aux normes et méthodes en place dans les pays européens, et subit davantage les carences d’une confédération toujours archaïque. En fait, il y a un décalage entre le niveau de notre équipe nationale garçons, et tous les ingrédients d’une politique de développement, contrairement par exemple à l’Egypte et la Tunisie, lesquelles nations avec plus d’ambitions ont déjà organisé plusieurs championnats du monde (dont 2 seniors pour l’Egypte et un pour la Tunisie).  Vous semblez avoir beaucoup d’amertume, voire des regrets ? Certes, je suis triste d’observer, et même comptabiliser ce gâchis, car comme tout autre citoyen Algérien, je suis tellement fier des victoires de nos champions toutes disciplines, comme de nos grands artistes etc. dans tous les domaines des potentialités déjà exprimées par notre grand Peuple, que j’en redemande (et merci à Djamel Belmadi). Mais cette amertume va encore plus loin pour les joueurs que j’ai eu l’honneur d’encadrer, et qui n’ont pas bénéficié de la distinction qui aurait dû couronner leur carrière, à savoir la médaille de l’ordre du mérite national, et ce, même pour les 3 joueurs qui ont remporté 5 titres de champion d’Afrique consécutivement. Et bien entendu, s’ils n’ont même pas eu la médaille du mérite olympique, c’est à mettre sur le compte d’éléments subjectifs, plus graves et haïssables qu’une omission. Interview réalisée par

H. Hichem