La France devra assumer ses responsabilités historiques

Essais nucléaires en Algérie

«Tôt ou tard», la France devra «assumer ses responsabilités historiques» sur les essais nucléaires qu’elle a effectués en Algérie, sous couvert de recherche scientifique. Ce n’est pas seulement ce que pensent les Algériens, c’est également la conviction de larges milieux en France.

La référence en la matière est le Traité sur l’interdiction des armes nucléaires (TIAN) signé par 122 Etats sous l’égide des Nations unies, et dont le seuil de 50 ratifications a été franchi le 24 octobre 2020. De ce fait, le TIAN est en vigueur depuis le 22 janvier 2021. L’article 6 du Traité exige la «remise en état de l’environnement des zones contaminées» et l’assistance aux victimes des essais d’armes nucléaires. Si la France est respectueuse du droit international, elle devrait en tenir compte. Selon l’article 7 du Traité, les Etats devraient s’entraider pour la remise en état de l’environnement des zones contaminées, avec une responsabilité particulière des puissances nucléaires, c’est-à-dire la France dans le cas des essais nucléaires effectués en Algérie, au Sahara. A ce propos, dans un entretien à la revue El-Djeïch, le chef de service du Génie de combat du Commandement des forces terrestres, le général Bouzid Boufrioua rappelle qu’il y a eu 17 explosions dans le Sahara algérien, 4 en surface à Reggane et 13 souterraines à In Ekker, en plus d’autres essais complémentaires».
Il souligne que la France devra «assumer ses responsabilités historiques» à travers la décontamination des sites des essais nucléaires effectués et l’indemnisation des personnes souffrant de pathologies conséquentes à ces essais atomiques. Le général Bouzid Boufrioua fait remarquer que «le principe du ‘’pollueur-payeur’’ est appliqué aux essais nucléaires et figure dans le Traité. C’est la première fois que la communauté internationale demande aux puissances nucléaires de rectifier les erreurs du passé». «Les essais en surface effectués à Reggane, ont causé la pollution d’une grande partie du Sud algérien», a-t-il fait remarquer. «Leurs effets se sont étendus jusqu’aux pays africains voisins, alors qu’un nombre d’essais souterrains a échappé au contrôle, ce qui a provoqué la propagation des produits de fission due à l’explosion et la pollution de vastes zones», a-t-il ajouté.
Détaillant les conséquences de ces essais, le général Bouzid Boufrioua cite «les déchets immenses très radioactifs et de longue vie, certains sont enfouis sous terre et d’autres sont laissés à l’air libre, sans oublier les radiations répandues sur de vastes surfaces, causant un grand nombre de victimes parmi la population locale et des dégâts à l’environnement qui perdurent hélas jusqu’à nos jours». Il a déploré, à ce titre, «l’absence d’informations techniques sur la nature des explosions nucléaires et le matériel pollué enfoui», qualifiant l’absence de données sur ces essais de «crime majeur commis par la France coloniale». Pour le général Bouzid Boufrioua, l’Etat algérien a rempli son devoir en confiant à l’Armée nationale populaire (ANP) la mission de sécuriser, assainir et protéger les sites des essais nucléaires français dans les zones concernées par les risques dus à la pollution radioactive. Il a déjà été procédé dans ce contexte au «déploiement d’une formation de sécurisation dans les sites à travers la création de deux unités de l’arme de génie de combat des forces terrestres, une compagnie dans la région de Reggane, dans la 3e Région militaire, et une compagnie à In Ekker, dans la 6e RM, chargées de la sécurisation et de la protection des vieux sites des essais nucléaires», a-t-il fait savoir.
Il a également été procédé à la «marcation et quadrillage des frontières des sites», «la reconnaissance et surveillance aérienne des zones polluées», «la sécurisation sanitaire des éléments et assistance médicale de la population locale», et le «contrôle et analyse périodique des sources d’eau et fermeture des puits près des zones polluées», a précisé le général Bouzid Boufrioua qui estime que ces efforts sont satisfaisants, sachant que ces zones étaient une sorte de décharge à ciel ouvert pour les déchets radioactifs et qu’elles sont désormais sous total contrôle. Dans l’immédiat, a-t-il souligné, le phénomène lié à l’enlèvement aléatoire des déchets radioactifs a été éradiqué. Les citoyens ne peuvent plus s’approcher des zones polluées. La situation radioactive fait l’objet d’un suivi continu.
Lakhdar A.