Zitouni et les ambassadeurs de la cause algérienne

Ils ont fait la révolution avec comme seule arme un ballon

Mustapha Zitouni est un footballeur exemplaire, le meilleur défenseur algérien de tous les temps, un nom qui ne dit certainement pas grand-chose à cette nouvelle génération d’Algériens, mais ils en savent quelque chose sur son parcours footballistique.

D’un calme olympien, il savait redonner confiance à ses partenaires et les organiser par sa manière de jouer et où il préférait s’imposer par la finesse, plutôt que par la puissance de ses tacles. C’est un joueur de football qui n’a jamais triché et qui a laissé derrière lui une image d’un homme qui s’est toujours dévoué pour la balle et pour son pays l’Algérie qu’il adorait. Arrière central, né le 10 septembre 1928 à Alger, il sera le footballeur algérien qui aura terminé sa carrière internationale à un âge très avancé : 36 ans. Un record qu’il détient toujours bien qu’il ne fasse plus partie de ce monde. Si d’autres défenseurs ont pu s’épanouir depuis ces trente dernières années, aucun n’avait cette extraordinaire maîtrise et cette élégance de jeu qui faisait de Mustapha, que ce soit sur le terrain ou en dehors, un véritable gentleman. Impérial est bien le qualificatif qu’il faut pour présenter ce joueur capable au cours d’une rencontre de passer du poste d’arrière central, à celui d’avant centre sans aucun problème d’adaptation. Mustapha, c’est la classe à l’état pur et une correction exemplaire sur le terrain, tellement exemplaire qu’il fut et reste toujours la fierté de toute l’Algérie.
Mustapha Zitouni est très connu dans la scène footballistique mondiale étant donné que c’est un joueur de football qui a marqué son passage dans tous les stades du monde, d’Europe et d’Algérie. Il a côtoyé les meilleurs joueurs du monde et connu de grandes équipes à son époque, il est en quelque sorte l’histoire du football algérien qui a eu le privilège et l’honneur de contribuer à la guerre de Libération nationale avec l’équipe du FLN. Certains footballeurs lui reconnaissent qu’il respire le ballon, tellement le personnage était un passionné. Infatigable, il était apprécié et respecté aussi bien par ses adversaires que ses coéquipiers. Zitouni a commencé à taper sur un ballon très jeune. C’est avec la grande école, l’OM Saint Eugène qu’il a débuté. Il fut repéré et sollicité par les dirigeants de l’AS Cannes qui évoluait dans le championnat français en deuxième division. Sa classe et son élégance séduisirent les dirigeants de l’AS Monaco qui l’engagèrent pour diriger la charnière défensive de la principauté du Rocher.
Il signa une licence, et de là, il étala toute sa classe en connaissant une ascension et une progression fulgurante dans sa manière de jouer au ballon. Il frappe à la porte de l’équipe nationale des tricolores puisque les sélectionneurs de l’époque lui font appel pour lui confier l’axe central défensif où il parvient à éclipser le Grand Jonquet. D’ailleurs, Di Stefano reconnaît en lui, le plus brillant défenseur qu’il ait jamais rencontré. Retenu pour la Coupe du monde de 1958, les portes de l’Eden et de la gloire s’ouvraient devant lui. Il aurait pu devenir archi-millionnaire et le joueur le plus riche de la planète, mais Zitouni a préféré l’amour de la patrie et faire le choix du cœur, celui de rejoindre les siens à Tunis en 1958 pour faire partie de l’équipe de la Liberté, celle du Front de libération national qu’il a dignement représentée et où il a beaucoup voyagé à travers les grandes nations tels que la Chine, le Vietnam, la Yougoslavie, la Jordanie, l’Egypte, le Maroc, la Syrie… autres. Mustapha Zitouni est un grand homme qui a toujours vécu humblement avec des principes.
Un illustre personnage qui a laissé son empreinte dans tous les stades d’Algérie, du monde et d’Europe puisqu’il fut un excellent joueur et un entraîneur très qualifié qui avait formé plusieurs générations de footballeurs. Il était un père et un éducateur qui a marqué toutes les personnes avec lesquelles il avait travaillé. C’est quelqu’un de très humble, très connu sur la scène footballistique nationale puisqu’il a travaillé avec plusieurs clubs, de véritables écoles du football algérien : l’OMSE comme joueur, le RC Kouba où il était entraîneur. Joueur puis au SCAF Freville (Khemis-Miliana) comme entraîneur. C’était un coach courageux qui faisait confiance aux jeunes, un vrai bosseur et connaisseur car il avait le flair de dénicher les perles rares et son critère «Number One» est simple : pour faire confiance à un jeune, il faut que ce dernier soit combattif, motivé et acharné pour réussir.
Mustapha ne fait plus partie de ce monde, mais il a laissé derrière lui, l’image d’un homme qui s’est dévoué corps et âme sans compter pour son pays, pour la cause algérienne et surtout pour le ballon rond. A 34 ans, il est retenu en sélection nationale par le duo Firoud et Ammi Smaïl Khabatou et il sera le footballeur algérien qui aura terminé sa carrière internationale à un âge très avancé, 36 ans. Un record qu’il détient toujours, Mustapha Zitouni est un personnage comblé. Il a tout connu, l’amateurisme, le professionnalisme, l’équipe de la Liberté, l’équipe nationale post-indépendance, le métier d’entraîneur-joueur. Le professionnalisme avec les clubs de France, sans oublier les clubs d’Algérie. Il a porté le maillot national plus de 12 fois, il a joué son premier match avec les Vert et Blanc à l’âge de 34 ans et 10 mois en date du 6 juillet 1963 contre l’Egypte puis l’URSS à l’âge de 36 ans. Mustapha Zitouni nous a quittés, il n’y a pas très longtemps suite à une longue maladie, c’était un véritable gentleman et dont les Algériens portent dans le cœur.
Kouider Djouab