Ceux qui s’attaquent à l’ANP veulent déstabiliser l’Algérie

ANP

Certaines personnes, sous le couvert de la démocratie, à laquelle je suis depuis de longues décennies profondément attachée (voir mes écrits www.google.com 1974/2011), face à des partis politiques rejetés par la population et une société civile atomisée inorganisée, dans un but de déstabilisation, s’attaquent ouvertement à la seule institution organisée dans le pays à savoir, l’ANP et les forces de sécurité, dont la vocation est de protéger le territoire national et assurer la sécurité des biens et personnes et ce, au moment où de vives tensions géostratégiques se trament au niveau de la région.

Dans les pays dits démocratiques les armées et les forces de sécurité contrairement à certaines propagandes, jouent un rôle central dans la sécurité et le développement. Il appartient au gouvernement et au partis politiques de proposer et mettre en œuvre une politique cohérente et réaliste qui puisse favoriser le développement social économique car existe un lien dialectique entre sécurité et développement.
1.-Contrairement à bon nombre de pays, où ont été dénombrés de nombreux morts et blessés, les forces des sécurités algériens, en dépit de certains dépassements mineurs mais qui n’engagent pas l’institution, se sont cantonnées à l’encadrement des manifestations. Il faut être objectif et éviter les dénigrements gratuits. A l’avenir, il appartient au gouvernement d’éviter l’incohérence de sa politique socio économique qui crée l’insécurité et aux partis politiques, non créés artificiellement, en cas de malaise social, comme cela se passe dans les sociétés démocratiques  de servir d’intermédiation politique, épaulés par une société civile dynamique, collant avec la réalité sociale afin d’éviter un affrontement direct entre forces de sécurité et citoyens.  L’on peut faire une des meilleures Constitutions et lois (ce mythe bureaucratique du juridisme), l’important étant d’analyser le fonctionnement de la société par la pratique sur le terrain. Comme l’a démontré brillamment l’économiste indien professeur Sen A. K., prix Nobel d’économie, pas de bonne économie sans vraie démocratie tenant compte des anthropologies culturelles, mais n’existant pas d’Etat standard mais que des équipements anthropologiques qui le façonnent. D’où l’importance d’institutions démocratiques, pour une société participative car pour faire respecter le contrat de coopération, s’impose une efficacité des institutions qui régissent des règles de coopération qui peuvent être informelles (comme les tabous, certaines traditions) ou formelles (écrites, codifiées comme le droit moderne).
Les enjeux actuels et futurs des réformes passent par une évaluation à son stade actuel et ses environnements politiques, économiques, sociaux et internationaux, une identification des acteurs internes et externes impliqués dans le processus des réformes, une analyse des stratégies développées ou qui risquent d’être développées par les acteurs hostiles et une série de contre-mesures à mettre en œuvre par les acteurs favorables et anticiper les risques d’échec.
L’objectif stratégique est une profonde moralisation, renvoyant à la refondation de l’Etat, pour ne pas aller vers cette décadence analysée par le grand sociologique Ibn Khaldoun, conciliant la modernité et son authenticité, l’efficacité économique et une profonde justice sociale. Car pour donner des leçons de morale, il faut être avant tout moral. Un responsable moral ne pouvant jouir d’une retraite à vie après avoir exercé deux à cinq années devant rejoindre son travail d’origine pour jouir d’une retraite méritée, comme dans tous les pays du monde étant pour une mission temporaire au service de l’Etat. C’est que tout projet social, en démocratie, est porté par des partis politiques, fonction d’affinités idéologiques et économiques dont le  but, pour être crédible, loin des slogans populistes, est d’améliorer la situation sociale des citoyens, de concilier efficacité économique avec une profonde justice sociale impliquant une économie forte, toute nation ne partageant que ce qu’elle a préalablement produit.
2.-Vouloir créer des organisations artificielles, remplacer Mohamed par Abdelkader pour jouir d’une rente, ne résout en aucune manière les problèmes du pays. Force est de constater que les partis politiques traditionnels, pouvoir et opposition et la société civile appendice de ces partis ont été incapables de servir d’intermédiation politique et sociale, (se servant de communiqués dans les salons) car non crédibles aux yeux de la population où en cas de malaise les forces de sécurité se retrouvent seules en face des citoyens. En raison des crises internes qui les secouent périodiquement, du discrédit qui frappe la majorité d’entre elles, de la défiance nourrie à leur égard et à l’endroit du militantisme partisan, les formations politiques actuelles ont une faible capacité aujourd’hui de faire un travail de mobilisation et d’encadrement efficient, de contribuer significativement à la socialisation politique et donc d’apporter une contribution efficace à l’œuvre de redressement national. Quant à la société civile force est de constater qu’elle est éclatée y compris certaines confréries religieuses qui avec la désintégration sociale et une jeunesse parabolée ont de moins en moins d’impacts contrairement à une vision du passé. Comme pour les partis, la majorité se manifeste que sur instrumentalisation, vivant du transfert de la rente et non sur la base des cotisations de leurs adhérents. C’est que la confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend urgent l’élaboration d’une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l’Etat ajoute à cette confusion. Ainsi, en ce mois de mars 2021, la verra-t-on se scinder en quatre sociétés civiles fondamentalement différentes, trois au niveau de la sphère réelle et une dominante dans la sphère informelle Al Hirak et la majorité silencieuse informelle.
-Premièrement, le premier segment qui a été par le passé le plus gros segment, interlocuteur privilégié et souvent l’unique des pouvoir publics sont des sociétés civiles, appendice du pouvoir se trouvant à la périphérie des partis du pouvoir où les responsables sont parfois députés, sénateurs, vivant en grande partie du transfert de la rente.
-Deuxièmement, nous avons une société civile ancrée franchement dans la mouvance islamiste, certains segments étant l’appendice de partis islamiques légaux.
-Troisièmement, nous avons une société civile se réclamant de la mouvance démocratique, faiblement structurée, en dépit du nombre relativement important des associations qui la composent, et minée par des contradictions en rapport, entre autres, avec la question du leadership.
-Quatrièmement, nous avons une société civile informelle, inorganisée, qui s’est retrouvée au niveau d’Al Hirak, atomisée qui est de loin la plus active et la plus importante, formant un maillage dense, tous les acteurs voulant un changement, mais du fait de tendances idéologiques contradictoires incapables de s’entendre sur un programme de gouvernement cohérent.
-Cinquièmement, nous avons une société informelle, la plus nombreuse, silencieuse ne devant pas oublier que car la population active dépasse les 12 millions d’habitants sur une population totale dépassant 44 millions qui observent la situation politique, économique et sociale.
L’intégration intelligente de la sphère informelle, non par des mesures bureaucratiques autoritaires, mais par l’implication de la société elle-même, est indispensable pour sa dynamisation. Car lorsqu’un Etat veut imposer ses propres règles déconnectées des pratiques sociales, la société enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner.
Aussi, l’Algérie sera ce que les Algériennes et Algériens voudront qu’elle soit. Les responsables algériens s’adapteront-ils à ce nouveau monde dynamique en perpétuel mouvement, n’existant pas de modèle statique, ou vivront-ils toujours sur des schémas dépassés des années 1970/2000 conduisant le pays à l’impasse ? Pour réussir les réformes, l’Algérie, acteur stratégique de la stabilité de la région méditerranéenne et africaine, a besoin de nouvelles intermédiations loin des aléas de la rente, Pour cela que soit posé un regard critique et juste sur sa situation, sur ce qui a déjà été accompli de 1963 à 2020, et de ce qu’il s’agit d’accomplir entre 2021/2030 au profit exclusif d’une patrie qui a besoin de se retrouver et de réunir tous ses enfants autour d’une même ambition et d’une même espérance, la sécurité nationale et le développement économique et social du pays. Méditons des réflexions pleines de sagesse de Voltaire, Monsieur je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrais de toutes mes forces, afin que vous puissiez toujours le dire, du grand philosophe Aristote, le doute est le commencement de la sagesse, de ce proverbe amazonien, quand on rêve seul, ce n’est qu’un rêve mais quand on rêve tous ensemble, c’est déjà le commencement de la réalité.
Professeur des universités, expert international Dr Abderrahmane Mebtoul