«Les prix des additions s’envolent !»

Produits de large consommation

Malgré les moult démentis des uns et des autres sur la hausse illégale, les prix des fruits et légumes et des produits alimentaires subissent de folles envolées, et ce, depuis décembre 2020. Un constat amer, révoltant et sans aucune explication logique, où des barons connus sur la place publique au niveau de différentes wilayas, font et défont le marché a leur guise, défiant tous les gouvernements et les lois en imposant plutôt la loi du talion.

L’année 2021, qui s’annonce apparemment très glacée, pour les petites bourses et autres revenus sommaires, ajoutant davantage de souffrances aux Algériens de la troisième couche de la société malmenés sur plusieurs fronts en même temps. Après la semoule, la farine, le lait voici le tour de l’huile de table qui connaît une autre tournure déplorable, qui reste, celle de sa disparition totale de ce produit stratégique des étales. «Une aberration dans une Algérie nouvelle», diront des citoyens dupés par tant de discours infects. A n’y rien comprendre ! La loi autorise le Gouvernement à intervenir lorsqu’il est constaté des hausses inconsidérées des prix de produits alimentaires de base. A l’exemple du prix du poulet qui a pris des ailes, où le tarif appliqué dans la wilaya de Mascara et ailleurs se monnaye entre 425 et 475 dinars le kg, la viande congelée hachée qui était de l’ordre de 500 dinars le kg est cédée à 1.250 dinars le kg.

«Ce n’est pas au ministre de l’Agriculture de nous ordonnez ses prix !»
Des aviculteurs rencontrés diront au sujet de la nouvelle cotation de la chair de volaille diront que : «Ce n’est pas au ministre de l’Agriculture de nous dicter ses prix ! Dans une économie de marché libérale, les prix sont libres en plus les frais engagés par nos soins dans ce secteur est devenu une véritable spirale de l’arnaque, dont on paye chèrement l’addition où l’Etat demeure le grand absent. Dans ce contexte, nous sommes dans l’obligation de revendre la viande de poulet au prix qui nous revient !» Comment se fait-il que durant le premier jour du mois sacré, le prix de la viande bovine congelée hachée made in India, a augmenté doublement pour finir chez des bouchers véreux au tarif ignoblement placardé à 1.500 DA /kg.
Aussi, le mouton congelé qui était revendu par l’Office sis à l’ex-village socialiste agricole (VSA) à Khessibia demeure introuvable, et ce, vu l’arrêt des importations. Le bœuf congelé, quant a lui dont on nous assure être du «frais» est revendu dans la fourchette de 1.600 dinars auprès des diverses boucheries situées dans la wilaya de Mascara. Semoule, farine, huile, etc. qui connaissent une flambée soudaine des prix, où plus grave encore avec la disparition de l’huile de table comme par enchantement née d’un deal des cimes entre gourou et les illuminés des salles obscures. L’huile qui était de l’ordre de 560 la bouteille de cinq litres a vu son prix frôler les 850 dinars sous table.

«A quoi servent les directions du contrôle et des prix? »
Ici, les contrôleurs des prix ne font pas leur boulot convenablement. Leur défaillance, à cet égard, est si évidente que l’on est tenté de dire qu’ils seraient de connivence avec les commerçants peu scrupuleux des lois de la République. Faut-il fermer les directions du contrôle et des prix en Algérie ? Ou seulement le petit épicier et autres coiffeurs payent les pots cassés des contraventions et autres fermetures administratives abusives. Dans ce même contexte navrant, on nous fera savoir que la direction de la concurrence et des prix «se fixe comme pour objectif le contrôle de la qualité et que pour la pratique des prix, ils demeurent libres». Effectivement, c’est la liberté de la jungle devant le regard complaisant des décideurs qui ne connaissent rien de l’érosion du pouvoir d’achat qui a franchi le seuil de l’insupportable où l’épargne de la troisième couche des laissés-pour-compte d’Algériens est quasiment nulle. Aussi, les beaux discours du ministre du Commerce, n’ont pas mis du baume dans le cœur. C’est l’anarchie. Il ne s’explique pas pourquoi, en économie de marché, l’offre dépasse de loin la demande alors que les prix ne baissent pas. Mieux, ils augmentent. Les marchés sont gorgés de produits agricoles, conséquence d’une bonne production.
Or, ces mêmes produits se vendent partout aux mêmes prix. C’est la loi d’une mafia puissante qui a accumulée des milliards à leurs incommensurables fortunes acquises malhonnêtement grâce à la manne financière de l’Etat providence via des crédits administrés du Fndra, Pndra et autres sobriquets de la tarte nationale et de la culture de l’argent facile qui coule à flot. Ici, les nouveaux prix affichés ne sont plus un handicap, les consommateurs effrénés et de toutes classes sociales confondues, achètent avec exagération, peu importent le prix pratiqué. C’est la fièvre acheteuse incommensurable et à gogo ! La flambée a atteint son summum a l’approche de ce mois sacré de Ramadhan 2021. Les grossistes, intermédiaires, mandataires, commerçants, se sont donnés le mot d’ordre pour afficher partout le même refrain de la «liberté de voler» en toute impunité. Le citoyen, quant à lui résigné, ne fait qu’abdiquer à prendre ce qu’on lui propose : le kilo de carotte à 60 DA, les navets à 90 DA, la salade verte à 100 DA, la tomate à 120 DA, la courgette à 100 DA, la pomme de terre à 70 DA, la viande de mouton (?), bœuf congelée importé (?) à 1.500 DA le kilogramme, etc. Nous remarquerons qu’il n’y a rien d’excessif dans ces achats limités aux petites bourses.
Ce sont les prix qui sont exorbitants, pratiqués durant le premier mois de janvier 2021, et qui vont crescendo. Ce qui nous donne la coquette somme de 6.500 dinars déboursés en moyenne par semaine pour une famille composée de quatre personnes, où le chef de famille doit dépenser davantage pour faire ses emplettes puisque les prix ne cessent d’amplifier de pis en pis, et ce, en l’absence notable des services concernés par cette incroyable anarchie des prix libres. Conscient de cet état de fait, le pouvoir d’achat des consommateurs qui s’est figé avec une disponibilité des produits a des coûts excessifs, ne peut permettre aux citoyens de la troisième couche de s’approvisionner à des prix abordables. En vain… Comme à chaque serment, les mesures prises par les gouvernements qui se succèdent, demeurent peu ou prou soutenables et la vérité des barons s’impose, comme preuve du contraire de ce qui se passe sur le terrain du pouvoir d’achat des laissés-pour-comptes.
Tous ceux qui nous avons interrogés ont manifestés leurs ras-le-bol au sujet des prix exagérés pratiqués par les gros bras des halls et la dégradation du pouvoir d’achat, où même avec un salaire de 40.000DA, ne suffirait à tenir un mois convenablement. Les citoyens, qui s’attendaient à un retour à la normale de la mercuriale assistent, bien au contraire, à un relèvement préoccupant des prix des fruits et légumes. Tous se passe comme si les mécanismes de contrôle des prix et d’hygiène mis en place pour la circonstance par les pouvoirs publics ont été réactivés durant ce mois sacré de piété, ont eu a intervenir en catimini où des résultats maigres ont été enregistrés, et dont leurs interventions restent limitées.
Ainsi, comme à chaque occasion apparue, le folklore est encensé, où la hausse illégale des prix, passivité légendaire et reconduite de la répression et des fraudes et autres brigades mixtes demeurent le dernier bastion évaporé du décor de la folie mercuriale. Pour fermer la marche, n’est-il pas vrai que : «Quand la plupart des responsables se font servir par camion entier de produits de fruits et légumes et viandes fraîches, le citoyen est tout nu !». Jeter de l’huile sur le feu en cette période économique et social très délicate, on comprend le parallèle entre le caractère inflammable de l’huile qui va attiser un feu au lieu de l’éteindre et une personne qui aggrave une situation au lieu de la résoudre.
Manseur Si Mohamed