Près de 3.000 victimes de mines anti-personnel implantées par le Maroc

Sahara occidental

Pas moins de 2.980 victimes de mines anti-personnel implantées par le Maroc au Sahara occidental occupé ont été recensées au 13 novembre 2020, a fait savoir, dimanche, Moulay Ezzine Sidi Mohamed, directeur du Bureau sahraoui de lutte anti-mines.

«Le Maroc a procédé à un minage des plus intensifs, soit 2,2 mines/habitant», a indiqué M. Moulay Ezzine au cours d’une intervention par visioconférence, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la sensibilisation au problème des mines et de l’assistance à la lutte anti-mines à Alger. «Il y a quelque 14.000 km2 pollués en mines anti-personnel. Ces statistiques couvrent la période d’avant le 13 novembre 2020», a précisé le conférencier, notant que «les mines sont implantées particulièrement aux alentours du mur de la honte érigée par le Maroc en 1990 en violation du droit international».
Selon le responsable sahraoui, «de nombreuses organisations internationales ont été saisies et elles ont pris acte des violations du Maroc». M. Moulay Ezzine a ajouté que les Sahraouis comptent saisir la Cour pénale internationale(CPI) une fois le travail sur les statistiques sera terminé, relevant, par ailleurs, que «la prise en charge des victimes reste toujours délicate notamment en ce qui concerne l’aspect psychologique dont les séquelles marquent les esprits à vie». S’exprimant à cette occasion, le président du Conseil national des droits de l’Homme(CNDH), Bouzid Lazhari, a fait savoir que le Maroc qui fait partie des rares pays n’ayant pas encore ratifié la convention d’Ottawa sur l’interdiction des mines anti-personnel a été sévèrement rappelé à l’ordre en 2016 par les Nations unies le sommant de procéder sans délai au déminage des territoires sahraouis occupés.
De son côté, l’ambassadeur sahraoui en Algérie, Abdelkader Taleb Omar, a souligné que «la non ratification de cette convention par le Maroc est la meilleure preuve qu’il est contre la légalité et le droit international». Selon M. Taleb Omar, « le Maroc vise à travers sa politique de minage intensif à priver les sahraouis de se déplacer librement dans leurs territoires, après les avoir séparés. D’après le secrétaire général de l’Institut national d’études de stratégique globale (INSG), Hacène Gherabi, «la densité du minage dans les territoires sahraouis occupés est très élevée». «La communauté internationale ne doit pas rester inactive face à de tels dépassements», a plaidé M. Gherabi.

L’UA appelée à jouer un rôle plus fort pour instaurer une paix durable
Le Commissaire à la paix et à la sécurité de l’Union Africaine (UA), Adeoye Bankole, a appelé l’organisation africaine à «jouer un rôle plus important et plus actif» pour instaurer une paix durable dans le continent. Dans un tweet posté sur son compte au terme de sa rencontre avec le représentant de la République sahraouie à l’UA, Lamine Baali, au siège de l’organisation continentale à Addis Abeba, Adeoye Bankole a précisé qu’ils avaient convenu de «la nécessité d’un règlement pacifique aux conflits et à la sécurité régionale pour faire taire les armes». Le CPS africain a récemment demandé au Maroc et à la République arabe sahraouie démocratique (RASD) de s’engager dans des pourparlers directs et sans conditions préalables, conformément à l’article 4 de l’Acte constitutif de l’UA et aux dispositions pertinentes du Protocole relatif au CPS.
Le CPS a souligné la nécessité d’une cessation immédiate des hostilités et d’engager un dialogue, en créant un environnement propice à la conduite de négociations entre la République sahraouie et le Royaume du Maroc, dans sa déclaration finale adoptée concernant la réunion sur le Sahara occidental tenue le 9 mars dernier, dans le cadre du suivi de la mise en œuvre du point numéro 15 de la décision de la 14e session extraordinaire de l’UA autour du thème «Faire taire les armes». Le Conseil a demandé à la Commission de l’UA de prendre d’urgence les mesures nécessaires pour la réouverture du Bureau de l’UA à Laayoune au Sahara occidental occupé, afin de permettre à l’Union africaine de réactiver son rôle dans la recherche d’une solution politique à ce conflit de longue date.
Le Conseil a décidé que la Troïka de l’UA lance rapidement des contacts avec le Royaume du Maroc et la République sahraouie, l’objectif étant de parvenir à une solution permanente à la crise, appelant à effectuer une visite sur terrain dans les plus brefs délais pour obtenir des informations directes sur la situation et à exhorter le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres à désigner rapidement un nouvel envoyé personnel au Sahara occidental. Il a appelé les trois membres africains du Conseil de sécurité de l’ONU, à savoir le Kenya, le Niger et la Tunisie à faciliter la coordination entre le CPS de l’UA et le Conseil de sécurité de l’ONU concernant cette question.

L’ALPS mène de nouvelles attaques contre les forces d’occupation marocaines
Les unités de l’Armée populaire de libération sahraouie (ALPS) ont mené, vendredi et samedi de nouvelles attaques visant les positions des forces d’occupation marocaines le long du mur de sable, selon un communiqué du ministère de la Défense sahraouie. «Des unités de l’armée sahraouie ont bombardé vendredi les positions des forces d’occupation dans la région d’Achrak Laghrab relevant du secteur Guetla», a indiqué le 143e communiqué rapporté par l’agence de presse sahraouie (SPS). Durant la journée de samedi «les unités de l’armée sahraouie ont mené de nouveaux bombardements visant les positions des forces d’occupation retranchées dans la région de Ras Fedra dans le secteur de Hawza et dans la région de Ras Chedhima dans le secteur de Mahbas». Des «bombardements violents ont également visé les positions des soldats d’occupation au nord d’Akrara Lahdid et à Lakssiene dans le secteur de Frissa». Les attaques des combattants de l’APLS continuent de cibler les positions des soldats d’occupation, qui ont «subi des pertes considérables en vies humaines et en matériel le long du mur de le honte», conclut le communiqué du ministère de la Défense sahraoui.
R. R.