Un autre Ramadhan hors de prix !

Spéculation, inflation et déni total de responsabilité

Le prix des denrées alimentaires font, depuis le début du mois de Ramadhan, l’objet de surenchères sur le marché national. Depuis, la polémique enfle sur les causes de ce malaise social croissant qui plombe le pouvoir d’achat et la confiance du consommateur, en crise.

Impuissant face à cette flambée des prix, le consommateur algérien ne sait plus quoi faire et se retourne vers les voix officielles qui avaient promis de mieux réguler les prix durant ce mois sacré. Sans avoir l’écho voulu. Laisser à son propre sort, il n’a d’autres que de se résigner à accepter la situation, amputer son budget alimentaire et revoir ses besoins quotidiens, ce qui n’est pas évident durant cette période. La gravitation inflationniste autour des prix des fruits et légumes et des viandes (rouges et blanches) font craindre le pire. Un choc difficile à contenir avec la perte et la baisse des revenus des citoyens à cause de la crise sanitaire du Covid-19, qui a bouleversé l’économie et les finances du pays. Cette crise a fait basculer des milliers voire des millions de familles dans la précarité et fait creuser les inégalités d’une phase à une autre. Que faire avec un revenu à 20 000 dinars ?

Qui est le responsable de toute cette tension socio-économique ?
Certaines parties (producteurs et commerçants) tentent de trouver des arguments pour justifier leur position afin de rejeter la responsabilité qui leur incombe sur les autorités locales et même sur le consommateur, profitant de la situation pour ressortir le registre des subventions publiques. Ils remettent ainsi la politique sociale du Gouvernement, qui, selon eux, est à l’origine du choc inflationniste qui touche de nombreux produits agricoles qui ont commencé à être frappés par une envolée des prix depuis plusieurs semaines, provoquant un important déséquilibre. Cette instabilité risque de provoquer une véritable tension sociale, si les autorités et toutes les parties concernées ne trouvent pas de compromis et de solutions à cette crise. Une concertation s’impose pour évaluer et examiner les facteurs et les acteurs à l’origine de cette hausse vertigineuse des cours des produits alimentaires.
Ainsi trouver des solutions communes entre les différentes parties (producteurs, industriels, distributeurs, intermédiaires et commerçants). Une semaine depuis le début du Ramadhan, les tarifs n’ont pas changé. Et, les virées dans les marchés ne sont plus utiles. Les citoyens crient leur mal-vie et dénoncent cette situation, quotidiennement, via les réseaux sociaux. La flambée des prix des fruits et légumes a affecté non seulement leur porte-monnaie, mais aussi leur mode de consommation et leur santé. Le risque de l’insécurité alimentaire hante, d’ailleurs, plusieurs experts qui prédisent l’appauvrissement accéléré de la société. Idem pour les activistes de l’Association de Protection et Orientation du Consommateur et son Environnement (Apoce) qui ne cessent de mettre en garde contre les effets de l’érosion du pouvoir d’achat des Algériens et la hausse des prix de produits alimentaires, interpellant, à chaque fois les pouvoirs publics afin d’agir à travers la prise de mesures urgentes pour améliorer la situation des consommateurs.
Cette organisation ne cesse de dénoncer le danger de l’éclatement de la bulle spéculative qui affectera tous les secteurs économiques tôt ou tard. Le consommateur en ressent, d’ores et déjà, les conséquences de cette pression financière et commerciale. Sans exception, ni surprise, toutes les wilayas du pays sont touchées par l’envolée des prix des fruits et légumes sur le marché. Des prix exorbitants et inaccessibles aux personnes mal-loties et qui ne trouvent plus d’explication à cette situation problématique et récurrente. Les opérations d’approvisionnement, de déstockage et l’ouverture des marchés de proximité n’ont pas aidé à baisser les prix. Un kilogramme de tomate se vend à 180 dinars, la carotte à 90 DA, l’oignon à 80 da et la pomme de terre à 120 DA, sans aborder les prix des fruits qui sont extrêmement élevés et inaccessibles pour un salarié à faible revenu ou pour un chômeur.
La pandémie du Coronavirus a révélé la fragilité du système alimentaire national et la mauvaise gestion de ce secteur. Toutes les explications avancées jusque-là par des commerçants et des producteurs d’un côté et des pouvoirs publics de l’autre, restent insuffisantes. Certes, les grandes tendances de l’offre et de la demande influencent les cours des produits alimentaires, mais plusieurs signes indiquent la grande implication de la spéculation traditionnelle sur les marchés des produits agricoles. Pointant les revendeurs et les intermédiaires. L’absence de mesures dissuasives et coercitives à l’égard des spéculateurs et le manque de contrôle encouragent ces pratiques sociales et économiques illégales. En attendant la mise en œuvre de nouvelle réglementation pour rendre l’activité commerciale plus transparente et plus équitable, le consommateur subira les épisodes de la forte hausse des produits alimentaires.
Samira Takharboucht