Le lait distribué rarement et l’huile de table est quasiment introuvable

Crise dans la distribution de lait et d’huile de table à l’Est du pays

Du jamais vu auparavant dans les précédents mois de Ramadhan, le citoyen bien tourmenté et désespéré pour avoir un bidon d’huile de table de 5 litres ou obtenir un sachet de lait.

Une situation unique en son genre où des résidents d’autres wilayas notamment Guelma, Tébessa, Skikda et Souk Ahras viennent tôt pour faire une file de chaîne et acheter 2 bidons d’huile de table à 1200 DA dans le stock de la cité Pont blanc à Annaba. Les habitants de la ville sont étonnés de voir cette inhabituelle situation dans leur région. La crise de lait et d’huile n’est certainement pas résolue encore dans les villes de l’Est. La filière du lait connaît peu à peu une certaine évolution en matière de production grâce surtout aux performances réalisées dans une politique du renouveau rural et à l’importation prochaine de vaches laitières pour notamment consolider le potentiel de la filière. Des compétences, des contraintes et des opportunités dans la filière du lait ont été remarquées et mis au devant du 1er Salon régional du lait organisé dernièrement dans la wilaya de Souk Ahras région de l’Est du pays. De nombreux opérateurs du secteur sont venus du centre et de l’ouest algérien pour débattre leurs connaissances ainsi que les opportunités d’offre de la filière du lait en Algérie. Comment arriver à l’autosuffisance nationale et surtout réduire la grosse facture d’importation du lait en poudre ? Tel était le sujet principal de cette importante rencontre.
Or, les quantités importées de ce produit (lait en poudre, crèmes de lait et matières grasses laitières utilisées comme intrants) ont reculé durant les cinq premiers mois de 2016 pour s’établir à 161 225 tonnes contre 172 930 tonnes, soit une baisse de 6,77% entre les deux périodes de comparaison, indique le Centre national de l’informatique et des statistiques des douanes (Cnis). La facture d’importation de lait et les matières premières a reculé à 399,71 millions de dollars pendant cette période, contre 519,04 millions en même période de 2015. En effet, les prix à l’importation des poudres de lait ont reculé durant le 1er trimestre 2016 en passant à 2 469 dollars/tonne contre 3 040 dollars/tonne durant la même période en 2015. Le gouvernement veut réduire les importations de ce produit subventionné et de promouvoir la filière lait en faveur des éleveurs et des opérateurs de ce secteur en augmentant la subvention du lait cru et en encourageant l’investissement, souligne-t-on.
Le représentant du groupe Gapel d’appui aux producteurs et éleveurs laitiers relevant de l’Onil a fait savoir que la wilaya de Souk Ahras qui disposait d’une production de lait par jour de 9,92 litres en 2012 vient de réaliser 14,12 litres en 2016. Or, le directeur général de l’Onil avait annoncé à la Radio nationale un accord signé avec l’association française Bretagne international qui porte sur le développement du secteur en question soit un projet de 5,7 millions d’euros afin d’arriver à des prévisions estimées à 700 millions de lait cru en 2012, soulignons que 560 millions litres de lait cru ont été collectées en 2011 pour précise-t-on une production évaluée à 42% soit 1,4 milliard de litres sachant que l’Algérien consomme en moyenne 120 litres par an contre 85 litres pour les Tunisiens et seulement 65 pour les Marocains.
Sur le plan de l’importation de la poudre du lait, l’Etat avait dégagé une enveloppe de 40 milliards de DA tout en mettant fin aux perturbations de distributions qui avaient touché plusieurs localités et régions du pays auparavant avec un plan de stockage de poudre de lait importé qui reste d’ores et déjà suffisant pour couvrir la demande du marché intérieur jusqu’à presque la fin de l’année 2012, a-t-on appris. Durant les 4 derniers mois 2012, la production nationale avait atteint 1,43 milliard de litres dans laquelle les pays producteurs à savoir Sétif, Tizi ouzou, Bordj Bou-Arréridj, sidi bel-Abbès, Tlemcen, Souk Ahras et Batna avaient produit près de 54% de la production globale.

Un jeu obscur se joue dans la distribution des sachets de lait au citoyen
La crise du lait en sachet continue malheureusement de rendre les citoyens de l’Est mécontents et furieux à chaque début de la matinée devant les petites camionnettes qui distribuent cet insuffisant produit de large consommation dans la wilaya de Annaba. Malgré que la direction du commerce, la direction des services agricoles et l’Office national interprofessionnelle du lait et des produits laitiers ont ouvert une enquête pour découvrir les anomalies dans la distribution pour cette région en identifiant les parties responsables de cette crise qui dure depuis juillet 2019. Avant 2019, la laiterie Edough recevait de l’Onil 800 tonnes de lait en poudre, pour une production de 90 000 litres de lait pasteurisé par jour. Après juillet 2019, la quantité de poudre reçue est descendue à 680 tonnes, pour une production de 80 000 litres par jour. En 2020, la quantité de poudre est descendue à 587 tonnes pour une production qui avoisine les 72 000 litres par jour alors que la quantité distribuée a été moins que cela.
La commission d’enquête a découvert 8 552 litres manquants. L’enquête est toujours en cours visant une complicité entre producteurs et distributeurs. Le pauvre citoyen paye toujours les pots cassés, vers dix heures, il n’y plus de lait en sachet en vente chez les commerçants qui eux cachent tout le temps une certaine quantité derrière le local. Au niveau des laiteries, les distributeurs reçoivent une quantité imposée de lait en sachet, lait de vache, les commerçants de leur côté imposent aux citoyens d’acheter du lait de vache avec le lait pasteurisé. Et ceci concerne les villes de Annaba, El Bouni, Sidi Amar et El Hadjar. La faute incombe aux citoyens qui ne veulent pas dénoncer ces actions ni déposer plainte pour ces infractions. A l’Est du pays à l’exemple de la wilaya de Souk Ahras qui possède une seule unité de production traitant ainsi 40 000 litres par jour, quelque 34 millions de litres collectés ont été transférés vers les unités de Guelma, Annaba, Skikda et El Taref.
Le cheptel bovin de cette wilaya compte 87 600 têtes dont 12 100 vaches hybrides et 29 000 de races locales pour 5 000 éleveurs dont 2 100 intégrés au programme de collecte du lait, révèlent les services agricoles de la wilaya. Certes, les importations de lait de transformations avaient reculé durant l’année 2013 à 989,357 millions de dollars en chutant de 12,4% et la production de lait cru n’a pas pu répondre aux besoins de la population estimés à 5 milliards de litres par an. Selon le Centre national de l’information et des statistiques des douanes algériennes, l’Algérie dispose de seulement 250 000 vaches laitières qui sont loin de satisfaire la demande, estime-t-on.
Oki Faouzi