Aujourd’hui et dans l’ancien temps

Recettes de cuisine adaptées au Ramadhan

La tradition veut qu’à chaque Ramadhan, on change, les recettes de cuisine pour manger plus léger et plus consistant.

La nourriture a toujours été un objet de préoccupation des responsables de familles musulmanes, surtout quand arrive le mois sacré de Ramadhan. Ne parlons pas de ceux qui ont de gros moyens et qui achètent sans regarder, mais des familles vivant modestement ou des pauvres. Il s’agit de pauvres gens qui vivent au jour le jour, cependant chaque famille amène son pain. Le pain veut dire ici nourriture pour laquelle on se débrouille du mieux qu’on peut lorsqu’on a juste de quoi vivre pour des hommes ayant de maigres retraites ou des salaires très moyens et qui représentent la majorité. Mais, quelle que soit la situation, les hommes et les femmes responsables de familles ont appris à se débrouiller pour faire face aux manques et arriver à traverser le mois de Ramadhan sans jamais s’arrêter de croire en Dieu qui pourvoit chacun en nécessaire pour vivre, et les vrais croyants en sont convaincus.
La preuve est qu’ils ne s’affolent pas en cas de hausse des légumes et fruits. Ils s’adaptent à toutes les situations possibles. Pour ceux qui vivent petitement, la viande et les fruits qui ont atteint les plus hauts sommets ne font plus partie de leur alimentation. On s’adapte pour traverser la période difficile dans la bonne humeur. Tout dépend de madame dont certaines ont le don de faire des plats agréables avec des moyens réduits. Mais cela dépend aussi de la saison. L’hiver peut rendre difficile le jeûne, contrairement à l’été, même avec des journées les plus longues. La saison estivale, à condition qu’il y ait l’abondance de légumes et de fruits, met les ménagères devant de grands choix pour les plats à cuisiner. Il y a des familles qui improvisent des plats à base de tomates, de poivrons, d’aubergines qui sont encore à des prix élevés en ce mois de Ramadhan, mais plus abordables.

Des plats préparés à des prix à peu près abordables
Dans l’ancien temps, on se permettait un peu de viande, ne serait-ce que pour la chorba. On faisait toutes sortes de chorba : blanche, rouge, hrira. Maintenant, on fait de la chorba et bien d’autres plats avec le poulet. Il y a des vieux qui se souviennent des mois de Ramadhan en toutes saisons sans viande. Les maîtresses de maison ont su accommoder la nourriture aux désirs et aux besoins de chacun des membres de la famille. Quand on n’a pas les moyens, on se contente de ce qu’on a et personne n’a eu à s’en plaindre. Lorsqu’on est en période d’abondance de légumes et fruits, on essaie d’améliorer en faisant la tchektchouka avec de la tomate, des poivrons, des œufs, un moyen de rompre avec le quotidien qu’on supporte, faute de mieux. La tchektchouka est d’autant plus agréable qu’on la prend avec la galette maison, toujours la meilleure.
On peut se contenter de la seule galette quand celle-ci sort des mains d’une femme aux mains d’artiste. Il y a des femmes qui ont des mains d’or, elles savent tout faire avec un minimum d’ingrédients et tout ce qu’elles font est bon sans avoir besoin de faire des dépenses ruineuses. Et les responsables de famille qui sont d’une grande sagesse dépensent raisonnablement. Quand on gagne peu, on choisit une cuisine modeste. On mange un couscous accompagné d’un bouillon sans viande, mais malgré cela on peut améliorer le bouillon moyennant ajout de quelques bonnes pommes de terre, ou de haricots blancs ou verts qui donnent envie de manger. On peut aussi s’accommoder d’une tchekhtchoukha aux pois cassés qui donne un goût excellent, à condition que ce soit des pois de bonne variété et qui fondent à la cuisson, ça rend même le plat succulent.
Donc on n’a pas besoin de se ruiner pour le Ramadhan en oubliant la viande de bœuf vendue à des prix impossibles, et la plupart du temps c’est de la viande difficile à la cuisson. Des fois ceux qui ont les moyens s’abstiennent et sans regret de n’avoir pas acheté de viande qui n’est pas toujours bonne, ils s’en passent en s’offrant des compensations. La viande de ces temps-ci n’est comme celle d’antan, celle des bêtes de chez nous, de meilleure qualité, est devenue introuvable, en tous les cas les bouchers ne la vendent plus. La viande qui ne cuit et qui dure après trois heures de cuisson, c’est de la viande d’une vieille bête, d’une vieille vache ou d’un vieux bœuf de labour. Ainsi, de la viande immangeable, il faut s’en passer et renouer avec les anciens qui ont passé tous les mois de Ramadhan sans viande et ils n’en sont pas morts.

Ce qui est dit sur la nourriture dans quelques sourates du Coran
Il ne s’agit pas d’alimentation spécifique au Ramadhan mais de nourriture en général. En ce qui concerne la viande, le croyant doit obligatoirement manger de la viande hallal qui proviendrait d’une bête abattue et répondant aux normes prescrites en Islam, à l’exclusion de viande d’une bête morte ou étranglée, ou qu’un prédateur a chassée. Mais, malheureusement, l’actualité est tout autre, vu le prix de la viande et pour le moment, il faut apprendre à s’en passer en attendant les jours meilleurs. Parlant de la viande, il est dit ceci dans la parole de Dieu : Sourate el Baqara, V 172 . 173 «Dieu vous a seulement interdit/la bête morte, le sang, la viande de porc/et tout animal sur lequel on aura invoqué/un autre nom que celui de Dieu./ Nul péché ne sera imputé/à celui qui serait contraint d’en manger/sans pour cela être rebelle, ni transgresseur/ Dieu est celui qui pardonne, il est miséricordieux.» Plus loin à la sourate «El Maida (La Table est servie) V 87, il s’agit de savoir que Dieu a recommandé aux croyants de ne pas être les transgresseurs de nourritures qu’il leur a permises «O vous qui croyez !/ Ne déclarez pas illicites/les excellentes nourritures que Dieu vous a permises/ Ne soyez pas des transgresseurs./Dieu n’aime pas les transgresseurs. La sourate «Les Troupeaux» V 119, s’adresse à ceux qui ne mangent pas ce sur quoi le nom de Dieu a été invoqué alors que Dieu a été bien sur ce qui est interdit et ce qui ne l’est pas «Qu’avez-vous à ne pas manger/ce sur quoi le nom de Dieu a été invoqué,/alors qu’il vous a indiqué/ce qui vous était interdit/à moins que vous ne soyez contraint d’y recourir ? Toujours à la sourate «Les troupeaux» V 141, le texte divin parle d’une série d’aliments en les nommant : C’est lui qui a fait croître des jardins/en treilles ou non en treilles ;/les palmiers et les céréales comme nourritures variées,/les oliviers et les grenadiers,/semblables ou dissembles. /Mangez de leurs fruits, quand ils en produisent ;/payez- en les droits le jour de la récolte. /Ne commettez pas d’excès ; Dieu n’aime pas ceux qui commettent des excès.» Réellement, Dieu garantit à chacun des serviteurs sa part de nourriture et dès la naissance, et personne ne mourra de faim. A la sourate «Ta-ha V 81, nous lisons ceci : Mangez des excellentes nourritures/que nous vous avons accordées ;/ne vous révoltez pas,/sinon ma colère s’abattrait sur vous. Celui sur qui tombe ma colère/ a sûrement à l’abîme. C’est Dieu qui pourvoit à tous les êtres la nourriture, il crée la verdure, là où il n’y en a pas, pour nourrir les animaux. Dans la sourate «L’Araignée» V 60, ce qui est dit est là-dessus très clair : «Combien d’animaux sont incapables/d’assurer leur propre subsistance !/C’est Dieu qui pourvoit à leur nourriture et à la vôtre/ Il est celui qui entend et qui sait.»

L’apprentissage du jeûne se fait dès le plus jeune âge
A propos d’initiation des jeunes au Ramadhan, il des histoires intéressantes. Parmi les enfants, il y en a qui apprennent très tôt à faire la prière et le jeûne. Ceux que nous avons connus l’ont fait naïvement mais intentionnellement pour se mesurer aux adultes. Certains disent, il n’y a pas de raison que nous les enfants, nous ne le fassions pas. Le premier jour de Ramadhan d’un enfant est accompagné d’une cérémonie. Les parents et les enfants considèrent cela comme un grand évènement et c’en est un réellement. Pour marquer cet évènement, on achète à l’enfant tous les aliments qu’il aime : fruits, gâteaux et qui lui font plaisir.
A la campagne comme en ville, on lui procure quelques fruits qui lui donnent envie de supporter le jeûne jusqu’à l’heure du ftour. La maman qui joue le rôle principal en cette heureuse circonstance, fait son maximum pour améliorer la cuisine. Au moment du f’tour, c’est en triomphateur qu’il se met à déguster à chaque belle chose qu’on lui a préparée. Les familles qui ont les moyens font la distribution aux voisins et proches de gâteaux et d’œufs. C’est vécu comme une fête et on doit le faire aussi bien pour les garçons que pour les filles.
Boumediene Abed