Le football africain déménage ?

Le football africain s’affiche sous la bannière de la FIFA et non pas sous celle de la CAF. Que dire de cette première Coupe arabe de la FIFA. Des commentaires remplis de vérités explosent et occupent l’actualité footballistique.

L’initiateur de cette opération marketing dérangeante brandit un joli slogan que confirme d’ailleurs son président Gironni Infantino, lors de l’inauguration du tirage au sort de cet événement : «Ce sera un événement fantastique – le premier d’une longue série, la première Coupe arabe de la FIFA… Un événement pour préparer la Coupe du monde, un événement pour unir le monde arabe». «C’est un test pour le Qatar un an avant d’accueillir la Coupe du monde – pour la première fois au Moyen-Orient», a écrit l’agence officielle Qatar News Agency. Un événement pur unir le monde arabe ? Celui du football ?

Initiative FIFA
Voilà ce qui devrait, en principe, faire réagir les fédérations du monde arabe. Mais en vain. «Cette initiative donne toute l’impression d’être une formation», déclarait un ex-joueur international africain alors qu’un autre estimait qu’il «s’agirait plutôt d’une confirmation de sa main basse sur le football africain». Le silence des Confédérations qui regroupent les équipes arabes étonne plus d’un. Dans cette lancée sans barrière, rien n’interdira la FIFA de distribuer aux équipes qualifiées un guide qui leur indiquera comment se comporter lors de la prochaine Coupe du monde-2022, et c’est la FIFA qui réunit dans ce pays arabe les équipes arabes…
Et la CAF dans tout ça ? Pertinente question. Le football africain chercherait-il preneur ? L’histoire du football africain révèle d’innombrables faits qui poussent ce football à se ranger sous la bannière de l’instance internationale, tous les professionnels ne sont certes pas d’accord mais le risque d’un étouffement oblige une majorité des présidents de clubs à déclarer leur incompétence à s’auto-suffire, d’où cette main de la FIFA qui fait basse sur le football africain et arabe. Pour cela, le style, le ton et l’approche sont assurément nouveaux. Pour mieux comprendre cette Afrique du football qui change, il faut être à son écoute, essayer de garder son cap et dessiner un nouvel horizon, qui lui permettrait de défendre son image. «Cette approche peut-elle être efficace, peut-elle apporter des résultats probants, est-elle tout simplement réaliste pour inspirer l’action et les décisions de la CAF ?» Des questions qui provoquent des débats.

Quelques repères
«J’envoie 3 000 dollars à ma famille chaque mois depuis le début de la pandémie : si je ne les aide pas, qui le fera ?» Bolaji Simeon Sakin, 27 ans, attaquant au Horoya AC, club de football le plus titré en Guinée (17 fois champion du pays), n’a pas pu retourner au Nigeria, son pays natal, avant la fermeture des frontières imposée par la pandémie de Covid-19. Depuis mars, il envoie ainsi chaque mois à sa famille 60% de son salaire, versé par son club (Le Monde 4 juin 2020). Pour témoigner des nombreuses migrations des joueurs africains vers l’Europe, par exemple, «Liverpool FC, finaliste malheureux de la Ligue des champions en 2018, a présenté deux joueurs africains au coup d’envoi contre le Réal Madrid : l’Egyptien Mohamed Salah (lequel est sorti sur blessure en début de rencontre), une des stars de la saison 2017-2018 et le Sénégalais Sadio Mané, lesquels étaient présents à la Coupe du monde, mais ceux-ci n’ont pas pu hisser leur équipe en 8e de finale de la Coupe du monde».

Les meilleurs joueurs africains qui ont fait le bonheur des équipes européennes ?
France Football présente le top des 30 meilleurs joueurs africains parmi lesquels des stars algériennes. Voici quelques unes : George Weah (Liberia) , Samuel Eto’o (Cameroun), Roger Milla (Cameroun), Didier Drogba (Côte d’Ivoire), Abedi Pelé (Ghana), Rabah Madjer (Algérie), Jay-Jay Okocha (Nigeria), Mustapha Dahleb (Algérie), Salif Keita (Mali), Yaya Touré (Côte d’Ivoire), Essam el-Hadary (Egypte), Rachid Mekhloufi (Algérie), Mohamed Salah (Egypte), Nourredine Naybet (Maroc), Lakhdar Belloumi (Algérie), Tarak Dhiab (Tunisie), Seydou Keita (Mali) et Emmanuel Adebayor (Togo).

L’avis d’un expert
«Le football africain doit aujourd’hui réfléchir à l’avenir et je propose qu’un sommet sur l’avenir du football africain soit organisé en vue de l’optique de la Coupe du monde-2022 au Qatar. Un débat doit s’instaurer entre ceux qui estiment que les footballeurs africains doivent s’expatrier et ceux qui sont favorables à un moindre mouvement des joueurs africains vers l’étranger afin de développer le football ‘local’», estimait pour sa part, Michel Pautot docteur en droit, avocat au barreau de Marseille, rédacteur en chef, spécialiste du droit du sport.
H. Hichem