Amina Rouba, un modèle de réussite de la femme sportive

Aviron

Du haut de ses 35 ans, Amina Rouba, la championne algérienne d’aviron, continue d’honorer les couleurs nationales dans les épreuves internationales. Elle n’est pas prête à prendre de sitôt sa retraite.

Il y a quelques semaines, la native d’Oran, qui défend le maillot national depuis 2006, s’est à nouveau illustrée en décrochant les médailles d’argent et de bronze en 2000 m et 500 m Léger Master (LM), et ce, pour sa première participation aux championnats du monde d’aviron en salle (ergomètre) à distance. Deux distinctions venant enrichir un palmarès déjà bien fourni. Pourtant, la rameuse algérienne a failli mettre un terme à sa carrière sportive à l’issue des Jeux olympiques (JO) de 2016 à Rio de Janeiro, avant que la désignation d’Oran pour accueillir la 19e édition des Jeux méditerranéens (JM) en 2022, ne lui fasse changer d’avis. «A l’issue des JO de Rio, j’ai décidé de me reconvertir en coach. J’ai même débuté ma nouvelle expérience en prenant en main une équipe espagnole, mais dès lors qu’Oran, ma ville natale, a décroché l’organisation des prochains JM, je me suis ravisée, et j’ai décidé de poursuivre ma carrière de rameuse avec l’ambition de remporter l’or à domicile», raconte Amina Rouba à l’APS.

JM d’Oran, un rêve qui s’évapore
Mais ce souhait ne va pas être exaucé. Le Comité international des JM n’a pas retenu l’aviron parmi les 24 disciplines programmées lors du rendez-vous oranais, prévu du 25 juin au 5 juillet 2022. Une grosse déception pour la championne algérienne. «Quand j’ai appris la nouvelle, j’étais vraiment choquée. J’ai participé à plusieurs éditions des JM, dont la dernière en date en 2017 à Tarragone (Espagne), mais se produire à Oran aurait eu pour moi un goût très particulier. C’est une grosse déception pour moi et pour tous les membres de la sélection nationale, car on était bien parti pour offrir à l’Algérie plusieurs médailles dans cette discipline», regrette-t-elle. En fait, l’aviron algérien s’est de tout temps distingué sur la scène internationale. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, en dépit de l’absence à Oran d’un site dédié à cette discipline, les rameurs oranais sont souvent majoritaires en sélections nationales.
«Peut-être c’est l’une des raisons ayant conduit à éliminer l’aviron des sports programmés lors des JM. A Oran, nous ne disposons pas d’un site dédié à cette discipline. On a évoqué à un certain moment la possibilité de réaménager le barrage d’Oum Ghlaz à Oued Tlelat pour abriter les épreuves d’aviron lors des JM, mais rien de cela n’a été fait», souligne-t-elle. «A l’arrivée, nous continuons, nous les rameurs oranais, à en faire les frais. Certes, on nous ouvre le port d’Oran pour nous entraîner, mais ce site n’est pas l’idéal pour nous permettre de travailler librement», déplore encore la championne algérienne. Face à cet handicap de taille, Amina Rouba, tout comme ses coéquipiers et coéquipières au sein du club oranais d’aviron auquel elle est affiliée, axe ses entraînements sur la préparation physique.
C’est ce qui explique, du reste, sa participation à plusieurs compétitions de cross, à l’image du championnat national de semi-marathon, organisé en début d’avril à Oran, au cours duquel elle s’est permis le luxe de monter sur le podium. «Je profite des compétitions de cross et semi-marathon pour parfaire mes capacités physiques. Je cours sous le maillot du WRC Oran, un club spécialisé dans l’athlétisme. Je profite énormément de ces compétitions à chaque fois que je ne suis pas en stage avec la sélection algérienne où on nous offre de meilleurs moyens de travail», explique-t-elle.

Covid-19 et jeûne surmontés
Mais comment Amina Rouba a réussi à se maintenir dans le haut niveau en dépit de la longue période d’inactivité à laquelle a été contraint le sport algérien en raison de la propagation du Covid-19 ? «Je n’ai jamais cessé de m’entraîner. Certes, je n’avais pas droit d’accès au port, mais je n’ai pas arrêté de travailler ma forme physique, aussi bien à la maison qu’en dehors. On faisait aussi du vélo en parcourant des dizaines de kilomètres. Tout cela m’a permis de maintenir ma forme», se réjouit-elle. Et les restrictions imposées dans le cadre de la lutte contre le Covid-19 n’ont pas dissuadé Amina Rouba à travailler dur. Même le jeûne ne l’empêche pas aussi de rester active.
Un programme «spécial Ramadhan» est d’ailleurs concocté par la sportive chaque année pour parvenir à concilier ce mois sacré avec ses activités sportives. L’expérience lui a montré d’ailleurs que l’exercice des activités physiques avant la rupture du jeûne donne de meilleurs résultats comparativement à l’entraînement du soir. «Je tâche toujours à m’entraîner avant deux heures au moins de la rupture du jeûne pour avoir la possibilité de vite récupérer des efforts consentis en m’hydratant», souligne-t-elle. Une manière de faire à méditer par les jeunes sportifs, même si la championne algérienne ne rechigne pas à l’effort, en «maintenant l’endurance dans le travail, tout en réduisant la durée de la séance».
R. S.