La vie de l’entraîneur dans un club ? Pas simple du tout

Dans le musée des réclamations de toute nature s’entassent celles de l’arbitrage qui a gagné la palme de la critique, puis arrive celle de la valse des entraîneurs qui déstabilise le club, le mental des joueurs et provoque les supporters. Cela ressemble à ce traitement que l’on administre à un patient. A chaque fièvre, un médecin est appelé à son chevet pour faire chuter la fièvre.

Une gestion, qualifiée d’«approximative» par les observateurs, de responsables de certaines formations qui paniquent au moindre faux pas et cèdent au final à la pression de la rue pour sacrifier l’entraîneur, toujours sur un siège éjectable. Le mal grandit et la fissure de l’image du football national continue sa chute (le cas de l’équipe nationale, avant Belmadi, est un autre feuilleton sur lequel nous reviendrons). Ne pas s’intéresser à cela, ce n’est pas comprendre le football ou de le voir autrement.
C’est sortir de soi pour aller à la recherche d’un motif qui puisse vous convaincre. Mais faut-il y aller surtout avec l’espoir d’être compris ? «La mauvaise vieille habitude des responsables des clubs de la Ligue 1 de football, en quête de résultats immédiats aux dépens de la stabilité de l’encadrement technique» persiste toujours. Ainsi va ce sport qui accompagne les entraîneurs jusqu’à la porte de sortie de la direction de leur employeur. Ils partent aussi vite qu’ils arrivent. Finalement, ils n’ont rien compris au code. «Avoir une relation avec des arbitres et jamais perdre, à la limite, deux défaites».

Seuls contre tous
Dix entraîneurs avaient quitté au terme de la septième journée leur poste, de leur propre gré ou limogés, pour diverses raisons. Les motifs incalculables sont déversés, voire même semés durant toutes les saisons, et ce, pour permettre aux clubs de récolter ce qu’ils ont semé, croyant que la réussite passe par le changement d’entraîneur. Dans le monde sportif, on retiendra que la mutation accélérée du monde du football a affecté le métier d’entraîneur. L’écart toujours plus grand des moyens, des budgets et des salaires a créé un schisme. «Dans une entreprise, vous gérez des compétences alors que dans le football vous gérez des talents». A haut niveau, la gestion d’une équipe de football est d’abord une affaire de management avant d’être une question de football. «Et si les entraîneurs des grands clubs sont aujourd’hui entourés d’une batterie d’assistants et de spécialistes, et si certains, et non des moindres, ne dirigent que rarement les entraînements proprement dits, ils demeurent seuls face à la presse et au groupe».

Ceux qui ont voyagé d’un club à l’autre
«Les derniers techniciens en date à quitter leurs clubs respectifs sont Moez Bouakaz (US Biskra) et Aziz Abbès (WA Tlemcen), victimes des défaites concédées le week-end dernier en déplacement, respectivement face au RC Relizane (2-0) et à l’Olympique Médéa (2-1)». L’entraîneur du CA Bordj Bou Arréridj, Dziri Billel, a décidé de jeter l’éponge, au terme de la lourde défaite concédée à domicile dans le derby des Hauts-Plateaux face au leader ES Sétif (1-5). Dzir rejoindra ensuite le NAHD avant de quitter ce club voilà 48h pour laisser place à Bouzidi avant que ce dernier ne change d’avis. La JS Kabylie et l’USM Alger consomment deux entraîneurs en l’espace de 7 journées seulement.
La JSK, après le Tunisien Yamen Zelfani, Youcef Bouzidi prend place, réalise une performance en alignant cinq matches sans défaite, avant d’être remercié sans raison apparente, pour laisser place au Français Denis Lavagne qui encaisse sa première défaite à Tizi-Ouzou face à l’USMA (1-2) qui écarte deux techniciens. «Le premier François Ciccolini, limogé pour avoir boycotté la cérémonie protocolaire post-Supercoupe d’Algérie perdue face au CR Belouizdad (1-2), le second son ancien entraîneur-adjoint, Benaraïbi Bouziane, vite remplacé par l’ancien entraîneur de l’équipe, Thierry Froger». Dans ces équipes peuplées de footballeurs qui ont tant gagné, les joueurs observent beaucoup l’entraîneur. «Ce sont les premiers à te juger. Je sais qu’ils m’ont à l’œil. Je ne m’occupe pas vraiment de l’extérieur, mais de l’intérieur. Ce qui m’importe, c’est d’être crédible face aux joueurs.

Les impressions des autres
Que pour eux, je sois un professeur, qui leur enseigne des choses». «L’entraîneur est aujourd’hui le métier le plus difficile dans le sport, les joueurs gagnent beaucoup d’argent, posent des questions. Le vestiaire de Chelsea ou du Real, c’est 22 millionnaires devant vous et vous devez être hyper attentif, vigilant, précis, parce que vous pouvez perdre votre autorité à chaque instant. Il faut pourtant être capable d’exiger un rendement». Un métier de rêve. Ils se plaignent rarement de leurs conditions de travail même si leur passion est souvent profonde.
H. Hichem