Résoudront-elles le divorce Etat-citoyens et la crise économique et sociale ?

Elections législatives du 12 juin 2021

Comment ne pas rappeler qu’entre 1980/2014, j’ai eu l’honneur de coordonner plusieurs ouvrages pluridisciplinaires, ayant abordé les réformes politiques, sociales et économiques, fruit d’un travail collectif à la rédaction desquels ont contribué des collègues spécialistes en anthropologie, en économie et en sciences politiques des experts universités étrangères, de Constantine, Annaba Béjaia, Tizi-Ouzou, d’Oran et d’Alger. Ces travaux sont aujourd’hui d’une brûlante actualité et qui s’inscrit en partie dans la tradition déjà bien établie des travaux de transitologie traitant des expériences des réformes structurelles des pays du Tiers Monde et de l’ex-bloc socialiste, analysant les différentes politiques élaborées et exécutées en guise de réponses aux grands défis internes et mondiaux.

Dans ce contexte, j’ai jugé, utile d’analyser les résultats des élections législatives de mai 2017 et de la nouvelle Constitution de 2020 pour se faire une idée sur les rapports Etat-citoyens en référence au taux de participation. La campagne électorale pour les élections législatives est prévue pour le 20 mai et les élections pour le 12 juin 2021, ne devant pas confondre élections législatives qui sont un mandat national où les candidats doivent soumettre leurs propositions du redressement national tant sur le plan international, au niveau interne, politique, social, économique et culturel avec les élections locales qui portent sur des projets de proximité au niveau des APC et wilayas. Aussi, les grandes questions posées par les observateurs nationaux et internationaux impartiaux , soucieux de l’avenir de l’Algérie est la suivante. Quel sera le taux de participation bien que la Constitution ne prévoit pas pour la validation un taux plancher pour son annulation. Mais le taux de participation sera un indice de la crédibilité tant interne des institutions que de la crédibilité internationale de l’Algérie. Sans oublier les tensions géostratégiques au niveau de la région, la nouvelle composante résoudra- t- elle la crise politique et surtout économique avec de vives tensions budgétaires entre 2021/2022, avec des incidences sociales et sécuritaires, l’Algérie étant une économie fondamentalement rentière, les recettes de Sonatrach représentant avec les dérivées, 97/98% des entrées de devises pour 2020/2021.

1.- Les résultats des élections législatives du 04 mai 2017 et du référendum portant révision constitutionnelle du 01 novembre 2020

Selon les données du Ministère de l’Intérieur, qui ne diffèrent pas fondamentalement des résultats définitifs du conseil constitutionnel, l’élection du 04 mai 2017 a vu 8 528 355 votants sur 23 251 503 inscrits et les candidatures, 938 listes dont 116 pour les partis politiques. 125 pour les alliances et 97 pour les indépendants avec 32,31% de femmes comme candidats. Le taux de participation global au niveau national et au sein de la communauté nationale à l’étranger s’est établi à 37,09%. Les bulletins nuls qui se sont établis à 2.098.324, représentent 24,60% rapportés sur le nombre de votants. Par rapport aux inscrits, nous avons le taux de 9,02% donc 28,07% qui ont voté pour les partis ou indépendants, donnant 71,93% des inscrits qui ne font pas confiance à la classe politique contre 64,70% en 2012. Nous avons respectivement par wilaya entre les inscrits et le taux d’participation : Adrar 52,10%, Chlef 28,66% Laghouat 53,48% Oum El Bouaghi 30,24% Batna 46,27% Bejaïa 18,47% Biskra 41,44% Béchar 41,62% Blida 43,01% Bouira 26,46% Tamanrasset 57,04% Tébessa 40,17% Tlemcen 42,85% -Tiaret 42,22% Tizi-Ouzou 17,40% Alger 28,27% Djelfa 42,17% Jijel 31,10% Sétif 34,22% Saïda 42,07% Skikda 37,72% Sidi Bel-Abbès 42,02% Annaba 35,39% Guelma 38,18% Constantine 26,14% Médéa 44,66% Mostaganem 57,50% M’sila 43,01% Mascara 48,89% Ouargla 38,61% Oran 45,64% El Bayadh 50,54% Illizi 65,06% Bordj Bou-Arréridj 41,78%Boumerdès 27,58% El Tarf 43,26%Tindouf 62,73% Tissemsilt 82,12% El Oued 44,04% Khenchela 47,20% Souk Ahras 37,88% Tipasa 35,39% Mila 29,36% Aïn Defla 34,56% Naâma 47,17% Aïn Temouchent 45,90% Ghardaïa 45,15% Relizane 41,68%. Pour le territoire national sur inscrits 22.296.037 le taux a été de 38,25%.

En prenant en compte l’émigration par zones, Zone, 6,76% Zone 2, 12,57% Zone 3, 25,54% Zone 4, 8,88%, pour 955.466 inscrits, le sous total a été de 10,03% et le total général sur 23.251.503 inscrits, le taux a été de 37,09%. Au niveau national, les résultats ont été les suivants pour le nombre de sièges obtenus : FLN : 164; RND :97 ; Alliance HMS :33 ; TAJ :19; Les indépendants :28 ; Nahda-Adale-Bina :15 ; MPA :13 ; Front El Mousakbal :14 : FFS : 14 ; Le Parti des Travailleurs 11 ; RCD : 9 ; ANR :8 ; Mouvzement de l’Entente Nationale 4 ; PLJ : 2 ; Parti El Karama :3 ; Parti de la Jeunesse 2 ; Ahd 54 :2 ; RNR :2 ; Mouvement Infitah :2 ; Front du Militantisme National :2 ; FDL:2 ; PNSD :2 ; FNA : et pour les autres partis dont Fadjr Djadid, El Islah, Alliane Takatoul El Fath, FNJS, UFDS, Front National des Libertés, PRA, L’Alliance pour la Rassemblement National, L’Alliance Nationale pour le Développement, le Mouvement National des Travailleurs Algériens et le Mouvement des Citoyens libres chacun 1siège. Le FLN par rapport au nombre de siège représente 35,50%, le RND 20%, l’Alliance MSP 7,14%, TAJ 4,11%, Alliance Nahda-Adala/Bina 3,25%, le FFS 3,03%, Le Front Mustaqbal 3,03%, le MPA, 2,81%, le Parti des Travailleurs 2,38%, le RCD 1,95%, l’ANR 1,73% et les indépendants 6,06%. Par rapport au nombre d’inscrits le taux baisse sensiblement pour chacun des Partis reflété par le taux de participation:

Alger, 28,27%, Chleff avec 28,66%, Oum Bouaghi 30,24%, Bejaia 18,47%, Bouira 28,27%, Jijel 31,10%, Setif, 34,22%, Sikda, 37,72%, Annaba 35,39%, Constantine 26,14%, Boumerdes, 27,58%, Mila 29,36% et Ain Defla 34,56%. Les taux ayant dépassé les 50% ont été à Adrar, 52,10%, Laghouat 53,48%, Tamanrasset 57,04%, Mostaganem 57,50%, El Bayad 50,54%, Illizi 65,06% Tissemsilt 82,12%, et Tindouf, 62,73%. Pour la foruchette supérieure à 45% nous avons Mascara 48,89%, Oran 45,64%,( dont le FLN a obtenu 15 sièges sur 18), Khenchela 47,20% Naâma 47,17%, Ain Témouchent 45,15% et Batna 46,27%.. Quant aux résultats de l’élection présidentielle et du référendum sur la révision constitutionnelle, il faut le reconnaitre, le taux de participation a été mitigé.Les résultats obtenus de l’élection présidentielle du 12 décembre 2020 publiés dans le journal officiel donnent pour un nombre d’électeurs inscrits sur le territoire nation : Nombre total d’électeurs inscrits : 24.464.161 -Electeurs votants sur le territoire national : 9.675.515 -Nombre total d’électeurs votants : 9.755.340 -Taux de participation sur le territoire national : 41.07% -Taux global de participation : 39.88% -Bulletins nuls :

1.244.925 -Suffrages exprimés : 8.510.415 – M.Tebboune Abdelmadjid : 4.947.523 soit 58.13% par rapport aux votants et 20,41 % par rapport aux inscrits. Selon les résultats dévoilés par l’ANIE, le taux de participation au référendum du 01 novembre 2020 a atteint 23,72%, le vote pour le «Oui» ayant recueilli 66,80% des voix contre 33,20 des voix pour le Non. Le nombre des votants s’élève à 5.636.172, dont 45.071 inscrits résidents à l’étranger sur un total d’électeurs de 24.475.310 inscrits sur les listes électorales. Le nombre de votants par «Oui» s’élève à 3.355.518 électeurs donnant un taux de 13,71%. Bien que le référendum pour la révision de la constitution du 1er novembre 2020 s’est tenu dans un contexte national et international défavorables : maladie du président de la République, dossier de corruption des anciens responsables créant une névrose collective et une crise de confiance, épidémie du coronavirus et faiblesse du système de communication non adapté au nouveau monde. Cela démontre une fois encore le manque de confiance des citoyens, et donc la nécessité d’un aggiornamento politique d’envergure, un impératif qui vaut aussi au plan économique, si l’on veut éviter à l’Algérie de retomber à court terme sous les fourches caudines du FMI.

2.-Les défis de l’Algérie 2021/2030 : réussir la transition économique et politique en conciliant démocratie et développement

Face à cette situation, le discrédit qui frappe le système partisan et certains segments de la société civile et présentant pour la majorité d’entre eux la spécificité d’être liés à des intérêts de rente, n’est pas spécifique à l’Algérie, car la révolution mondiale des systèmes de communications produit partout l’émergence de nouveaux comportements, ce qui implique une recomposition politique et économique en faveur des réformes. Il s’agit donc d’introduire d’avantage de rigueur dans la procédure relative à la création des partis, sans pour cela verser dans l’excès qu’induit inévitablement toute approche bureaucratique de la chose politique. Il est sans doute utile, voire nécessaire, de s’intéresser à la représentativité des partis avant de décider de leur avenir. En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d’acteurs qui s’y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché.

Quant à la société civile, atomisée ,traversée par différents courants idéologiques, force est de constater qu’elle est impotente. La confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l’élaboration d’une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. Alors que l’implication de la société civile dans les affaires de la cité, dont la vocation n’est aps de faire de la politique, mais de coller avec la réalité sociale des préoccupations des citoyens, est un acte éminemment civilisationnel, qui intègre les changements d’une société en pleine mutation. L’action de la société civile n’a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et si les associations qui le composent ne sont pas au service d’ambitions personnelles inavouables, et parfois douteuses. Ce constat est le résultat d’un long processus historique où pour l’Algérie, la gestion volontariste depuis l’indépendance, les enjeux de pouvoir internes, la crise économique, sociale et culturelle, et enfin les contraintes externes de plus en plus pesantes ont révélé une réalité bien amère :

L’absence dramatique d’une véritable stratégie nationale d’adaptation face aux nouvelles mutations mondiales marquée par la transition numérique et énergétique avec de nouvelles recompositions du pouvoir politique, militaire et économique mondial façonnées par les nouvelles technologies (intelligence artificielle, cyber-attaques)… La conjonction de facteurs endogènes et exogènes et l’intervention massive –parfois directe et par moment insidieuse – d’acteurs internes et externes a abouti à une transition qui se traîne en longueur depuis des décennies. Les exigences d’un État fort de sa droiture et de son droit, si elles constituent un outil vital pour la cohésion nationale et le destin de la nation, ne doivent pas occulter les besoins d’autonomie de pouvoirs locaux qui doivent être restructurés en fonction de leur histoire anthropologique et non en fonction des nécessités électoralistes ou clientélistes. La cohésion de ces espaces et leur implication dans la gestion de leurs intérêts et de leurs territorialités respectives enclencherait alors une dynamique de complétions positives et rendrait la maîtrise des groupes plus facile pour la centralité politique nationale.

(A suivre)

Pr des universités Expert international Dr Abderrahmane Mebtoul