Une classe politique rénovée

Législatives du 12 juin

En l’absence des partis dits «démocrates», la nouvelle classe politique, composée majoritairement de jeunes, qui a émergé à la faveur du Hirak populaire, fait son apparition à l’occasion de la campagne électorale en vue des législatives du 12 juin.

Les anciens partis dits «démocrates», comme le FFS, que l’on présente comme le plus vieux parti d’opposition, ainsi que le RCD et le PT, créés respectivement en 1989 et en 1990, sont en effet hors-course dans cette compétition électorale. De nouveaux visages se font connaître sur les panneaux d’affichage, à la télévision et sur les réseaux sociaux, il s’agit des candidats de partis nouvellement créés, ou déjà en place, et également une masse d’indépendants qui n’ont jamais brigué le poste de député. Les Algériens qui suivent la campagne électorale ont sans doute été agréablement surpris par ce rajeunissement des photos de candidats qui fait oublier les têtes, notamment les chefs de partis, qui étaient en permanence sur les listes dans toutes les élections législatives depuis plusieurs législatures.
Est-ce la crainte d’affronter ces «nouveaux venus» qui a poussé les partis dits «démocrates» à refuser de se soumettre au verdict des urnes? Pour ce qui est du Parti des Travailleurs (PT), c’est le 15 mars, qu’il a annoncé par la voix de sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, qu’il ne participera pas aux élections législatives, sur décision- «stratégique» et «non tactique», a-t-elle précisé, prise par le Comité central du parti. On sait que la secrétaire générale du PT, à ce poste depuis 2003 après avoir été la porte-parole depuis 1990, et qui a fait partie de l’Assemblée populaire nationale (APN) élue en mai 2017, s’est heurtée dernièrement à une tentative de dissidence visant à la démettre de son poste à la tête du PT. De son côté, c’est peu de jours après le PT, le 20 mars, que le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a annoncé lui aussi, la décision de son Conseil national de ne pas prendre part aux élections législatives du 12 juin. Idem pour le Mouvement démocratique et social (MDS) qui allait pourtant participer à l’élection présidentielle d’avril 2019 dans laquelle Abdelaziz Bouteflika pensait briguer un 5ème mandat.
En fait, le RCD et le MDS se limitent de plus en plus à des appareils politiques quasiment sans ancrage social réel, qui misent sur le hirak 2ème version alimenté par les islamistes auxquels ces deux partis dits «démocrates» sont contraints de s’allier. La démarche du Front des forces socialistes (FFS) est différente. Ce parti s’est clairement prononcé contre les tentatives de discréditer les institutions. Son refus de participer aux élections législatives du 12 juin n’était pas évident. C’est le 3 avril, après deux jours de débats, que le Conseil national du FFS, réuni en session extraordinaire, a décidé de ne pas participer aux législatives du 12 juin. Le FFS a avancé comme argument que «les conditions des élections législatives ne sont pas réunies» actuellement. Les observateurs avaient noté qu’une aile très influente au sein du FFS avait tout fait pour que ce parti aille aux élections. Elle a été accusée de rouler pour une feuille de route reçue du pouvoir.
Avant cette décision, le membre de l’Instance présidentielle du FFS, Hakim Belahcel, avait déclaré que la décision que devra prendre le Conseil national sur la position du parti des élections législatives du 12 juin prochain doit être «un acte politique patriotique et responsable visant à préserver l’Etat national et l’unité du pays». Quelques semaines avant, le Premier secrétaire national du FFS, Youcef Aouchiche, avait affirmé dans une déclaration, à l’issue de l’audience accordée par le Président Abdelmadjid Tebboune, que sa formation politique était profondément convaincue que seul un dialogue politique «sérieux, responsable et transparent» était à même de «renforcer le front interne» aux fins de mettre en échec toute tentative, externe ou interne, susceptible d’attenter à la souveraineté nationale du pays et à l’unité du peuple. Quoiqu’il en soit, l’absence des partis dits «démocrates» n’a pas empêché le processus électoral de suivre son cours, comme en témoigne la campagne électorale qui se distingue par un vent de rénovation de la classe politique occupée par des jeunes et des femmes qui font leurs premiers pas dans une compétition électorale, sur la base de programmes qui prennent en compte les préoccupations essentielles du peuple algérien.
Lakhdar A.