Alger soutient «la formation rapide du gouvernement de transition»

Session ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) sur le Mali

Trois mois après avoir participé à la réunion du Comité de suivi de l’Accord de Paix et de Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger (CSA), tenue à Kidal (Mali), et la rencontre du Groupe de soutien à la transition tenue à Lomé (Togo), notre ministre des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum préside la session ministérielle du Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), consacrée à l’examen de la situation au Mali.

Cette réunion intervient au lendemain de l’annonce par le chef de l’Exécutif malien, Moctar Ouane, reconduit récemment par le président de la transition, Bah N’Daw, de la clôture des consultations pour la formation du nouveau Cabinet, après la démission de son gouvernement, la semaine dernière. Il a été chargé, depuis le 14 mai, de former un gouvernement consensuel et sommer de surmonter vite les divisions politiques et ethniques, et ce, en sus de la mise en œuvre du Plan d’action et la feuille de route du gouvernement, adoptée par le Conseil National de la Transition (CNT). A mi-parcours de la période de transition censée durer 18 mois, la situation politique et sociale dans le pays reste tendue. Le retour des mouvements de protestations et la hausse des tensions politiques et sociales menacent la mise en œuvre de l’Accord de paix et la formation d’un gouvernement d’une «large ouverture».
Ainsi retarder l’organisation des élections, prévues avant la fin de la période de transition. En effet, et à quelques mois de l’échéance électorale, le Mali se retrouve à nouveau dans l’impasse tout-militaire et la contestation sociale qui menace l’entrée en application du processus de paix d’Alger, considéré comme l’unique sortie de crise pour les Maliens, et d’empêcher la constitution du Gouvernement de Moctar Ouane 2. Ce dernier devra, dans un délai restreint, mener des réformes institutionnelles et organiser un référendum constitutionnel, d’élections législatives, présidentielles et locales. Difficile de défier toutes ces circonstances et d’arriver à un consensus autour des réformes envisagées et l’organisation, en parallèle, des élections tout en œuvrant à l’application de l’Accord de Paix et de réconciliation national issu du processus d’Alger. Toutefois, huit mois après la désignation du président de la transition qui a redonné une lueur d’espoir aux Maliens, les tensions reprennent, aggravées par la crise sanitaire du Covid-19 qui menace la santé et la vie du peuple de ce pays meurtri par de nombreuses crises politiques et sociales.
Gagner par la peur du déclin et le pessimisme suite à l’échec de son armée et de l’opération Barkhane, les Maliens plongent dans l’incertitude et l’inconnu. De son côté, la Communauté internationale tente de résoudre, vainement cette crise depuis des années, à travers le soutien de la période de transition et de la mise en œuvre du processus de paix et de réconciliation au Mali. Face à cette impasse, le Conseil de sécurité de l’ONU durcit le ton et menace de «sanctions ceux et celles qui mettraient à mal le processus». Un an après le renversement de l’ex-Président Boubacar Keita, le Mali plonge dans une crise sociale et sanitaire désastreuse. L’instauration de la paix dans ce pays devient une urgence. C’est du moins l’objectif depuis des années. L’Algérie a toujours exprimé son soutien total à l’organisation des élections et le lancement des réformes institutionnelles afin d’avoir une certaine visibilité sur la mise en œuvre effective de l’Accord de paix. Les évènements se succèdent, sans grand changement.
Quelques jours avant la tenue de la session ministérielle du CPS, le Premier ministre, Moctar Ouane, s’est entretenu avec le président de la transition sur «le front social et les démarches en vue de la formation du futur gouvernement» et sur la participation du mouvement du «5 juin», appelé «le M5-RFP» qui a participé au coup d’Etat contre Ibrahim Boubacar Keita (IBK). Ce mouvement s’oppose à la transition. Tous ces évènements et développements ont été évalués et examiné lors de la session ministérielle CPS qui tente de dépasser ces crispations politiques et œuvrer, sans délai, à l’application de l’Accord de paix pour sécuriser et protéger le pays, notamment du terrorisme. Un enjeu majeur pour l’Algérie qui a toujours «affiché sa pleine disponibilité à accompagner les autorités maliennes pour réussir le processus de transition en cours» tout en participant dans le cadre du groupe de soutien à la transition au Mali, créé par le CPS, «à coordonner le soutien international à ce processus».
Samira Takharboucht